Apparue comme une forme d'affirmation environnementale grâce à ses vertus écologiques, la micromaison reste davantage présente sur les réseaux sociaux que dans nos villes ou nos campagnes. Mais elle a eu le bonheur d'engendrer la minimaison, un tant soit peu plus grande qui, elle, commence à trouver sa place, grâce aux... baby-boomers.

La minimaison fait sa place

Imaginée pour plaire aux aspirations d'adeptes de la simplicité volontaire, la micromaison est un concentré d'impressionnantes trouvailles ergonomiques, mais elle n'a pas réussi à passer le test de la mise en marché, du moins d'un point de vue commercial. C'est ici qu'entre en scène sa grande soeur, la minimaison, qui est en voie de trouver sa place au soleil.

Après des années de démarches auprès des autorités gouvernementales et municipales, de nombreux promoteurs mènent aujourd'hui à bien des projets domiciliaires réservés aux maisons de moins de 1000 pi2. Ils sont tous en périphérie - on veut offrir des prix et des impôts fonciers alléchants, dans des environnements le plus souvent naturels, mais aussi parfois à saveur urbaine. «Ça a été très long de démarrer ces projets-là, a reconnu Dany Bonneville, coprésident des Industries Bonneville, qui collabore notamment au projet CHIC Shack à La Conception, dans les Laurentides. Ça a été difficile auprès des villes et du gouvernement; des règlements vieux de 50 ans nous empêchaient par exemple d'installer les maisons sur des pieux ou nous interdisaient les constructions à toit plat. Il a fallu convaincre les gens en place pour qu'ils autorisent les changements.»

À Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, l'administration du maire Gilles Boucher a donné le feu vert au projet Domaine Nature sur le Lac, qui accueille les minimaisons de Confort Design. «Souvent, les municipalités ont peur que ce soit un parc de maisons mobiles, nous a expliqué le maire. Mais depuis novembre 2015, le promoteur a rencontré à plusieurs reprises le conseil municipal et le conseil consultatif en urbanisme. Nous avons été implacables sur bien des aspects d'aménagement et on voit que les maisons sont bien faites. Je crois bien que c'est le tremplin vers un nouveau type d'habitation; j'ai maintenant des demandes d'installation de minimaisons ailleurs sur le territoire et je suis loin d'être contre.»

Le projet de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson est l'un des 11 auxquels collabore Confort Design, qui s'est résolument tournée vers la minimaison. «Elles représentent aujourd'hui 75 % de nos ventes et notre chiffre d'affaires a doublé, a révélé Sylvain Nadeau, copropriétaire de l'entreprise de Mascouche. Ça a été le salut de notre compagnie. Il y a trois ans, nos ventes annuelles avaient chuté à 30 unités, nous allons en vendre 70 cette année. Nous avons fait la transition en faisant des études démographiques et on a bien vu que c'est là que ça se passait.»

Les baby-boomers en tête

Une visite à l'une des journées portes ouvertes organisées il y a deux semaines par Confort Design nous a permis de constater quelle est la clientèle cible des minimaisons. Des baby-boomers qui n'ont plus besoin de l'espace d'une grande maison et qui veulent économiser, sans toutefois se tourner vers le condo. «Presque 90 % de notre clientèle a 55 ans et plus et, bien souvent, elle veut vivre sur un seul étage, nous a expliqué Sylvain Nadeau. Ces clients recherchent un style de vie: ils vendent leur maison à 340 000 $ et achètent à 175 000 $, ils choisissent de conserver leur argent pour voyager.»

Il s'agit de clients qui connaissent parfaitement leurs besoins et qui tiennent à leur confort - pas question pour eux d'envisager une toilette à compostage, par exemple. «Les gens ont les mêmes nécessités, mais dans un espace plus restreint, a expliqué Sylvain Nadeau. Ils veulent donc personnaliser leurs minimaisons. Avec une largeur de 16 pi pour respecter les normes de transport, c'est tout un défi pour nos technologues. C'est pourquoi nous offrons, sans frais, 25 heures de modifications de plans.»

Pour M. Nadeau, la minimaison n'a rien d'une mode passagère ; le marché va afficher selon lui une croissance soutenue dans les prochaines années. Quelques municipalités ont même commencé à solliciter son entreprise. «Les gens sont en santé plus longtemps et les minimaisons créent une étape intermédiaire entre la maison et la résidence pour personnes âgées», a-t-il conclu.

