Après avoir atteint un plancher historique au cours des derniers mois au Canada, les taux hypothécaires ont entamé une remontée que rien ne semble vouloir arrêter. Parmi les responsables de cette augmentation: Donald Trump.

Les banques Royale et TD ont haussé leurs taux à une journée d'intervalle, il y a une semaine. Pour un terme de cinq ans, amorti sur 25 ans, le taux fixe est passé de 2,59 % à 2,69 % à la TD, et de 2,64 % à 2,94 % chez RBC. Et ce n'est pas fini.

«On peut s'attendre à ce que les autres institutions financières emboîtent le pas à la Banque Royale et la Banque TD au cours des prochaines semaines et haussent leurs taux d'intérêt hypothécaires», a fait valoir Paul Cardinal, directeur de l'analyse du marché à la Fédération des chambres immobilières du Québec (FCIQ).

L'effet Trump

Cette montée récente des taux - et les autres qui suivront - est en partie attribuable à l'élection de Donald Trump à la tête des États-Unis il y a trois semaines. Le controversé politicien a promis plusieurs nouvelles mesures qui risquent de pousser l'inflation à la hausse aux États-Unis, comme l'imposition de tarifs douaniers sur les produits importés de Chine.

«Cette hausse anticipée de l'inflation se traduit par une hausse des taux d'intérêt obligataires qui engendre un effet domino sur les autres taux d'intérêt dans l'économie, y compris sur les taux d'intérêt hypothécaires», affirme la Fédération des chambres immobilières du Québec, dans un billet publié cette semaine.

En parallèle à cet «effet Trump», le Bureau du surintendant des institutions financières du Canada a récemment adopté de nouvelles mesures qui forcent les banques à conserver davantage de liquidités dans leurs coffres. Ce changement réduit la capacité de prêter des institutions financières, provoquant du même coup une pression à la hausse sur les taux d'intérêt.

La Banque TD a justement invoqué ces nouvelles mesures pour justifier une hausse de 15 points de base de son taux préférentiel sur les hypothèques à taux variable, le 1er novembre dernier. Ce taux est ainsi passé à 2,85 %.

D'autres mesures en vue

D'autres changements réglementaires pointent à l'horizon au Canada et laissent présager de nouvelles hausses de taux pendant la prochaine année, observe Paul Cardinal, de la FCIQ.

«N'oublions pas que le gouvernement fédéral est présentement en période de consultation afin de modifier le partage de risque entre les assureurs hypothécaires et les prêteurs hypothécaires, souligne-t-il. Le gouvernement aimerait que ces derniers assument une plus grande part de risque en cas de défaut de paiement de l'emprunteur. Il est probable que cette hausse de risque pour les banques se traduira par une hausse des taux d'intérêt hypothécaires.»

Comment se prémunir?

Il est trop tôt pour prévoir l'impact concret de toutes ces mesures sur le marché immobilier canadien - et sur le prix des maisons. Les répercussions, pour le moment, restent relativement limitées dans le portefeuille des emprunteurs.

Pour un prêt de 200 000 $ contracté à la RBC, par exemple, l'augmentation récente de 3 points de base fera passer le paiement mensuel de 910 $ à 940 $.

Il pourrait toutefois être judicieux d'obtenir une préapprobation hypothécaire pour les ménages qui songent à acheter au cours des prochains mois. Cette précaution permet de geler un taux pendant deux à quatre mois, ce qui pourrait à terme se traduire par des milliers de dollars en économie de frais d'intérêt.

Les gens qui sont déjà propriétaires devraient quant à eux vérifier l'échéance de leur prêt. Et voir avec leur banque s'il peut être renouvelé, même avec quelques mois d'échéance sur la date butoir.