Article publié dans le cahier Mon toit, le samedi 21 avril 2007 

Dans les prochains jours, Denis Brault commencera la construction de sa nouvelle maison, un grand cottage face à la rivière Acadie, à Saint-Basile-le-Grand. Avec sa femme Danielle Chevalier et leurs enfants, Chloé et Philippe, il partagera une des maisons les plus efficaces énergiquement au Québec.

L'entrepreneur entend relier sa maison au réseau d'Hydro-Québec... pour leur vendre plus souvent qu'autrement le surplus d'énergie qu'il produira. Et des surplus, il en espère beaucoup.

La maison sera coiffée d'une petite éolienne, mais aussi de panneaux photovoltaïques et de capteurs solaires thermiques (à l'eau). Pour réduire les frais de chauffage et de climatisation, la famille se dotera aussi de puits géothermiques - un système qui récupère la chaleur du sol l'hiver, et sa fraîcheur l'été.

«Au départ, j'hésitais à avoir recours à la géothermie parce que je ne voulais pas utiliser mes systèmes à seulement 20 % chacun, explique M. Brault. Je crois par contre qu'ils seront tous utiles à un moment ou à un autre.»

La famille profitera de chacune de ces technologies, mais professionnellement, l'entrepreneur et maître électricien en tirera aussi des avantages. «Je pourrais commencer à vendre tous ces systèmes dès maintenant, mais je crois qu'il est préférable de les expérimenter, dit-il. Je vais savoir de quoi je parle, et croyez-moi, si l'un d'entre eux a des lacunes, je ne les cacherai pas.»

Au total, tous les éléments non traditionnels dans sa maison lui coûteront environ 100 000 $. Ils ont donc avantage, ajoute l'entrepreneur, à être efficaces.

Denis Brault contrôlera tous ces systèmes à partir d'une «salle des machines», son antre situé au sous-sol de la maison. Envers et contre son architecte, il envisage d'insérer une pièce de verre dans le plancher du rez-de-chaussée pour permettre aux visiteurs d'admirer la pièce - sa pièce - d'en haut.

«Quand la lumière de cette salle sera fermée, nous ne verrons rien du rez-de-chaussée», précise l'entrepreneur, comme pour rassurer ses proches qui ne partagent pas nécessairement sa passion pour les fils et les voyants lumineux.

«Moi, tant que tous ces systèmes ne nuisent pas à la décoration, ça me va!» plaisante sa femme.

C'est là qu'intervient l'architecte Börkur Bergmann, retenu par Denis Brault pour dessiner les plans de la maison. Pour lui, une résidence doit d'abord être agréable à vivre. Ensuite viennent toutes les innovations technologiques auxquelles l'électricien rêve.

«Je ne pense pas que l'on puisse réduire le design d'une maison au seul aspect environnemental ou technologique, croit-il. L'habitation, ce n'est pas que ça.»

L'architecte a donc dessiné une grande demeure largement fenestrée face à la rivière Acadie et au sud. Tout l'après-midi, le soleil inondera de lumière le salon, la salle à manger et une partie de la cuisine.

À l'étage, les enfants auront leurs quartiers loin de la chambre de leur parents, située au rez-de-chaussée. Chloé, 9 ans, et Philippe, 6 ans, dormiront dans de grandes pièces face à la rivière. Enfin, une troisième chambre pourrait aussi servir à l'un ou l'autre des enfants ou de salle de jeux commune.

Automatique

La passion de Denis Brault pour l'électricité et l'électronique ne se limite pas à l'économie d'énergie. Il entend automatiser le plus possible sa future maison.

Déjà, dans leur demeure de Saint-Bruno, la famille profite d'un système d'éclairage ultrasophistiqué. Dans la cuisine, plusieurs scénarios d'éclairage ont été prédéterminés. Selon qu'il cuisine, qu'il reçoive des amis ou qu'il ne désire qu'une luminosité minimale, le couple n'a qu'à sélectionner le bouton A, B ou C. Aussi simple que ça.

Dans sa nouvelle maison, Denis Brault entend aller plus loin. «J'envisage installer des capteurs qui mesurent la chaleur provenant de l'extérieur. Ils pourraient envoyer un signal qui modifiera le chauffage du cottage en conséquence», explique-t-il.

Pas question toutefois, pour faire joli, de surcharger le réseau électrique par des appareils trop énergivores. «Je peux dire tout de suite aux personnes qui veulent utiliser l'énergie d'une éolienne d'oublier les 300 lumières halogènes encastrées dans le plafond. Ça ne fonctionnera pas. Les méthodes alternatives impliquent certains choix que nous devrons assumer. J'exagère souvent en disant à ma femme qu'elle devra se faire couper les cheveux pour utiliser moins le séchoir. Ce sont des plaisanteries, mais vraiment, il n'y aura plus de gaspillage!»

Pour suivre l'évolution des travaux : www.maisonpurenergie.com

Verts, mais depuis peu

Écolos purs et durs, les Brault-Chevalier? Pas tout à fait. La famille ne recyclait même pas ses déchets l'an dernier.

«J'avais du mal à mettre une boîte de conserve au recyclage! se souvient Danielle Chevalier. En fait, on n'avait même pas de bac vert. La construction de cette maison très efficace énergiquement nous a par contre ouvert l'esprit. On évolue! Et maintenant on a des boîtes de recyclage gros format.» Des recherches sur l'habitation verte et sur l'économie d'énergie ont donc amené la famille à intégrer de nombreux éléments écologiques à leur maison.

En voici plusieurs :

> un toit vert;

> une grande fenêtre face au sud pour un chauffage passif l'hiver;

> un foyer de masse (une structure de béton qui emmagasine la chaleur du feu, puis la redistribue);

> une petite éolienne;

> un système géothermique;

> une isolation des murs supérieure;

> des panneaux solaires photovoltaïques;

> des capteurs solaires thermiques (pour chauffer l'eau);

> une climatisation naturelle (l'air entre par le bas de la maison et sort par de petites ouvertures par le haut);

> des bassins pour la récupération des eaux de pluie et des eaux grises;

> des matériaux recyclés dans la mesure du possible.