Ils viennent étudier à Montréal dans les universités, louent un appartement... ou achètent un condo, très souvent avec les fonds provenant de leurs parents. Ces étudiants sont des résidents non permanents. Et ils sont de plus en plus nombreux à contribuer à la diversité culturelle de la ville et à poser leurs valises dans Griffintown, le Plateau, Rosemont, Villeray et même Ahuntsic.

«Ce n'est pas rien, relève Paul Cardinal, directeur, analyste du marché, à la Fédération des chambres immobilières du Québec (FCIQ). Les résidents non permanents [qui comptent aussi dans leurs rangs des travailleurs temporaires et des immigrants en attente d'un statut] comptent pour 42 % des nouveaux arrivants à Montréal.»

Seule la ville de Vancouver, note-t-il, attire un aussi fort pourcentage (46 %) de résidents non permanents. «Ce sont de jeunes adultes qui vont éventuellement former de nouveaux ménages et acheter des propriétés», précise-t-il.

Plateau français

«Si vous marchez sur l'avenue du Mont-Royal, vous allez vite le constater, souligne de son côté Nathalie Clément, qui dirige l'agence Via Capitale du Mont-Royal. Il y a une grande vague d'immigration à Montréal, et sur le Plateau, c'est un fait connu, il y a beaucoup de Français.»

Elle ne cache pas que leur présence stimule le marché immobilier. Selon elle, le nombre de transactions impliquant des acheteurs venus d'ailleurs a «presque doublé» depuis cinq ans.

«Près du tiers de nos transactions impliquent des acheteurs de l'extérieur du Québec. Il y a des Européens, des Asiatiques, des Américains.»

Un sommet en 2016

Chiffres à l'appui, Paul Cardinal confirme que Montréal a accueilli, l'an dernier, la très grande majorité des 12 000 résidents non permanents qui ont choisi de venir vivre au Québec pendant quelques années ou sur une base permanente. «C'est un sommet depuis 1988, alors qu'on avait reçu 23 000 résidents de l'étranger», précise-t-il.

Selon lui, la qualité des universités québécoises, francophones et anglophones, est un facteur déterminant dans le choix de ces étudiants. La qualité de vie et le dynamisme de la ville, sur le plan économique et de la recherche scientifique, pèsent aussi dans la balance. «Montréal a d'ailleurs obtenu le titre de meilleure ville universitaire au monde, l'an dernier, rappelle-t-il. On a devancé Paris et Londres.»

Il fait allusion à l'étude réalisée par l'Institut Quacquarelli Symonds (QS), qui a qualifié Montréal de «ville préférée des étudiants étrangers». Ce titre appartenait depuis cinq ans à la ville de Paris. Notons que Vancouver fait partie du top 10, de même que Boston.

Un impact mesurable

Cette «nouvelle réalité canadienne» est également observée par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), qui a mesuré l'impact de l'arrivée massive des nouveaux résidents sur le marché du logement au Canada et dans cinq régions métropolitaines (Toronto, Montréal, Vancouver, Calgary et Edmonton).

Les statistiques parlent d'elles-mêmes. Entre 2006 et 2015, le nombre de résidents non permanents a presque doublé, pour se situer à 759 193 en 2015. À eux seuls, les étudiants étrangers représentaient quelque 52 % des résidents venus d'ailleurs, les travailleurs étrangers comptant pour 46 %.

Fait à souligner, l'étude démontre que ces résidents ont tendance à prolonger leur séjour sur le sol canadien et qu'ils sont «de plus en plus nombreux à obtenir leur statut de résident permanent à la fin de leur séjour».

Autre élément qui va intéresser les vendeurs de condos: ces résidents ont un faible pour la copropriété et ils paient jusqu'à 20 % plus cher que la moyenne des acheteurs locaux.