Je suis toujours étonné de l'échelle du construit aux États-Unis. Tout nous semble surdimensionné: les autoroutes, les stationnements, les «power center», les immeubles, les nouvelles maisons... Et il n'y a personne dans les rues. La voiture est au centre de la vie des gens. Alors qu'on parle de développement durable, une façon d'utiliser de façon judicieuse nos ressources, ce n'est pas l'exemple à suivre.

Je suis toujours étonné de l'échelle du construit aux États-Unis. Tout nous semble surdimensionné: les autoroutes, les stationnements, les «power center», les immeubles, les nouvelles maisons... Et il n'y a personne dans les rues. La voiture est au centre de la vie des gens. Alors qu'on parle de développement durable, une façon d'utiliser de façon judicieuse nos ressources, ce n'est pas l'exemple à suivre.

The New England House imaginée par Office dA. de Boston - photo tirée de la revue Architectural record (avril 2006)

Je marche sur l'artère commerçante du centre-ville, il y a très peu de monde par ce vendredi ensoleillé. Ce qui est passionnant pour quelqu'un qui s'intéresse à l'architecture, c'est qu'on a fait appel à des architectes de renom pour les projets culturels. C'est de cette façon que la ville attire l'attention. Ainsi, Jean Nouvel a conçu le théâtre Guthrie sur le Mississippi, son premier projet nord-américain qui vient d'ouvrir ses portes au public. Ce même architecte a inauguré fin juin, le Musée du quai Branly à Paris qui abrite les «Arts premiers». Le nouveau Théâtre permet quant à lui de revitaliser le secteur des anciens silos et de devenir un repère urbain important.

Le bâtiment est entièrement recouvert de panneaux de métal bleu nuit sur lequel on a imprimé des images inspirées par les arts de la scène. L'effet de nouveauté et les effets spectaculaires de son architecture font qu'on a l'impression que c'est ici que la ville bouge.

Un autre projet incontournable est le Walker Art Center dessiné par les architectes suisses Herzog et De Meuron. Ces derniers ont conçu la Tate Modern à Londres qui, pour l'avoir visité plusieurs fois, est un musée d'art moderne et contemporain très impressionnant de par sa collection et son architecture. Leur projet à Minneapolis est plus modeste, mais il abrite une collection remarquable. Minneapolis nous offre des contrastes saisissants. D'un côté, une ville démesurée presque hors d'échelle et de l'autre, des projets culturels dignes des grandes métropoles. J'ai retrouvé les mêmes écarts dans les projets soumis par les architectes au jury de AIA.

Choix culturels

Inutile de vous dire que j'ai défendu les projets culturels, ceux à l'échelle humaine et qui étaient respectueux de leur environnement. Je ne peux vous présenter les projets résidentiels lauréats, mais j'ai choisi quelques maisons qui présenteront je l'espère un intérêt pour vous.

La Stilt Cabin réalisée par O. Sundberg et K. Allen. - Photo tirée de la revue Architectural record (avril 2006)

D'abord, la maison Fisher, une icône pour moi, conçue par Louis Kahn dans les années 60. C'est un volume simple de bois déposé sur un socle de pierres. Les ouvertures sont méticuleusement découpées dans le volume pour offrir un contact privilégié avec l'environnement. La pierre et le bois donnent à l'ensemble une atmosphère particulièrement chaleureuse. Le foyer du séjour est superbe par la simplicité de ses lignes et le bel appareillage des pierres. Tout autour on aperçoit les arbres, on a presque l'impression d'être à l'extérieur. Cette maison a quelque chose d'intemporel, on a l'impression qu'elle a toujours été là.

Ensuite, The New England House conçue par Office dA. de Boston s'inscrit dans la ligne de la précédente. Une forme simple, légèrement désarticulée, qu'on a déposée dans le paysage. La façade donnant sur le jardin est entièrement composée de fenêtres dont la composition s'inspire de Mondrian. Le foyer et la cheminée s'inscrivent dans une forme légèrement arrondie qui contraste avec la géométrie des fenêtres. Le toit excède sur l'autre façade pour protéger le mur de cèdre. L'intérieur est dépouillé et donne une seconde place au bois.

Enfin, une petite maison qui nous rappelle nos cabanes dans les arbres: Stilt Cabin. C'est un petit volume qui s'élève sur trois étages. La structure d'acier est apparente et soutient de délicats balcons en porte-à-faux à chacun des niveaux. Une large toiture semble simplement déposée au-dessus. Les deux étages habitables ne font que 700 pieds carrés, mais ils sont largement ouverts sur le paysage pour démultiplier l'espace. De larges volets coulissants permettent de fermer complètement les fenêtres, lorsque les occupants ont quitté. On dirait alors une petite tour oubliée dans les arbres.

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Pierre Thibault est architecte à Québec depuis plus de 20 ans.