Vents à décrocher les toitures, pluies diluviennes, neiges abondantes suivies de redoux: dame Météo se déchaîne plus souvent qu'il y a 10 ans et cause des sinistres plus importants. Le monde de l'assurance habitation, forcément, est secoué... Pour le propriétaire d'une maison, cela signifie des primes à la hausse, une moindre admissibilité à certaines clauses et un suivi plus serré avec l'assureur.

Intact Assurance, depuis le printemps 2010, récompense les clients prévoyants par un rabais sur la prime. Au moyen d'un questionnaire rempli par téléphone, le courtier pose un diagnostic sur le risque par rapport à l'eau et au vent, et livre, par courriel, un rapport avec un code de couleurs. «Le client qui ne se qualifie pas peut agir et se qualifier l'année suivante», souligne le porte-parole Alexandre Royer.

Au tournant de l'an 2000, les dommages causés par l'eau ont pris la première place, dépassant les pertes par le feu ou le vol. La moitié des dépenses des assureurs - des réclamations réglées - s'applique aux dégâts d'eau. Il y a 10 ans, le ratio flottait entre 30 et 40% (les inondations, prises en charge par la Sécurité civile, ne figurent pas dans ces chiffres).

«Le phénomène climatique se double d'un changement social: les sous-sols sont davantage habités, bien finis et dotés d'équipements coûteux», explique Jack Chadirdjian, du Bureau d'assurance du Canada (BAC).

Qui doit payer?

«Les municipalités, gouvernements, constructeurs et propriétaires doivent prendre chacun leurs responsabilités, affirme Henry Blumenthal, vice-président chez TD Assurance. Les assureurs ne pourront pas faire face seuls. Ils ont subi des déficits avec l'habitation, et, en conséquence, ont augmenté leurs tarifs. Un travail doit être fait dans la modernisation et l'entretien des équipements municipaux. Si un quartier est mal desservi, les primes d'assurance seront plus élevées. La fréquence et l'importance des sinistres dans un secteur sont des critères de fixation des prix et d'admissibilité à certaines clauses.»

Les protections contre les dégâts d'eau sont ajoutées au contrat d'assurance minimal sous forme d'avenants, un pour les risques au niveau du sol (essentiellement le refoulement d'égout), et un autre pour les infiltrations (portes, fenêtres et toiture).

«On exige plus de critères, maintenant, pour inscrire les avenants au contrat d'assurance, explique Henry Blumenthal. Par exemple, on peut demander la pose d'un clapet de retenue, pour prévenir les refoulements d'égout.»

Pour sensibiliser leurs clients, certaines compagnies d'assurances envoient des courriels aux clients: après une chute de neige abondante, par exemple, pour recommander de dégager le toit.

«Au renouvellement de la police, on conseille de nettoyer les gouttières, de bien dégager le drain d'un toit plat, d'entretenir la margelle, etc., poursuit M. Blumenthal. C'est simple et peu coûteux. Je vérifie mon puisard à pompe (sump pump), dans le sous-sol, après chaque tempête, beaucoup plus souvent qu'il y a 10 ans.»

Recherche

Intact Assurance mène un projet de recherche avec l'Université de Waterloo, en Ontario, visant à outiller les gouvernements, les municipalités et les assureurs, par rapport aux répercussions des changements climatiques. «D'ici quelques années, il en résultera des recommandations concrètes à plusieurs niveaux: amélioration des égouts, protection de la biodiversité, pratiques agricoles appropriées, explique Alexandre Royer, chez Intact Assurance. La recherche élaborera également quelques scénarios pour les années 2020 à 2050.»

Le BAC, de son côté, travaille sur un outil de gestion du risque: un logiciel qui devrait être prêt environ en 2013, et qui pondère une vingtaine de variables pour aider les assureurs et les municipalités à mesurer les risques.

Le BAC fait des représentations auprès des gouvernements et municipalités pour l'entretien des infrastructures souterraines. «Dans l'esprit des décideurs, il faut que le concept de changements climatiques signifie «eau dans le sous-sol», et non pas seulement «gaz à effet de serre», résume M. Vadirdjian. Les décideurs doivent investir chaque année dans la modernisation et l'entretien des égouts et aqueducs. L'assuré doit lui-même veiller à diminuer les risques: ne pas attendre les dommages pour changer le chauffe-eau, refaire les bardeaux du toit, ne pas avoir d'entrée de garage en pente, etc.»

«Le moment de la construction - ou de la rénovation - est idéal pour penser à protéger la maison, ajoute Henry Blumenthal. Par exemple, nous faisons pression sur l'industrie pour qu'elle utilise des clous vrillés, qui ne coûtent pas plus cher et résistent mieux aux intempéries. Ils peuvent parfois empêcher un toit de s'envoler. Il faut également conserver plus de terrain naturel, le meilleur système pour absorber l'eau.»

> https://www.tdassurance.com/produits-et-services/assurance-habitation/water-damage-example-index.jsp

> www.infoassurance.ca