Il faut consacrer une bonne part de son budget au fonds de prévoyance, c'est-à-dire davantage que ce que l'on croit en général, selon les experts interrogés par La Presse. Ce fonds, destiné aux réparations et au remplacement des parties communes d'un immeuble en copropriété, a en effet une grande grande importance.

Depuis 1994, le Code civil du Québec dit que 5% des dépenses du budget des parties communes doivent être consacrés au fonds de prévoyance. «Et 5%, ce n'est pas suffisant. Dans les condos que je gère, nous mettons 11%», affirme Michèle Bérard, vice-présidente de l'Association des syndicats de copropriétés du Québec (ASCQ).

«Intuitivement, je soupçonne qu'une majorité de copropriétés ne font que le minimum», ajoute pour sa part François Morency, président d'Aviso, conseillers financiers.

Pourtant, que l'immeuble soit récent ou non, il faudra tôt ou tard changer le toit, les fenêtres ou encore l'ascenseur. «Au moment où ça va se produire, il faut avoir de l'argent dans le compte», souligne Mme Bérard.

Pour ne pas être pris au dépourvu au moment où des travaux majeurs s'imposent, quelle part de son budget un syndicat de copropriétaires devrait-il consacrer au fameux fonds? Difficile de répondre.

Michèle Bérard suggère pour sa part de remettre le dossier entre les mains d'experts en immobilier dont la spécialité est de préparer et de rédiger un plan de gestion de l'actif. Après évaluation des parties communes, ils feront alors leurs prédictions: le toit devra être changé dans 15 ans et les travaux coûteront 25 000$. L'escalier extérieur risque d'être en mauvais état dans cinq ans et des réparations d'une valeur de 5000$ seront nécessaires. 

À la lumière de ce document, les copropriétaires pourront alors faire des prévisions budgétaires et décider de la somme à accorder au fonds de prévoyance.

Plutôt une cotisation extraordinaire? 

Toutefois, tous les copropriétaires ne sont pas convaincus de la nécessité de prévoir des sommes destinées à des réparations ou à des remplacements futurs.

Plusieurs préfèrent mettre la main dans leur poche lorsque les travaux sont nécessaires, ce qu'on appelle alors une cotisation extraordinaire. D'autres n'aiment pas l'idée d'investir de l'argent dans un fonds dont ils ne verront pas la couleur au moment de la vente de leur appartement.

Michèle Bérard est en total désaccord avec ce raisonnement. «Tu as usé l'édifice pendant que tu étais là, lance-t-elle sans détour. Tu ne peux pas t'en laver les mains.»

Selon elle, il ne s'agit pas de dépenses, mais d'investissements. Un immeuble a toujours plus de valeur lorsque la piscine est bien entretenue, que les fleurs poussent en abondance et que la porte principale ne grince pas. «L'argent que vous mettez aujourd'hui dans le fonds de prévoyance, souligne Mme Bérard, vous allez le récupérer lorsque vous allez vendre.»