Cindy Leclerc et François Tessier ont quitté Verdun, il y a trois ans, pour s'installer à Rivière-des-Prairies. Ils appréciaient beaucoup leur vie urbaine, mais l'arrivée de leur deuxième enfant les a forcés à élargir leurs horizons. C'est dans le Faubourg du Ruisseau qu'ils ont trouvé la perle rare.

Ils ont été séduits par une maison à étage détachée qui répondait à tous leurs critères: elle était abordable, avait une cour privée à l'arrière et se trouvait dans un quartier familial. Surtout, elle se trouvait à Montréal. C'était une priorité pour François, qui prend l'autobus et le métro pour se rendre au bureau, au centre-ville.

«Nous pouvons fort bien vivre avec une seule voiture», apprécie Cindy, qui vient tout juste d'avoir son troisième enfant.

Une de leurs grandes découvertes? Le parc-nature de la Pointe-aux-Prairies, où François fait du jogging et du ski de fond, et où toute la famille fait du vélo et de la marche. «L'été, il y a beaucoup de cyclistes le long du boulevard Gouin, au bord de l'eau, précise Cindy. Je me sens en banlieue.»

Lorsque les Leclerc-Tessier ont emménagé, en mars 2009, le prolongement de l'autoroute 25 n'était pas terminé et l'implantation d'une gare tout près était déjà planifiée. Ce dernier point a d'ailleurs joué dans leur décision d'acheter. Ils estiment avoir fait un bon investissement: leur maison avait un prix de base de 280 000$, sans les extras et la certification Novoclimat, il y a trois ans. Une habitation similaire du même constructeur se vendait jusqu'à récemment plus de 345 000$.

Certaines améliorations devraient toutefois être apportées au quartier, estime Cindy. Notamment, aux alentours du boulevard Maurice-Duplessis et de la 71e Avenue. «C'est laid, dit-elle. Le service d'autobus, par ailleurs, est efficace seulement aux heures de pointe. Mieux vaut avoir un horaire régulier!»

Plusieurs défis

L'amélioration du transport collectif est un des grands défis à relever, souligne d'ailleurs Chantal Rouleau, mairesse de l'arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles.

«On mise beaucoup sur la transformation du transport collectif et les pistes cyclables, dit-elle. On veut supprimer la perception de distance avec le reste de Montréal.»

En ce sens, souligne-t-elle, le futur train de l'Est, avec sa gare près des boulevards Maurice-Duplessis et Saint-Jean-Baptiste, est très important, tout comme le prolongement de la ligne bleue vers Anjou. «Cela va faciliter la mise en service de nouvelles lignes d'autobus, tout en aidant au développement économique, dit-elle. Il y a deux parcs industriels à Rivière-des-Prairies. Les employés peuvent difficilement s'y rendre en transport en commun.»

Le quartier renferme de nombreuses richesses, dont le Centre aquatique de Rivière-des-Prairies et le pôle sportif et culturel René-Masson. Il profite aussi énormément de la présence du cégep Marie-Victorin, qui rend disponible ses installations pour aider au développement de l'Est de Montréal, autant aux niveaux social, culturel, sportif, qu'économique. Son complexe sportif se démarque avec son stade de soccer à l'imposante structure de bois, inauguré à l'automne 2010. C'est l'un des six stades certifiés deux étoiles par la FIFA, en Amérique du Nord.

«Nous sommes à l'affût de l'innovation, indique Nicole Rouillier, directrice générale du cégep. C'est important d'encourager les projets qui vont nous faire avancer et nous rendre utiles à la communauté.»

L'arrondissement est beaucoup axé sur la famille et les jeunes, souligne Chantal Rouleau. «Notre défi est de retenir les adultes de 25 à 34 ans, qui ont tendance à aller dans des quartiers centraux de Montréal, précise-t-elle. Beaucoup, par contre, reviennent plus tard avec leur famille. C'est pourquoi notre population est en croissance.»

Multiethnique

Dans Rivière-des-Prairies, la communauté italienne, très active, représente environ 37% de la population. La communauté haïtienne augmente, tout comme le nombre d'immigrants provenant du Cambodge, d'Algérie et du Maroc. Cette diversité culturelle est apparente dans les commerces et restaurants établis le long des boulevards Maurice-Duplessis, Perras, Alexis-Carrel et Armand-Bombardier.

