C'était en 1974. Il y avait une maison à vendre en face du fleuve Saint-Laurent, à Verchères. Une maison en déclin de bois «avec du potentiel et de belles terres à cultiver», se souvient encore Pierre Bouchard, ex-défenseur du Canadien de Montréal.

«Je gagnais 30 000 $ par année et je préparais mon après-carrière», raconte-t-il.

Il avait dû réunir ses économies - à l'époque, les hockeyeurs ne gagnaient pas des millions - pour acheter la maison de 1924, qui était la propriété d'un notaire.

Quarante ans plus tard, il assure avoir réalisé la meilleure transaction de sa carrière.

Il habite non seulement une grande maison de 5000 pi2, qu'il a agrandie au fil des ans, mais il possède également des terres fertiles qui couvrent plusieurs centaines d'acres.

Le colosse aux mains larges et puissantes se plaît dans son rôle de propriétaire terrien et de producteur agricole très actif dans les grandes cultures. Et il a de quoi s'occuper!

«Je possède une bonne douzaine de granges et de bâtiments que je dois entretenir, sans compter la machinerie agricole pour les travaux», énumère-t-il.

L'inspiration du Kentucky

Pierre Bouchard aime «les choses qui durent, les objets qui ont une signification». Mais sa maison n'est pas un musée retraçant les grands pans de sa carrière de hockeyeur professionnel. Il a d'ailleurs rangé ses trophées et ses souvenirs du CH dans un placard.

«Je ne me laisse pas influencer par les dernières tendances, soulève le détenteur de cinq bagues de la Coupe Stanley. Je suis plutôt du genre classique, dans mes choix. C'est vrai pour l'aménagement de la maison, c'est vrai aussi pour les meubles, qui ont été fabriqués par des artisans québécois.»

Pas étonnant qu'il n'ait pas hésité un seul instant à faire remonter le vieux poêle Bélanger - datant des années 40 - qui se trouvait dans la cuisine, afin de lui donner une deuxième vie.

Idem pour un immense bâtiment agricole «inspiré des fermes du Kentucky», qui était à l'abandon et qu'il a retapé à grands frais pour lui redonner son authenticité.

«Je tenais à ce que le bâtiment ait fière allure et j'ai mis l'argent qu'il fallait, même si mon projet pouvait sembler ambitieux, dit-il. C'est comme ça qu'on réussit à préserver notre patrimoine.»

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Un poêle Bélanger des années 40 qui a conservé tout son lustre. «On l'a fait chauffer pas mal fort au milieu des années 70, alors qu'on connaissait de nombreuses pannes de courant», se souvient Pierre Bouchard.

Détail intéressant: le bâtiment a déjà appartenu, au début des années 20, à la famille JKL Ross, qui fabriquait des carabines durant la Première Guerre mondiale. Plus tard, il a été vendu à Léo Dandurand, qui était alors propriétaire du Canadien de Montréal.

«Il y a beaucoup d'histoire dans ce bâtiment, évoque Pierre Bouchard en s'appuyant sur les recherches menées par son fils Émile. On a su que le premier cheval canadien à remporter le Kentucky Derby venait de là!»

Le parcours de Pierre Bouchard

Pierre Bouchard a connu une longue et fructueuse carrière comme joueur de hockey professionnel, remportant la Coupe Stanley cinq fois dans l'uniforme du Canadien. Il a accroché ses patins en 1982. Les plus âgés se souviendront que son père, le regretté Émile «Butch» Bouchard, a lui aussi fait sa marque avec le Canadien de Montréal. Après sa carrière sur la glace, Pierre Bouchard, âgé de 68 ans, est resté impliqué dans le monde du sport en commentant les matchs de hockey à la radio et à la télé. Mais c'est dans le monde agricole qu'il dit se sentir dans son élément.

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