Il aura fallu une vingtaine de visites de propriétés avant que Marie-Frédérique Julien et son conjoint Rafael Badillo Gomez arrêtent leur choix  sur la maison qui répondait  à leurs attentes. Ils avaient établi des critères précis auxquels ils n'ont pas dérogé. Témoignage et conseils pour premiers acheteurs.

Savoir choisir la bonne maison

Acheter une première maison est une décision importante... et stressante. Pour y arriver sans trop de mauvaises surprises, il y a souvent une marche à suivre. Voici celle du couple Julien-Badillo Gomez.

On avait nos critères et on avait défini notre budget avant d'amorcer nos recherches, expliquent Marie-Frédérique Julien, 32 ans, et son conjoint Rafael Badillo Gomez, 34 ans, deux nouveaux propriétaires qui sont aussi les parents du petit Lucas, qui aura bientôt 2 ans.

Au terme de recherches sur les sites internet qui se sont échelonnées sur plus de deux mois, le couple a fait une offre d'achat sur une maison en rangée gérée selon la formule de la copropriété, dans l'arrondissement de Verdun. Prix payé: 370 000 $, avec une mise de fonds de 30 000 $.

«J'avoue que c'est stressant de contracter un emprunt hypothécaire, surtout quand c'est notre première expérience, soulève Marie-Frédérique Julien. C'est beaucoup d'argent, l'achat d'une maison, mais on s'est dit que c'était un investissement à long terme!»

«Nous avions envisagé d'acheter sur la Rive-Sud, pour trouver une maison plus grande, à un prix équivalent, mais puisque nous travaillons tous deux au centre-ville, nous avons convenu qu'il était préférable d'habiter dans l'île de Montréal, près d'une station de métro», explique Marie-Frédérique Julien.

Trouver la «perle rare» n'a pas été chose facile, cependant. Dans un marché de vendeurs, les deux nouveaux propriétaires ont réalisé que leur marge de négociation était plus mince, et qu'ils avaient tout avantage à bien définir leurs critères (le quartier où ils souhaitaient s'installer, dans une maison ou dans un condo, etc.).

«Des vendeurs demandaient parfois des prix beaucoup trop élevés pour des maisons qui avaient visiblement manqué d'amour», évoque après coup Rafael, gestionnaire chez Telus. «On était prêts à payer pour une maison en bon état, mais dans bien des cas, ça ne valait pas le prix demandé, bien au contraire», ajoute Marie-Frédérique, avocate à la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).

Ce que confirme leur courtier immobilier chez Via Capitale, Jean-Marc Léger, qui les a «accompagnés» pendant toute la durée de leurs recherches. «Je leur ai dit: "Quand vous allez tomber sur la bonne maison, vous allez tout de suite le sentir!"» Il ajoute: «Il faut éviter de tomber trop vite en amour, surtout quand on est premier acheteur.»

Les coûts d'installation

Dans deux semaines, le couple Julien-Badillo Gomez emménagera dans sa nouvelle maison. «On est fébriles, admettent-ils. On a réglé plein de détails importants. On a trouvé la garderie pour notre petit Lucas, on est passés chez le notaire et on a fait inspecter la maison.» L'inspecteur en bâtiment leur a dit que c'était «un bon achat».

Pour s'installer confortablement dans cette maison en rangée, les heureux propriétaires prévoient débourser 10 000 $, en tenant compte des droits de mutation - la «taxe de bienvenue» exigée par l'arrondissement -, des frais de déménagement, de l'achat de meubles, du décapage des planchers de bois et de l'achat de peinture pour redonner de la couleur et de la personnalité à la maison.

Un achat coup de coeur ou un achat raisonné, l'acquisition de cette première maison? «On peut parler d'un choix réfléchi», répond le couple, spontanément.

Marie-Frédérique et Rafael ont d'ailleurs visité la maison à trois reprises avant de rédiger l'offre d'achat, qui a fait l'objet d'une contre-offre, avant que vendeurs et acheteurs s'entendent sur un prix définitif.

«On y est allés le jour, le soir, l'après-midi. On voulait voir comment la lumière du jour pénétrait dans la maison à chaque moment de la journée. On voulait aussi s'assurer que le voisinage nous plaisait», indique Marie-Frédérique Julien.

