Devant les rigueurs des éléments, tous les bâtiments ne sont pas égaux. Nous avons suivi de près la construction d'une maison la mieux adaptée possible aux caprices du climat. Visite de chantier.

Le coulage du béton des fondations est le prélude à une série de petites interventions déterminantes pour la suite du chantier. Zoom sur des détails qui ne seront bientôt plus visibles.

En 2017, l'érection d'une maison se fait rapidement. Très rapidement. Le lundi matin, le terrain est excavé. Le lundi suivant, les murs sont montés et une grue dépose les fermes de toit en hauteur.

Ce rythme de construction n'a pas de quoi stresser l'entrepreneur Éric Robert. D'un naturel calme, il a confiance en ses employés et fournisseurs. Attablé dans sa maison modèle de la rue Alexis-Galipeau, à Beloeil, il se dit bien plus préoccupé par la rareté des terrains dans la grande région de Montréal.

Cette rareté fait monter les prix des maisons neuves. Sur les 500 000 $ que paieront les acheteurs des maisons d'Éric Robert, un peu moins du tiers aura servi à acheter le terrain d'un promoteur qui se charge d'installer les services municipaux (rue, trottoirs, eau, égouts). «Pour un jeune couple, c'est beaucoup d'argent. Ils devront travailler fort pour payer leur maison.»

Aujourd'hui, Éric Robert nous montre une maison dont les fondations viennent tout juste d'être coulées. À ce stade, le bâtiment est en préparation pour la plus spectaculaire des étapes de la construction: l'installation de la structure des planchers, des murs et du toit en une seule journée. Ce sera l'objet de notre reportage de la semaine prochaine.

Environ trois jours après la mise en place des semelles de fondation, le chantier reçoit l'équipe d'un entrepreneur en coffrage. Elle installe les moules dans lesquels sera déversé le béton des murs de fondation.

À la réception du béton, l'entrepreneur doit examiner minutieusement le bon de livraison tendu par le chauffeur de la bétonnière. La quantité voulue et la résistance à la compression doivent correspondre à la commande. Encore plus important: la bétonnière ne doit pas avoir quitté l'usine depuis plus de deux heures. Le béton, c'est comme pour un gâteau: la recette doit être suivie à la lettre, sinon il n'aura pas la résistance voulue après le retrait du moule.

Une fois les coffrages retirés, un entrepreneur spécialisé vient appliquer un enduit bitumineux sur la face extérieure des murs de fondation. L'étanchéité du béton s'en trouve améliorée. C'est le minimum exigé par le Code de construction, et c'est l'unique protection contre l'humidité que reçoivent presque toutes les maisons neuves au Québec. De l'avis de nombreux intervenants, ce n'est pas suffisant.

Dès qu'on projette du gravier sur la semelle et sur le drain de fondation, une partie de l'enduit est endommagé. La terre qui est remise contre le reste des murs de fondation l'endommage aussi, explique Éric Robert. «Il y a un effet de tassement. Puis avec le gel et le dégel, la terre monte et descend. Ce frottement use l'enduit.»

L'enduit bitumineux n'est pas suffisamment flexible pour s'étirer quand se forme une fissure de fondation. Et avec les années, il se volatilise. L'humidité du sol peut alors très facilement pénétrer dans le béton et contribuer à rendre le sous-sol humide.

Pour créer une barrière véritablement étanche, on peut installer une membrane imperméable sur les murs de fondation. Moyennant un supplément, Éric Robert propose à ses clients une membrane alvéolée, la Delta MS. Pour profiter d'un sous-sol sec et confortable, ce n'est pas un luxe.

Ancrages

Pour que la structure de bois de la maison s'accroche solidement à la fondation, il faut des ancrages. Les administrateurs de la Garantie de construction résidentielle ont fait savoir aux entrepreneurs que l'usage de simples clous noyés dans le béton ne serait plus toléré.

Éric Robert utilise des ancrages conçus spécifiquement à cette fin. Leur tête prend du volume en s'enfonçant dans le béton. Ils pourraient être placés dans le béton encore frais, mais notre entrepreneur préfère les fixer mécaniquement exactement aux bons endroits, une fois les fondations durcies.

Les ancrages servent à fixer solidement la lisse d'assise, ce «2 X 6» déposé à plat au-dessus de la fondation. La lisse recevra ensuite la structure de plancher préfabriquée en usine. «La préparation à la réception des modules de plancher doit être parfaite, dit Éric Robert. On suit les plans avec précision, parce que quand les planchers et les murs arrivent, on n'a presque pas de jeu pour s'ajuster.»

Du béton au bois

Éric Robert a accepté 
que nous le suivions dans l'érection d'une maison
 «à toute épreuve», construite pour résister avec brio aux assauts du froid et de l'humidité.

1. La lisse (pièce de bois couchée sur la fondation)La lisse d'assise doit être placée à quelques millimètres près au bon endroit sur le sommet de la fondation, car les modules de structure de plancher fabriqués en usine seront livrés exactement dans les dimensions dictées par le plan de la maison.

2. Les ancragesFixés à intervalles réguliers au sommet de la fondation, les ancrages servent à boulonner la lisse d'assise, à laquelle s'accrochera le reste de la structure. Les ancrages servent à prévenir les mouvements latéraux, par exemple en cas de vents violents.

3. Les planchersL'époque des solives de plancher «2 X 10» de bois plein est révolue! On utilise aujourd'hui des poutrelles ajourées fabriquées en usine. C'est plus solide et on peut facilement y faire circuler la mécanique du bâtiment (fils électriques, plomberie, conduits de chauffage et ventilation).

PHOTO SIMON GIROUX, LA PRESSE

Les ancrages qu'utilise Éric Robert sont conçus spécifiquement pour relier solidement la structure de bois du bâtiment à la fondation de béton.