Pour magasiner, toutefois, les résidants se rendent aux Galeries d'Anjou ou à Lachenaie. On ne trouve nulle part, en effet, une véritable concentration de commerces et de restaurants, qui favoriserait les échanges entre les citoyens, déplore Isabelle Foisy, directrice générale de la Chambre de commerce de l'Est de Montréal. «Il manque un lieu central, note-t-elle. Il est possible que celui-ci se développe près de la future gare. On verra.»

Quant au pont de l'autoroute 25, elle ne croit pas qu'il contribuera à l'exode de la population. «J'ose espérer que les gens veulent vivre à Rivière-des-Prairies parce qu'ils sont près des rives, qu'ils peuvent bénéficier de l'ensemble des services offerts aux Montréalais et que les maisons sont encore abordables, dit-elle. C'est à nous de faire valoir ce qu'il y a de bon dans notre secteur!»

- La proximité de la rivière des Prairies idéale pour les sorties à vélo et la course à pied.

- La tranquillité des rues résidentielles. C'est la banlieue, les ponts à traverser en moins.

- L'un des rares secteurs de l'île de Montréal où l'on construit encore beaucoup de maisons détachées et jumelées, et pas seulement des condos.

Les désavantages

- L'absence d'artère commerciale animée ou de centre-ville et la rareté de l'offre: les boutiques, librairies, cafés et bistros où il fait bon s'attarder sont peu nombreux.

- La distance: on peut difficilement faire ses courses à pied. Les commerces sont éloignés les uns des autres.

- Le réseau de transports en commun gagne à être mis en valeur, même si un service de métro-bus permet déjà de se rendre au métro Radisson aux heures de pointe.

- Manque flagrant de planification urbaine dans le passé. Les habitations manquent d'unité d'une rue à l'autre.

Statistiques sur Rivière-des-Prairies

Bordant la rivière des Prairies et situé complètement à l'est de Montréal, le quartier est l'un des plus vieux de l'île. Le 2 juillet 1690, la Bataille de Rivière-des-Prairies, opposant environ 25 hommes de la colonie à une centaine d'Iroquois, y a eu lieu, sauvant l'île. Le coeur historique de l'ancien village agricole se trouve près de l'église Saint-Joseph, construite entre 1875 et 1879, sur le boulevard Gouin Est. Le quartier a vraiment commencé à croître après son annexion à la ville de Montréal, en 1963. Depuis 2006, il fait partie de l'arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, le deuxième plus grand de Montréal, avec ses 42,3 kilomètres carrés, et le sixième plus populeux. -D.B.

Population (en 2006)

55 520 personnes

Habitations

Maisons unifamiliales: 10 808 unités

Plex de 2 à 5 logements: 1032 unités

Appartements en copropriété: 2896 unités

Source: rôle d'évaluation foncière de l'agglomération

de Montréal 2011-2012-2013

Écoles

Il y a six écoles primaires francophones dans Rivière-des-Prairies, dont deux privées, et trois écoles primaires anglophones. On y trouve une école secondaire publique et une autre, privée, ainsi que le cégep Marie-Victorin.

Parcs et espaces verts

Il y en a 65, dont l'immense parc-nature de la Pointe-aux-Prairies, une oasis à proximité de l'autoroute 40.

Dans les plans

- selon Chantal Rouleau, mairesse de l'arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles

> Mettre en valeur les berges autant le long de la rivière des Prairies que du fleuve Saint-Laurent, à Pointe-aux-Trembles. Un plan directeur est en train d'être réalisé pour tenir une consultation publique au printemps. La mairesse caresse même le projet d'aménager une plage.

> Prolonger et réaménager le boulevard Maurice-Duplessis aux alentours de la future gare de Rivière-des-Prairies, à la suite d'une réflexion portant notamment sur un projet commercial, avec des services de proximité, afin que les résidants des environs aient moins recours à leur automobile.

> Réaménager le boulevard Saint-Jean-Baptiste, la seule artère qui traverse l'arrondissement du nord au sud, pour en faire une belle avenue bordée d'arbres, avec une piste cyclable.

> Donner une nouvelle adresse à la Maison de la culture. Ce projet, demandé depuis 25 ans, pourrait être réalisé en 2014. Une seconde bibliothèque, attenante, pourrait également s'ajouter.

> Construire en 2012 la première coopérative d'habitation à Rivière-des-Prairies depuis plus de 10 ans.

Photo: Édouard Plante-Fréchette, La Presse

Chalet d'accueil du Parc nature de la Pointe aux Prairies.