La brique grise et les lattes jaunes de l'édifice lui confèrent un air juvénile qui tranche avec les immeubles bruns de la rue Ontario Est. C'est toutefois derrière son parement que le bâtiment diffère principalement des autres. Ses caractéristiques environnementales permettent à ses occupants d'économiser environ 50 % de l'énergie et de l'eau habituellement nécessaires pour alimenter un édifice de même taille.

La brique grise et les lattes jaunes de l'édifice lui confèrent un air juvénile qui tranche avec les immeubles bruns de la rue Ontario Est. C'est toutefois derrière son parement que le bâtiment diffère principalement des autres. Ses caractéristiques environnementales permettent à ses occupants d'économiser environ 50 % de l'énergie et de l'eau habituellement nécessaires pour alimenter un édifice de même taille.

D'après les calculs de l'architecte Ronald Rayside, à la tête de cette réalisation baptisée «Casse-Tête», les frais de chauffage et de climatisation des locataires oscillent autour de... 35 $ par mois en moyenne (60 $ dans les pires mois d'hiver et une vingtaine de dollars l'été). Pour un loyer qui varie entre 950 et 1100 $ par mois, les locataires reçoivent des factures énergétiques lilliputiennes grâce notamment à un système géothermique (des tuyaux qui récupèrent la chaleur du sol l'hiver et la fraîcheur l'été) et à une isolation supérieure.

«J'ai loué un appartement ici principalement parce que les caractéristiques vertes m'intéressaient. Au départ, je cherchais à vivre dans le Plateau-Mont-Royal, mais j'ai été séduite par le projet de Rayside, même s'il est nettement plus au sud», dit Marie-France Lavallière, locataire d'un des logements.

La jeune femme, assise devant son ordinateur, profite de la lumière traversant l'immense fenêtre de son salon. La journée est obstinément grise, mais elle n'a eu à allumer aucune lampe. Elle attend donc sereinement les prochaines factures d'énergie.

Derrière elle, la cuisine compte des armoires en panneaux de paille, une ressource facilement renouvelable. Les planchers sont aussi faits de bois certifié FSC (Forest Stewardship Concil), un label qui assure que le producteur forestier a à coeur le renouvellement des terres qu'il exploite.

Un des grands avantages des considérations environnementales de son propriétaire reste toutefois le toit vert, où elle peut siroter un café en regardant le centre-ville, dès le printemps venu. À l'extérieur des heures d'ouverture du bureau, les locataires se partagent ce jardin en hauteur qui a l'avantage de retenir une bonne partie des eaux de pluie.

Toutes ces caractéristiques devraient valoir la certification LEED à l'édifice d'ici la fin de l'année. L'édifice se retrouve aussi en nomination dans la catégorie «projets commerciaux» des Prix d'excellence en architecture de l'Ordre des architectes du Québec.

Proprio écolo

Les logements aussi verts restent rares. Et pour cause, ajoute Ronald Rayside. Il s'agit d'une entreprise coûteuse qu'il vaut mieux envisager d'un point de vue idéologique plutôt que financier. «Je tenais à faire des espaces locatifs au-dessus de nos bureaux, mais c'est purement une question de convictions, explique l'architecte. Comme les économies d'énergie profitent surtout à nos locataires et que nous n'avons pas fixé un loyer démesuré, ça peut être rentable, mais à long terme.»

Rayside Architecte a acheté cet immeuble à un organisme de charité. Le bâtiment était à l'abandon depuis 10 ans, et le groupe l'a acquis à bon prix. La récupération et le recyclage de certains matériaux d'origine ont toutefois nécessité des coûts importants.

«Seulement de réutiliser le bois de l'ancien immeuble pour recouvrir certains murs, ça m'a coûté les yeux de la tête, explique M. Rayside. La loi fait en sorte que seuls les ouvriers qualifiés peuvent entrer sur le chantier. Payer un employé 50 $ l'heure pour arracher des clous pour réutiliser des planches, ce n'est pas donné. Voilà pourquoi, entre autres, il est encore difficile de construire vert, particulièrement du locatif. Heureusement, le marché prend tranquillement le virage vert. On va trouver des solutions.»