Les pluies froides d'automne peuvent être très désagréables. En inspection préachat, elles peuvent aussi être très révélatrices.

C'était un vendredi d'octobre, pluvieux et froid. Deux inspections dans Pointe-Saint-Charles. Les météorologues annoncent de la pluie pour toute la journée. Je me réconforte à l'idée d'aller me réchauffer dans un casse-croûte de la rue Notre-Dame sur l'heure du midi.

Le matin, j'inspecte un triplex centenaire. La pluie me gèle les mains. Je me concentre sur ce qu'elle me révèle de ce vieux bâtiment amplement rénové.

Sur un balcon avant, la partie inférieure d'un seuil de porte a été recouverte d'un crépi de béton bâclé plutôt que d'une tôlerie. Je soupçonne ce béton d'absorber l'eau des précipitations. J'ouvre la porte. Mes soupçons s'avèrent fondés: à l'intérieur, le bois du seuil est complètement mouillé. Tôt ou tard, il pourrira.

À l'arrière, je remarque de grosses gouttes d'eau suspendues aux extrémités des planchers des balcons. Plutôt que de tomber, elles glissent sous les balcons, au risque d'en faire rouiller la structure. L'extrémité des planchers des balcons devrait être munie d'un casse-goutte (une forme arrondie vers le bas), pour forcer l'eau à tomber plutôt que s'accrocher.

En ouvrant la porte arrière du sous-sol, je vois la pluie s'accumuler sur la dalle de béton coulée devant le seuil. La pente de la dalle dirige l'eau vers les fondations alors qu'elle devrait l'en éloigner. L'eau absorbée par le béton des fondations contribue à rendre le sous-sol humide.

Au dernier étage, dans la chambre à coucher principale, les locataires ont placé un seau sur le plancher. Le plafond coule, une goutte à la fois! En montant sur le toit, je suppose un mauvais assemblage de la jonction entre la toiture et le drain de toit. Il faudra ouvrir le plafond pour découvrir l'étendue des dommages et demander à un couvreur de trouver le point d'infiltration et de réparer le tout.

L'ennemi no 1

L'eau est l'ennemie de nos bâtiments en bois. Quand elle s'infiltre, elle fait pourrir, alimente des champignons et offre un milieu de vie aux fourmis charpentières. 

Tout doit être conçu pour éloigner l'eau des précipitations, des gouttières du toit jusqu'aux drains des fondations. 

Très souvent, des éléments importants sont manquants ou détériorés. Notre parc immobilier est vieillissant et les rénovations ne sont pas toujours exécutées dans les règles de l'art.

Sur les toits - plats ou en pente -, l'assemblage autour des puits de lumière, évents de plomberie et autres émergences est souvent réalisé avec une abondance de calfeutrant bitumineux plutôt qu'un usage intelligent de solins métalliques. L'eau finit par s'infiltrer. 

Sous les fenêtres, les allèges affichent parfois une contrepente qui retient l'eau sur un joint de scellant. À la longue, ce dernier se fendille et perd son étanchéité. 

Les scellants usés et craquelés sous les seuils de porte sont une autre voie d'entrée pour l'humidité. L'eau entre aussi par les fissures dans les fondations... et les fenêtres mal fermées! 

Pour prévenir les infiltrations d'eau

- Refaire à neuf les scellants usés autour des portes et fenêtres.

- Nettoyer les gouttières régulièrement et réparer leurs fuites.

- Prolonger les descentes de gouttières pour qu'elles se déversent à au moins 150 cm de la maison.

- Modifier toutes les surfaces où de l'eau s'accumule (perrons, balcons, seuils, allèges).

- Corriger les pentes de terrain qui dirigent l'eau vers le bâtiment.

- Installer des margelles sous les fenêtres de sous-sol.

Photo Thinkstock

Il est important de nettoyer régulièrement les gouttières pour s'assurer de bien évacuer l'eau loin de la maison.