«On n'avait jamais mis les pieds à Verdun. C'est une découverte. Il nous faudra nous habituer à prononcer le nom de la rue!», blaguent-ils. Marie-Frédérique se réjouit, par ailleurs, d'aller vivre dans une maison où son quotidien sera simplifié. «On habite un logement situé au deuxième étage, sur le Plateau Mont-Royal, dit-elle. Ce n'est pas évident de monter les escaliers avec la poussette et les bras chargés!»

Il est déjà prévu que les familles des nouveaux propriétaires iront les visiter dans leur nouvelle maison le 26 juin, à l'occasion de l'anniversaire de naissance du petit Lucas. Il ne leur restera plus qu'à trouver une date, au cours de l'été, pour pendre la crémaillère avec parents et amis!

Photo André Pichette, La Presse

Marie-Frédérique et Rafael ont visité la maison à trois reprises avant de rédiger l'offre d'achat. «On y est allés le jour, le soir, l'après-midi. On voulait voir comment la lumière du jour pénétrait dans la maison à chaque moment de la journée. On voulait aussi s'assurer que le voisinage nous plaisait.»

La courte liste du premier acheteur

Il y a de nombreux frais liés à l'accès à la propriété, et les premiers acheteurs ont tout avantage à faire leur «courte liste» pour en mesurer l'ampleur. En voici quelques-uns...

Le déménagement

Allez-vous payer votre déménageur selon un tarif horaire, ou à forfait? Déménager coûte cher, et il est important de bien choisir l'entreprise de déménagement pour négocier les meilleurs tarifs. «Mais attention, soulève Me Sylvie De Bellefeuille, chez Option consommateurs, plus on s'approche de la date du 1er juillet, plus on risque de tomber sur des déménageurs qui s'improvisent... déménageurs.» Elle conseille de vérifier si le déménageur détient un permis de l'Association du camionnage du Québec, s'il est inscrit au Registraire des entreprises et s'il a déjà fait l'objet de plaintes à l'Office de protection des consommateurs.

Les taxes et droits de mutation

Il y a de nombreux avantages à devenir propriétaire. Mais qui devient propriétaire... paie des taxes foncières. Le taux de taxation varie selon les villes et la qualité des services municipaux. Il faut en tenir compte lorsqu'on achète une maison. Il faut également être en mesure de payer la «taxe de bienvenue» exigée par les municipalités aux acheteurs de propriétés. Ces droits de mutation, introduits il y a plus de 40 ans, représentent souvent une dépense de plusieurs milliers de dollars. 

Le notaire

Les tarifs des notaires varient énormément selon la région où ils se trouvent, au Québec. «C'est à Laval que les tarifs sont les moins élevés [1250 $ par transaction, en moyenne], relève Émile Brassard, président de Notarié inc. Mais c'est à Gatineau qu'il en coûte le plus cher [2000 $, en moyenne].» Il explique cet «écart important» du fait qu'en Outaouais, il y aurait une pénurie de notaires, tandis qu'à Laval, la forte concurrence aurait fait chuter les prix. Vous vous apprêtez à passer chez le notaire? Sachez qu'environ la moitié de la facture servira à payer ses honoraires, et que l'autre moitié servira à payer des frais divers (Registre foncier, au Registre des droits personnels et réels mobiliers [RDPRM], etc.).

Autres dépenses

Dans la catégorie «autres dépenses», il faut souvent prévoir l'achat d'une tondeuse et d'articles de jardin, et peut-être même d'une souffleuse à neige. «Les frais d'installation peuvent grimper rapidement, résume Me De Bellefeuille, chez Option consommateurs. Il faut habiller les fenêtres, acheter de la peinture pour rafraîchir les pièces de la maison.» Cela signifie, selon la conseillère budgétaire et juridique, qu'il faut «voir plus loin» pour éviter de mauvaises surprises. En d'autres termes, il vaut mieux faire un budget serré pour mesurer sa capacité de payer... avant d'accéder à la propriété!

PHOTO PASCAL RATTHÉ, ARCHIVES LE SOLEIL

Déménager coûte cher, et il est important de bien choisir l'entreprise de déménagement pour négocier les meilleurs tarifs.