Plusieurs attendaient un coup de frein brutal au Québec, après l'imposition de nouvelles règles hypothécaires par Ottawa, l'automne dernier. La douche froide immobilière semble plutôt avoir été évitée.

Selon de nouvelles statistiques publiées cette semaine par Desjardins, le marché résidentiel de la province a à peine sursauté depuis le resserrement des conditions d'emprunt par le gouvernement fédéral, en octobre 2016. Il s'est même ressaisi, avec une certaine vigueur, dès le début de 2017.

Dans leur rapport, les économistes de Desjardins ont comparé le resserrement des conditions d'emprunt de l'automne dernier à celui qui avait eu lieu en 2008. À l'époque, Ottawa avait réduit de 40 à 35 ans la période maximale d'amortissement des prêts hypothécaires, et fait passer de 0 à 5 % la mise de fonds minimale.

Or, le redressement de barre de 2008 coïncidait avec une récession provoquée par la crise immobilière américaine, rappelle Desjardins. L'économie québécoise tournait alors au ralenti.

À l'opposé, le marché de l'emploi du Québec affichait son taux de chômage le plus bas en quatre décennies (6,5 %) lorsqu'Ottawa a imposé ses nouvelles règles hypothécaires, à l'automne 2016. « Cela a solidifié le marché de l'habitation, qui a résisté aux contraintes des nouvelles règles hypothécaires », souligne Desjardins.

En fait, le marché immobilier québécois a fait preuve d'une telle robustesse au cours des six derniers mois que Desjardins a légèrement revu à la hausse ses prévisions pour 2017. « La prudence qui s'imposait l'automne dernier, avant l'entrée en vigueur des mesures plus restrictives pour les emprunts hypothécaires, a fait place à un certain optimisme. »

Le nombre de condos neufs invendus, qui avait frôlé le point de saturation il y a quelques trimestres, a particulièrement diminué. Cette réduction des « stocks » disponibles a permis le lancement de nouveaux projets, notamment la phase 2 du projet YUL, près du Centre Bell.

Le promoteur Brivia mettra ainsi officiellement en vente plus de 400 condos de sa tour de 38 étages aujourd'hui, après une prévente qui lui a permis d'écouler plus de 90 unités. La construction devrait débuter l'automne prochain.

« Pour nous, la réponse du marché a été très bonne, ça s'est définitivement accéléré dans notre cas », a fait valoir Guido Caso, responsable des ventes et du marketing chez Brivia.

Malgré cette embellie dans le marché de la copropriété, l'offre de condos reste abondante dans toutes les grandes villes du Québec, note Desjardins. Le segment des maisons unifamiliales se révèle beaucoup plus serré et avantage même les vendeurs dans quelques villes, dont Montréal.

Les nouvelles règles hypothécaires imposées par le ministre fédéral des Finances en octobre dernier visent à freiner la croissance de l'endettement des ménages, qui atteint un sommet de tous les temps au Canada. La modification s'applique aux acheteurs qui ont moins de 20 % de mise de fonds, au moment de calculer la valeur maximale du prêt qui peut leur être accordé.

Les calculs sont maintenant faits en fonction du taux affiché par la Banque du Canada - plutôt que celui des banques -, ce qui peut réduire de plusieurs dizaines de milliers de dollars la somme prêtée aux ménages.

Avec un impact moindre que prévu de ces mesures au Québec, Desjardins estime que le regain des ventes observé depuis le début de 2017 devrait se poursuivre et entraîner « par ricochet » une légère hausse de la construction neuve.

IMAGE TIRÉE DU SITE INTERNET DE DESJARDINS

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