L'accumulation excessive d'objets peut aller jusqu'à causer des frictions au sein des familles... qui ne partagent même pas le même foyer.

Karine a une tante qui ramasse tout. Des vieux magazines s'empilent dans les coins de son appartement. Les circulaires tapissent toujours sa table de cuisine. Elle conserve même les emballages alimentaires en styromousse, «au cas où».

La tante de Karine a quitté sa résidence il y a quelques années, pour aménager dans un logement plus petit. «Quand ma mère a vidé sa maison, ça a pris trois conteneurs verts. C'étaient toutes des cochonneries! Ma tante voulait tout garder», raconte-t-elle.

L'accumulation a sitôt repris dans son nouveau logis. La chambre libre a été envahie par de nouvelles collections. Les armoires de cuisine aussi : les «spéciaux» sont de bonnes occasions pour faire des réserves. «C'est quasiment une maladie», déplore sa nièce.

En effet, le stockage excessif d'objets peut avoir une origine pathologique. L'organisatrice professionnelle Alanna Murphy s'est spécialisée dans l'aide aux accumulateurs compulsifs. Le problème sort de l'ombre depuis peu avec la diffusion d'une série télévisée américaine sur le sujet, indique l'ancienne préposée aux bénéficiaires dans un CLSC. La série Hoarders : Buried Alive est diffusée ici à TLC, et sa traduction francophone, Désordre extrême, passe sur les ondes de la chaîne québécoise AddikTV.

TROUBLES OBSESSIONNELS

L'accumulation compulsive, ou syllogomanie, est associée aux troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Mme Murphy travaille d'ailleurs toujours de concert avec un psychologue, afin d'adopter une approche organisationnelle adaptée.

«Ça peut toucher n'importe qui. C'est surprenant. Un avocat peut être très organisé au travail, mais à la maison, non. C'est secret, caché, souligne l'organisatrice de Châteauguay. Différentes personnes vont accumuler différentes choses. Certains, c'est les animaux, d'autres les vidanges, d'autres juste réellement des surplus de marchandise; du linge partout.»

Le succès de l'intervention n'est pas garanti non plus. «Quand c'est la personne elle-même qui appelle, les chances sont meilleures», indique Mme Murphy. Si c'est la famille, un conjoint ou un ami, «très souvent, ça ne marche pas. Ce n'est pas la personne qui veut changer. C'est un gros défi pour eux».