Jamais sans doute, dans l'histoire du pays, les taux d'intérêt hypothécaires fixes sur cinq ans n'ont été aussi bas*. Du coup, ils donnent du fil à retordre aux taux d'intérêt variables, selon le Mouvement Desjardins dans son Point de vue économique du 4 mars.

Jamais sans doute, dans l'histoire du pays, les taux d'intérêt hypothécaires fixes sur cinq ans n'ont été aussi bas*. Du coup, ils donnent du fil à retordre aux taux d'intérêt variables, selon le Mouvement Desjardins dans son Point de vue économique du 4 mars.

 «Dans le contexte de tension financière qui prévaut, les bas taux sont une bonne nouvelle», dit Mathieu D'Anjou, économiste principal chez Desjardins. Ils amortissent le choc. «Car, à eux seuls, ils ne sont pas suffisants pour redresser l'économie», déplore-t-il.

 Ainsi, l'institution financière, dans son Point de vue économique, compare une hypothèque à taux fixe sur cinq ans à une hypothèque à taux variable, avec engagement de la part de l'emprunteur sur une période identique. Ces deux produits hypothécaires étant, semble-t-il, les plus populaires.

 Jusqu'à ces dernières années, le rendement des taux variables triomphait. Il y a cinq ans, par exemple, il aurait pu faire économiser 6000 $ en intérêts à l'emprunteur.

 En juin 2007, le taux variable est de 5,70 %. Il tombe à 3,50 %, début mars. Le taux fixe affiché, lui, passe de 7,25 % à 5,75 %.

 Le premier s'accorde avec le nouveau taux directeur (0,5 %) de la Banque du Canada (BC), le second aux taux d'intérêt obligataires «qui se retrouvent à des niveaux historiquement bas». C'est, au reste, le marché des obligations qui commande les taux fixes de longue durée.

 Prime à l'emprunt

 En fait, les taux à intérêt variable sont normalement fondés sur le taux directeur de la BC auquel les institutions financières superposent d'ordinaire 1,75 % pour l'établissement de leur taux préférentiel. Durant des années, elles prêtaient aux particuliers sous la barre de celui-ci.

 À présent, elle sont contraintes, en raison des tensions financières qui restreignent l'accès au crédit, à payer une prime de près de 1 % de plus pour emprunter. Ce qu'elles refilent à leurs clients. «De même pour les prêts à taux fixes», précise M. D'Anjou.

 Cela veut-il dire que les taux seraient moins élevés encore en l'absence de tensions financières et d'une prime à l'emprunt? propose Le Soleil à l'économiste.

 «Rationnellement, vous avez raison!» oppose M. D'Anjou. Mais, concrètement, n'eut été des tensions sur les marchés financiers, les taux d'intérêt, malgré les primes, n'auraient jamais pu être aussi bas.

 D'un autre côté, dans le cas des taux fixes, «une réduction significative par rapport au taux affiché» est possible, peut-on lire dans le Point de vue économique. En revanche, l'espace de négociation quant aux taux variables est très circonscrit. Ces derniers n'en mènent donc pas large.

 Si un emprunteur «à taux variable» appréhende une hausse marquée des taux d'intérêt, par opposition à la sûreté d'une hypothèque à taux fixe, il peut toujours se prémunir, auprès de son prêteur, de la faculté de convertir son régime de l'un à l'autre. À moins qu'il ne contracte une hypothèque «hybride». C'est-à-dire, partie à taux fixe, partie à taux variable. En espérant le meilleur des mondes, dans les deux cas.

 L'hypothèque à taux variable, concède M. D'Anjou, peut demeurer une avenue valable pour certains emprunteurs qui possèdent une forte tolérance au risque et qui sont persuadés que le taux directeur de la BC restera bas très longtemps.

 * Le 25 mars, par exemple, le taux affiché moyen était de 5,80 %, tandis qu'on pouvait exceptionnellement contracter un prêt à un taux négocié à 3,99 %.