Avec les chutes de température qui s'en viennent, chauffer son chez-soi convenablement demeure un indispensable pour le confort, mais surtout pour le portefeuille.

Avec les chutes de température qui s'en viennent, chauffer son chez-soi convenablement demeure un indispensable pour le confort, mais surtout pour le portefeuille.

 >> En complément: consultez notre dossier sur le chauffage et l'économie d'énergie.

 De quelle façon chauffer sa maisonnée? Plinthes électriques, mazout, gaz naturel ou systèmes hybrides? Tout dépend de ce que l'on privilégie. Mais une chose semble certaine lorsque l'on compare les factures, le mazout est le plus glouton.

 «Le plus cher, c'est définitivement le mazout», tranche Jean-Thomas Bernard, professeur au département d'économie de l'Université Laval. «Suivi du gaz naturel. Par exemple, pour un plain-pied de 11 mètres par 14, la facture pour un système uniquement au mazout va monter à environ 2200$ par année. C'est assez dispendieux.»

 Le même plain-pied chauffé au gaz coûterait 20% de moins, soit 1760$. Et à l'électricité, on abaisse le tout d'encore 20%, pour rejoindre 1320$ par année. «L'électricité est 40% moins cher que le mazout, et la facture augmente peu au cumulatif. Mais l'électricité n'est pas la méthode de chauffage que je recommande le plus.»

 Le professeur ne conseille pas cette énergie à tout prix parce qu'elle coûte cher à produire et ne fournit pas à longueur d'année. Même les nouvelles avenues, plus écologiques, ne sont pas si avantageuses.

 «Les nouvelles méthodes de production de l'électricité, comme l'énergie éolienne, sont dispendieuses à produire en période de pointe. En plein mois de février, c'est environ 35 cents du kWh. C'est beaucoup. Et quand arrive l'été, on ne s'en sert presque pas.»

 Par-dessus tout, M. Bernard privilégie un système de chauffage hybride, où l'on utilise l'électricité et un système de chauffage à combustible comme appoint. Selon Hydro-Québec, la bi-énergie est le plus économique des chauffages. Par exemple, pour une maison unifamiliale de 158 mètres carrés, la facture annuelle s'élève à 715$ selon les prix courants de juin 2007. Tandis qu'au chauffage électrique, la note atteint 983$. Cette épargne se fait grâce à l'usage du chauffage d'appoint qui prend le relais dans les temps froids. En fait, selon les tarifs d'Hydro-Québec au 1er octobre 2007, il en coûte 4,08 cents/kWh pour alimenter un système de chauffage mixte lorsque la température est égale ou supérieure à -12 °C ou à -15 °C. Lorsque le mercure descend, la facture grimpe à 17,55 cents/kWh et c'est à ce moment que le mazout entre en jeu. L'excédent dépassant 50 kW, surtout présent en hiver, est facturé au prix mensuel de 1,35$/kW.

 L'hybride est donc le plus recommandé, même si le système au mazout coûte cher à installer, et de plus en plus cher à exploiter.

 Des pommes et des oranges

 Benoît Légaré, conseiller à l'Agence de l'efficacité énergétique (AEE) du Québec, prévient les consommateurs. Les comparaisons des tarifs unitaires peuvent induire en erreur lorsqu'on évince certains détails.

 Elles forcent les consommateurs à calculer une facture annuelle sans prévoir les fluctuations et surtout la durée de vie des chauffages. «Ça dépend toujours du système de diffusion, insiste M. Légaré. Puis si on veut passer d'un chauffage à un autre, il faut inclure les coûts d'installation.» Selon l'AEE du Québec, la note de la pose des plinthes électriques peut s'élever à 2500$, celle du mazout ou du gaz naturel, à 10 000$. «Si on étale ces coûts en temps, ça fait monter le prix annuel», rappelle M. Légaré.

 Conseils en vrac

 Même s'il n'est pas chaud à l'idée de mettre en parallèle des chauffages totalement différents, M. Légaré souligne que chacun a ses qualités et ses défauts.

 «Si on veut absolument du gaz naturel, je conseille, entre autres, d'installer de l'équipement à haute performance à condensation. À ce moment, ça revient moins cher que l'électricité, surtout parce que l'installation peut être subventionnée par Gaz Métro.» Donc, le gaz naturel peut être plus économique en fin de compte que le chauffage électrique. Encore faut-il évaluer la durée de vie de l'équipement. «Le système de plinthes électriques peut durer 40 ans, tandis que celui au gaz naturel, de 25 à 30 ans.»

 Le chauffage au mazout, lui, n'est pas donné, surtout si on le compare à l'électricité. Toutefois, sa température est plus élevée. «On a l'impression que ça chauffe mieux, donc les consommateurs aiment l'effet, poursuit M. Légaré. Encore là, il faut penser à la durée de vie qui est de 25 ans.»

 La bi-énergie dans tout ça se place assez bien, mais tout dépend encore une fois du système déjà en place. «Si on a un chauffage électrique, installer l'appoint au mazout pour rendre le tout bi-énergique est coûteux. On peut essayer de combiner l'électricité et le gaz naturel, mais ça se fait très peu parce que les structures pour de l'hybride au gaz ne sont pas faites.»

 Il reste le propane, qui est aujourd'hui considéré comme un véritable gourmand. «ll faut vraiment regarder à long terme. Par exemple, on dit que le prix du gaz et du mazout vont baisser éventuellement, alors peut-être qu'ils vont devenir plus économiques que l'électricité. Mais ça, c'est un peu faire une lecture à la boule de cristal, lance-t-il. Mais avec une boule embuée.»