Le chalet de bois rond, construit en 1948 au bord d'un lac par le père et le grand-père de la propriétaire, n'est plus. Les souvenirs ont brûlé avec les anciens meubles, tout comme les peintures de la grand-mère. C'était un peu avant Noël, il y a cinq ans. «Je suis passée dans un tunnel de feu», se remémore la propriétaire. Une fois dehors, elle a réussi à sauver son conjoint des flammes en fracassant une fenêtre à la hache! Mais six mois après le désastre, Louise Guertin et Alain Beaudry se sont retroussé les manches pour amorcer la reconstruction.

Cinq ans ont passé. Nous nous trouvons devant un chalet tout neuf, au toit pentu, mais dont les matériaux sont travaillés de façon contemporaine. On a conservé le carré original de 40 pieds sur 40.

«En fait, la maison est bâtie en croix, indique Alain Beaudry. Le plancher central fait 30 pieds sur 40, et 24 sur 12 pour la cuisine et la chambre. On a repris cette forme parce que, comme le chalet est dans une zone riveraine, on ne pouvait pas agrandir au sol.»

Il y a maintenant un étage supplémentaire pour profiter davantage de la vue. Car nous sommes ici au bord du lac Pierre, dans Lanaudière, et le terrain en pointe permet d'avoir une vue sur l'eau à 180°.

Alain et Louise ne voulaient pas refaire une maison selon le même modèle que l'ancienne. «On ne pouvait pas recréer ce qu'on avait avant, alors on a viré de bord complètement, explique le propriétaire. On ne voulait quand même pas un toit plat, on trouvait que c'était trop, alors on est allés dans le rustico-contemporain.» Sur du papier quadrillé, ils ont imaginé leur nouveau chalet.

Parmi les arbres brûlés sur le terrain, le couple a récipérer quelques pins centenaires à peine brunis, pour les transformer notamment en plan de travail pour la cuisine, en étagères, en banquettes, en bureaux, parfois même en pans de mur! La grande table de la salle à manger repose sur un de ces larges troncs éprouvés par l'incendie.

Fini, le vieux style.

La priorité? Voir l'eau et la lumière grâce à une enfilade de fenêtres. «On savait ce qu'on voulait, le technologue a travaillé à partir de nos dessins», souligne Louise Guertin. Le revêtement des plafonds et des murs est en cèdre, bois possédant beaucoup de cachet et très durable. Les planchers sont en pin rouge.

Ils ont commandé les planches intérieures et extérieures, de la bonne largeur, à une entreprise locale: les Bois Ga-My, de Saint-Jean-de-Matha. «Pour les murs, les planches sont taillées avec des encavures pour un look contemporain», signale Alain. Elles sont donc superposées l'une sur l'autre.

Le couple a voulu limiter les dépenses et a donc travaillé lui-même méthodiquement et régulièrement à la finition de la construction et à l'amélioration continue. «Pour arriver dans le budget, j'ai teint toutes les planches une par une!», confie par exemple Louise Guertin. Ils ont fini les salles de bains, les chambres, les balcons et les vérandas, le sous-sol, la salle de jeu.

Le plafond cathédrale rappelle celui de l'ancien chalet. «Quand j'étais petite, je comptais les petites planches... Je tenais à ce que le plafond soit comme avant.» Il s'agit de cèdre embouveté. Comme dans le temps, ce sont des planches de deux pouces et demi. Imaginez comme l'installation a été longue! Sur les murs, toutefois, ce sont des planches de six pouces.

Toujours pour maximiser la lumière, les propriétaires tenaient à voir à travers les marches de l'escalier. Tout au long et en haut, les rampes sont garnies de filins d'acier. Alain Beaudry, assisté de Louise et de ses enfants, Hugo et Marie-Frédérique, a travaillé dur pour installer cette rampe qui allège la passerelle. De là-haut, on a une vue magnifique de la salle de séjour. On voit aussi les deux façades vitrées en pignon, d'un côté à l'autre de la maison. Cette passerelle réunit les deux chambres et le bureau, installé en mezzanine. Grâce à cet immense dégagement, assis à la salle à manger, par exemple, on voit l'extérieur et les étoiles.

Le chalet déploie 45 fenêtres sur le lac. «Ça prend du temps enlever les moustiquaires! Mais maintenant, on a la technique», souligne Alain. L'entrepreneur disait à Louise: «Il faut que ça tienne sur quelque chose!» La propriétaire avoue avoir fait une concession dans la cuisine en laissant un bandeau solide pour placer les épices. Et par temps chaud, les nombreuses fenêtres à battants entrouvertes au-dessus des portes, à mi-hauteur, permettent une aération des plus confortables.

Le chalet compte deux vérandas, une d'été et une d'hiver. Une troisième est en planification au sous-sol. Impossible ici de faire autrement quand la nuit tombe, à cause des moustiques. Mais aussi pour profiter de l'extérieur en temps de pluie. Alain y a installé un barbecue surmonté d'un toit de tôle galvanisé, peint noir, amovible, qui s'ouvre avec trois niveaux pour laisser passer la fumée. Finalement, c'est là que les repas se prennent tous les jours.