Photo Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

Les résidences du Domaine Nature sur le Lac, à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, sont fixées à des fondations.

Cinq projets

Après plusieurs années de démarches, plusieurs développements réservés à des minimaisons commencent à apparaître aux quatre coins de la province. Survol.

Sherbrooke

Le Petit Quartier vient d'obtenir le feu vert des autorités municipales de Sherbrooke. Les minimaisons de 480 pi2 font partie d'un projet d'habitation coopératif de 73 habitations en milieu urbain qui devrait voir le jour en juin prochain. Jusqu'à maintenant, il y a 71 acheteurs qualifiés; près de 30 % sont des retraités, avec une proportion semblable de jeunes familles. Le reste est composé de couples et de personnes seules. Le coût des maisons varie de 100 000 à 150 000 $, selon le choix de configuration - elles peuvent accueillir un deuxième étage en mezzanine ou pleine grandeur.

Sainte-Marguerite- du-Lac-Masson

Le Domaine Nature sur le Lac est un vaste projet de 120 hectares qui, à terme, comptera 220 minimaisons de 385 à 800 pi2, installées sur des terrains de 20 000 pi2. C'est, à ce jour, le projet le plus avancé, avec 21 résidences aménagées jusqu'à maintenant - il y en aura 24 à la fin de l'année. Contrairement à Sherbrooke, où les maisons sont installées sur des dalles de béton, les résidences du Domaine Nature sur le Lac sont fixées à des fondations. Les propriétaires peuvent opter pour une cave de service ou un sous-sol, certains en profitent pour y aménager un garage.

PHOTO TIRÉE Du compte FACEBOOK du Petit Quartier

À Sherbrooke, un projet d'habitation coopératif de 73 habitations en milieu urbain, dont font partie des minimaisons de 480 pi2 devrait voir le jour l'été prochain.

Farnham

Voilà un autre projet domiciliaire parrainé par Confort Design. Celui-ci s'inscrit dans un environnement suburbain qui est entièrement relié au réseau d'infrastructures. À partir de 126 900 $, les minimaisons sont livrées clé en main sur des terrains de 3000 à 7000 pi2 incluant gazon, cour arrière, clôture et entrée asphaltée. Treize maisons ont été vendues jusqu'à maintenant, mais seulement une poignée a été livrée. La clientèle est principalement constituée de retraités ou de semi-retraités provenant généralement de la Rive-Sud de Montréal. Près du tiers des acheteurs ont l'intention de voyager pendant quelques mois chaque année.

La Conception

Situé dans les Laurentides, à 15 minutes de la station de ski de Tremblant, le projet CHIC Shack a été imaginé dans le même esprit que le Domaine Nature sur le Lac. Installées sur des terrains boisés de 20 000 à 25 000 pi2, les maisons de 800 et 1400 pi2 sont tirées de la gamme Micro-Loft des Industries Bonneville. Installées sur pieux pour minimiser leur empreinte environnementale, elles s'adressent toutefois à une clientèle plus aisée, avec des prix de 200 000 $ et plus. Les premières maisons ont été installées au printemps, une vingtaine devraient être en place à la fin de l'année.

Saint-Côme

Comme à Farnham, le Domaine du Manoir est un projet clé en main qui inclut terrain, aqueduc, égout et pelouse. À la différence que les propriétaires auront accès aux services de repas et aux soins offerts par le Manoir, une résidence pour aînés qui sera construite au coeur du projet de minimaisons. Quinze terrains de 12 000 à 34 000 pi2 sont offerts à partir de 134 000 $, selon le type de maison choisie - les plus petites ont 544 pi2. Plusieurs services et commerces sont à distance de marche alors que les sentiers de ski de fond et les pistes de ski alpin de Val-Saint-Côme sont à moins de 15 minutes en voiture.

PHOTO FOURNIE PAR CONFORT DESIGN

À partir de 126 900 $, les minimaisons de Confort Design à Farnham sont livrées clé en main sur des terrains de 3000 à 7000 pi2 incluant gazon, cour arrière, clôture et entrée asphaltée.