Les parts de marché des prêteurs virtuels demeurent marginales au Québec, mais il est à prévoir qu'un plus grand nombre d'emprunteurs vont se tourner vers cette option au cours des prochaines années, estime Simon Lupien, courtier hypothécaire et dirigeant d'agence chez Hypotheca.

«C'est une tendance lourde, précise-t-il. On voit des changements de comportement chez nos clients, principalement les premiers acheteurs, plus jeunes, qui sont à l'aise avec les achats en ligne.»

Même son de cloche chez Multi-Prêts. «Ça augmente d'année en année dans ce marché spécialisé, dit son directeur Denis Doucet. Ce sont davantage les plus jeunes, habitués de naviguer sur internet, qui deviennent les clients de ces prêteurs.»

Les deux courtiers évaluent entre 10 et 13 % la part de marché de ces prêteurs virtuels au Québec.

Des «campagnes de peur»

Simon Lupien ne cache pas, néanmoins, que ses clients sont «quelque peu craintifs» au début. «Mais ils nous disent rapidement que l'expérience client est très bonne, même parfois meilleure que dans les banques», relève-t-il.

Il constate toutefois que les banques peuvent mener «des campagnes de peur» pour décourager leurs clients d'aller magasiner leur hypothèque ailleurs.

«Les banques vont alors leur dire que c'est dangereux et jouer la carte sensible de la fidélité», évoque-t-il.

Denis Doucet, de son côté, ne voit pas de différence entre «transiger avec un prêteur virtuel et une banque». «C'est la même chose que demander un prêt à la Banque Royale ou toute autre banque», dit-il.

Il ajoute: «Ces prêteurs sont régis par la Loi des banques, ils sont aussi fiables que les banques.»

«Avec les prêteurs virtuels, ça se passe par téléphone ou via internet. Il faut changer ses habitudes. Il faut comprendre qu'on s'est habitué, par le passé, à ce que le prêteur soit au coin de la rue», explique Simon Lupien, courtier hypothécaire.

Le courtier Pierre Roberge, de Performance Hypothécaire, est du même avis. Il ne voit pas comme un obstacle le fait que les prêteurs virtuels n'aient pas de succursales. «De toute façon, fait-il valoir, ils ne sont pas les seuls, même les banques sont presque devenues virtuelles; elles accordent moins d'importance à leurs places d'affaires.»

Il observe en outre que ses clients sont «de plus en plus branchés» et que, conséquemment, ils sont «de moins en moins inquiets» face à ces prêteurs.

La prudence

Prêteurs virtuels, prêteurs privés, banques traditionnelles, compagnies d'assurances qui font des prêts hypothécaires, peu importe à quelle porte on cogne ou sur quel site internet on «magasine» son prêt pour sa maison, une règle de base s'impose, insiste de son côté Sylvie de Bellefeuille, d'Option consommateurs. «Il faut être très prudent, soumet-elle. Il faut lire les contrats, même si c'est écrit dans un jargon difficile à décoder. Il est important de se demander si l'institution qui nous prête a fait l'objet de plaintes, si c'est une entreprise reconnue et crédible.»

«Je ne dis pas que le prêteur est de mauvaise foi s'il est moins connu, précise-t-elle. Je dis seulement qu'il faut être certain d'embarquer dans le bon bateau parce qu'un prêt, ça reste une dette, même si on dit que c'est une bonne dette.»

Qui sont les prêteurs virtuels?

Le marché du prêt hypothécaire reste dominé par les grandes institutions financières. Au Québec, trois gros prêteurs virtuels proposent leurs services - et du financement -  aux acheteurs de maison.

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