Depuis l'été dernier, le taux directeur de la Banque du Canada (BdC) est passé de 0,50 % à 1,25 %. Et si les prévisions des économistes s'avèrent justes, il sera à 2,25 % à la fin de l'été 2019. Pourquoi pensent-ils ainsi? Et les taux hypothécaires vont-ils augmenter autant? Si oui, comment peut-on se protéger contre ces hausses? Des experts nous aident à y voir plus clair.

Prochaine hausse en juillet

C'est la tenue de l'économie canadienne qui dicte les gestes de la Banque du Canada. Comme la croissance économique canadienne a été plus lente que prévu au premier trimestre, la BdC a opté en avril pour le statu quo et a maintenu son taux directeur à 1,25 %. Mais il ne faut pas s'y fier, car elle s'attend déjà à ce que l'économie se raffermisse dès le deuxième trimestre. «Dès qu'elle aura la confirmation de ce rebond, elle haussera à nouveau son taux directeur», explique Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins. Cela se produira probablement à sa réunion de juillet, selon lui.

Plusieurs hausses à venir

Comme l'économie canadienne a été plus chétive au premier trimestre, la BdC a légèrement révisé à la baisse sa prévision concernant la croissance du produit intérieur brut (PIB) réel en 2018, soit de 2,2 % à 2,0 %. Mais elle demeure confiante pour la suite, si bien qu'elle revoit nettement à la hausse sa prévision de croissance économique pour 2019, soit de 1,6 % à 2,1 %, indique Paul-André Pinsonnault, économiste principal chez Financière Banque Nationale. Par conséquent, le conseil de direction de la Banque du Canada dit que des taux d'intérêt plus élevés seront justifiés avec le temps, note l'économiste. Il faut prévoir deux hausses de taux en 2018 et deux autres en 2019, selon lui.

Les taux hypothécaires suivront

Le taux hypothécaire pour le terme le plus populaire de 5 ans se situait autour de 2,4 % l'été dernier alors que le taux directeur de la BdC était de 0,50 %. Maintenant qu'il se situe à 1,25 %, le taux hypothécaire touche 3,20 %, note Louis-François Éthier, directeur des produits hypothécaires à la Banque Nationale. «Et si le conseil de direction de la Banque du Canada augmente encore de 1 % d'ici à la fin de l'été 2019, les taux hypothécaires suivront la tendance», dit-il. «Pour une hypothèque de 250 000 $ ayant un terme de 25 ans, une hausse de 1 % du taux [par exemple de 2,6 % à 3,6 %] entraîne une augmentation des versements mensuels de 129 $ [de 1132 $ à 1261 $]», estime M. Éthier.

Que peut-on faire?

Si vous prévoyez faire l'acquisition d'une propriété au cours des six prochains mois, une façon de vous protéger serait de demander à votre banque une préautorisation de prêt pour un achat éventuel. Cela vous permet de geler un taux pour cette période de temps. Si vous avez déjà un prêt hypothécaire, vous pouvez toujours tenter de renégocier les conditions avec votre prêteur. La pertinence de le faire dépendra du taux d'intérêt et du temps qu'il reste à courir sur votre hypothèque, explique Louis-François Éthier. Par exemple, s'il reste deux ans et que votre taux est relativement bas, il est probable que vous auriez avantage à ne rien changer, selon lui.

Taux fixe ou variable

Il peut sembler évident pour plusieurs d'opter pour un taux fixe pour cinq ans si l'on prévoit que les taux d'intérêt vont monter. Mais attention, car il y a certains facteurs à considérer. D'abord, combien de temps allez-vous garder la propriété? Des pénalités peuvent parfois s'appliquer si vous devez vous libérer de ce prêt avant l'échéance, indique Louis-François Éthier. Le choix du terme dépend beaucoup également de votre tolérance au risque de voir les paiements augmenter. «Il y a des gains à réaliser sur un prêt hypothécaire à taux variable, car le taux d'intérêt est plus bas. Mais il n'est pas recommandé pour les emprunteurs qui ne sont pas prêts à voir leurs mensualités possiblement augmenter chaque année», dit le banquier.