Combien vaut votre belle propriété des années 70, avec une piscine hors terre et un grand cabanon dans la cour arrière ?

Voilà la question à 300 000 $ à laquelle bien des vendeurs remplis de bonnes intentions ont parfois bien du mal à répondre, car il n'est pas facile d'établir la juste valeur de la maison qu'on s'apprête à mettre sur le marché de la revente. « La valeur marchande d'une maison, explique Martin Lévesque, évaluateur agréé pour le Groupe LPCA, c'est le point de rencontre entre ce que l'acheteur veut payer et ce que le vendeur est prêt à concéder, au moment de finaliser la transaction. »

« Ça prend de bons arguments pour convaincre nos clients, qui font appel à nos services, que le prix fixé en vue de la vente est réaliste et s'appuie sur une analyse documentée du bâtiment et de ses caractéristiques », ajoute-t-il.

UN MONDE DE POSSIBILITÉS

Le courtier et comptable Richard Beaumier préfère parler des « possibilités de vente » à ses clients avant de déterminer le juste prix de la propriété et de planter sa pancarte dans la pelouse... ou dans la neige.

« On ne demande pas au client combien il veut obtenir pour sa maison, explique-t-il. Avant toute chose, on prend le temps d'analyser le marché, l'endroit où est située la propriété, les récentes transactions pour des propriétés similaires, ce que les acheteurs potentiels sont prêts à payer. »

« Ce n'est pas parce que le propriétaire-vendeur a posé des poignées en or dans sa maison qu'il va nécessairement vendre sa maison plus cher. »

- Richard Beaumier, courtier et comptable

Mais il arrive que le vendeur ne voie pas les choses du même oeil. « On tente alors de lui faire comprendre qu'il risque d'attendre très longtemps avant de trouver un acheteur, fait valoir le courtier et comptable. On ne vendra pas une maison 450 000 $ si elle en vaut 400 000 $. »

L'ÉVALUATION MUNICIPALE

Pourtant, dans certains quartiers chauds de Montréal, des propriétés qui font l'objet d'offres d'achat multiples se vendent bien au-delà du prix affiché. C'est une question d'offre et de demande. Les vendeurs tirent ainsi avantage de cette surenchère immobilière.

« Les marchés d'Outremont et de Westmount ne se comportent pas comme le marché de Valleyfield et de Granby », reconnaît Richard Beaumier, chez Profusion Immobilier.

On devine bien que ces propriétés se vendent très souvent à des prix largement supérieurs à l'évaluation municipale. Sur cette question, le courtier est formel : il ne faut pas se fier à l'évaluation municipale quand vient le moment de déterminer la juste valeur marchande d'une propriété.

« C'est facile à expliquer, dit-il, très souvent ces évaluations ont été faites trois ou quatre années auparavant, et selon un échantillonnage qui ne correspond pas toujours à la réalité du marché. Il faut comprendre que l'évaluation municipale, c'est d'abord un outil pour taxer ! »

L'évaluateur Martin Lévesque constate, pour sa part, que des acheteurs vont chercher à tirer profit du fait que l'évaluation municipale soit largement inférieure au prix demandé par le vendeur. « Certains s'en servent comme un argument pour négocier le prix d'achat à la baisse, soulève-t-il. Dans bien des cas, des acheteurs vont même se questionner sur la valeur de la maison s'ils constatent que l'évaluation est trop basse [par rapport au prix demandé par le vendeur]. »

En fin de compte, combien vaut-elle, la belle maison que vous êtes sur le point de mettre en vente et qui est, à vos yeux, la plus belle propriété de votre bout de rue ?

« Chaque maison est unique et tout dépend du contexte où le vendeur est appelé à vendre sa propriété. La valeur ne sera pas la même si on vend dans l'urgence ou si c'est la banque qui cherche à s'en départir », affirme Richard Beaumier.

Difficile de le contredire...

Photo Martin Chamberland, Archives La Presse

Dans certains quartiers chauds de Montréal, des propriétés qui font l'objet d'offres d'achat multiples se vendent bien au-delà du prix affiché. C'est une question d'offre et de demande.