Entrepreneur à Saint-Eustache, Marc Ménard n'aime pas négocier. Au moment de son renouvellement hypothécaire, il a reçu une lettre de son institution financière lui indiquant le taux qu'on lui offrait. Le chiffre ne lui convenait pas. On l'informe que ce taux n'est qu'à titre indicatif. Il faut négocier... Que faire ?

Pour M. Ménard, la réponse a été simple. Il a remis le dossier entre les mains d'un courtier hypothécaire. « Je n'ai vraiment pas aimé la technique de la banque. Si tu n'es pas à ton affaire, on va t'offrir un taux beaucoup plus haut que ce que tu devrais payer en réalité. »

Ils sont de plus en plus nombreux à agir de la sorte parce qu'ils détestent négocier. Selon une enquête de la SCHL réalisée en 2015 auprès d'emprunteurs hypothécaires, la part de marché des courtiers a augmenté dans la plupart des segments. Elle est passée de 32 % en 2012 à 42 % en 2015 pour les acheteurs déjà propriétaires et de 48 à 55 % pour les premiers acheteurs. Ceux qui devaient refinancer leur prêt ont également été plus nombreux à recourir à leurs services, à 33 %.

MÉCONNAISSANCE DU DOMAINE

Ces chiffres n'étonnent pas Carine Béchard, courtière hypothécaire pour Planiprêt, une agence hypothécaire.

Francine Pelland, planificatrice financière, voit beaucoup de clients qui sont intimidés par les banques. « Les gens se trouvent chanceux que la banque veuille bien leur prêter de l'argent, mais les banques ne vous font pas la charité. Elles ont besoin de vous pour faire de l'argent. »

Carine Béchard croit que le principal avantage de faire affaire avec un courtier est qu'il ne vous offrira pas uniquement le produit d'une seule banque, mais une hypothèque qui correspond à votre réalité ; encore faut-il connaître cette réalité. L'emprunteur doit donc s'attendre à se faire poser des questions, courtier ou non. « Même avec nous, il y aura une discussion. Il y a des choses auxquelles les clients doivent réfléchir », souligne Carine Béchard.

Au-delà du taux, les emprunteurs doivent s'informer de la période d'amortissement et de ses conséquences. Il y a aussi les assurances et toutes les clauses en cas de rupture de contrat. « Il faut lire les documents, surveiller les versements. Est-ce que l'on veut que ce soit l'institution financière qui paie les taxes ? Il faut prendre le temps de bien comprendre les modalités de votre prêt parce que cela peut avoir d'énormes conséquences si vous ne saisissez pas tout ce que l'on vous dit », soutient Francine Pelland.

UNE BANQUE VIRTUELLE ?

Autre solution pour ceux qui n'aiment pas se retrouver nez à nez avec un banquier : les banques virtuelles. Grâce à l'internet, près d'une quinzaine d'institutions financières offrent des prêts aux Canadiens sans avoir pignon sur rue. L'apport des courtiers hypothécaires ne serait pas étranger à ce phénomène. « Les gens vont traditionnellement voir les huit grandes institutions, mais nous souhaitons leur offrir autre chose. Les banques virtuelles peuvent être idéales pour des premiers acheteurs ou ceux qui n'ont pas une bonne cote de crédit, comme Equitable Bank », dit Mme Béchard.

Si quelques clics de souris suffisent à bon nombre d'emprunteurs, attention, toutefois. Certains de ces prêteurs ne vous offrent que très peu de services en cas de problèmes et peuvent avoir des clauses particulières en cas de rupture de contrat.

Les petits prêteurs

Plusieurs petits prêteurs prennent de plus en plus d'ampleur, comme Computershare Trust et First National. Selon des données publiées par JLR, ces deux prêteurs qui étaient pratiquement absents du marché hypothécaire québécois en 2005 ont obtenu, respectivement, 2,1 % et 1,0 % du marché hypothécaire en 2014.