La nature fait les 400 coups. Au Canada, au Québec, partout. Les catastrophes naturelles sont innombrables. Et ce n'est pas parti pour s'arrêter. Elles essaiment les dommages. Les assureurs pressent l'État, les constructeurs d'habitations et les particuliers à joindre leurs efforts pour limiter les dégâts.

«On ne peut empêcher les débordements de la nature, mais on peut les contenir en affermissant les bâtiments et en accommodant les infrastructures publiques», ne cesse de catéchiser le Bureau d'assurance du Canada (BAC).

 

Durant des pluies torrentielles, fréquentes on dirait, les égouts pluviaux ne fournissent plus. Ce qui provoque des refoulements dans les sous-sols, lesquels ne sont plus les débarras sur béton vif du temps jadis. À présent, ils sont garnis de chambres, d'un séjour, d'une bibliothèque, d'un cinéma maison ou d'un billard. D'où les dommages accrus et les indemnités substantielles.

«C'est pourquoi il y a nécessité de faire installer un clapet antiretour dans le puisard du sous-sol», propose Bernard Marchand, porte-parole du BAC. Encore que si toutes les résidences d'un secteur en étaient pourvues, les collecteurs municipaux, lors d'orages violents, pourraient, en principe, avoir du mal à résister à la pression de l'eau et s'ouvrir.

Peut-être, dit M. Marchand. Sauf que le souci premier des assureurs, insiste-t-il, est de sécuriser les habitations.

Trop d'asphalte

Comme les municipalités font de leur mieux pour «gérer» les eaux pluviales, le BAC trouve qu'il serait opportun que les particuliers fassent aussi leur part et s'emploient à contenir, chez eux, celles qui tombent sur leurs propriétés. En les captant dans des tonneaux pour les utiliser dans le jardin durant les «épisodes» de sécheresse, d'une part. En les laissant ruisseler ou descendre dans le sol, d'autre part.

«Hélas! les terrains sont en grande partie couverts d'asphalte ou de grandes plages de pavés de béton contigus et imperméables», déplore M. Marchand. Résultat : les eaux s'en vont dans la rue, puis dans les égouts. Il y aurait donc avantage à réduire les surfaces de bitume et de matériaux inertes pour en impartir davantage au ruissellement.

«Retenir chez soi ne serait-ce que 100 litres d'eau, ce serait déjà ça de gagné», soutenait le BAC à l'occasion d'une entrevue accordée au Soleil en mars dernier. Cependant, si on fait de même dans tout un quartier, la probabilité est grande que le réseau se suffise à lui-même, sans refoulements dans les caves. Par ailleurs, aménagés dans les rues nouvelles, les bassins de rétention, qui reçoivent les eaux environnantes, ont aussi pour effet de ménager les réseaux publics.

Code du bâtiment

D'un autre côté, le BAC plaide l'urgence de restaurer les infrastructures municipales en fonction des nouvelles réalités climatiques et de réformer le Code du bâtiment eu égard aux sautes d'humeur de la nature.

Non que les maisons des dernières décennies aient été mal construites, disait, à l'automne 2006, Mario Canuel de l'Agence de l'efficacité énergétique du Québec. Sauf qu'elles ne tenaient compte que des «moyennes climatiques historiques». Or, on n'en est plus là. Il est clair que le climat n'est plus comme avant.

Les vents violents, les pluies torrentielles, le verglas, le gigantisme des accumulations de neige comme en 2008, la hausse subtile de la température l'hiver et les chaleurs souvent insoutenables l'été commandent une «rénovation» des méthodes de construction.

Déjà, en 2006, les assureurs canadiens montrent le chemin. Ils élèvent une maison «modèle» pour «climat extrême» à l'Île-du-Prince-Édouard. Elle peut, entre autres, tenir tête à des vents de 200 km/h.

Enfin, M. Marchand se souvient du 10 juin 2008. Montréal a été balayée par des vents intenses et meurtrie par de la grêle. Montant des dommages : 150 millions $. Tout ça en 20 minutes. Il n'en revient toujours pas.

Plus près de nous, au matin du 3 janvier, à Château-Richer, un parc de maisons mobiles est une fois de plus inondé, Cela, par le fait de crues extravagantes du fleuve, aggravées par des vents violents. La nature ne désarme pas.

Sans oublier les pluies diluviennes au Saguenay en 1996 et le grand verglas de 1998 qui sont, bien sûr, à porter au compte des catastrophes naturelles.

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