On a compté le mois dernier 1408 coulées de fondations seulement, une baisse de 41 % sur juillet 2005 accentuée par l'affaissement de 67 % des mises en chantier de copropriétés. L'érosion est généralisée: île de Montréal, Laval, couronnes nord et sud.

On a compté le mois dernier 1408 coulées de fondations seulement, une baisse de 41 % sur juillet 2005 accentuée par l'affaissement de 67 % des mises en chantier de copropriétés. L'érosion est généralisée: île de Montréal, Laval, couronnes nord et sud.

Cela aura suffi à entraîner la plongée de 31 % des mises en chantier dans l'ensemble de la Belle province alors que ça bourdonne d'activité ailleurs, d'un océan à l'autre.

«La réalité démographique nous rattrape, note Patricia Dépôt, analyste de marché à la Société canadienne d'hypothèques et de logement. Le solde migratoire n'est plus aussi élevé qu'en 2002-2004, ce qui entraîne la réduction de la demande de nouveaux logements.»

On estime à entre 35 000 et 40 000 le nombre de ménages créés chaque année au Québec. Sur une longue période, la construction résidentielle épouse cette progression démographique. La faiblesse du secteur durant les années 90 avait créé une demande refoulée qui a propulsé la construction au début des années 2000. Cela a culminé avec les 58 448 mises en chantier de 2004.

Cette année, le Mouvement Desjardins prévoit 43 000 nouveaux logements et 39 000 unités l'an prochain. Pour arriver à ce chiffre, l'activité devra encore ralentir car la moyenne annualisée des premier et deuxième trimestres donne 50 700 puis 45 800 unités. À ce jour, l'activité accuse un retard de 9 % sur celle de l'an dernier, mais cet écart ira en se creusant.

«Dès l'an prochain, on revient à l'équilibre», note Hélène Bégin, économiste à l'institution lévisienne, qui ne voit rien de dramatique au ralentissement actuel.

Il a même quelque chose de sain. Dans la région montréalaise, les stocks d'invendus s'accumulent. Ils représentent une demande de trois mois. Si on ajoute les unités en construction qui n'ont pas déjà trouvé preneur, le délai grimpe à neuf mois, ce qui représente des coûts de financement accrus pour les promoteurs. «Ce ne sont pas des chiffres qui font peur, mais qui incitent à la prudence», juge David L'Heureux, aussi de la SCHL.

Les promoteurs l'ont compris à coup sûr. Dans l'île de Montréal, la construction de logements en copropriété (condos), qui assure depuis quelques années le gros de l'activité, a chuté de 59 %, le logement locatif aussi, bien que dans une moindre mesure. Peu nombreuses, les mises en chantier de maisons unifamiliales détachées ou jumelées ont légèrement augmenté.

Le fort ralentissement de la construction de copropriétés s'est aussi fait sentir sur les deux couronnes. Au nord en incluant Laval, l'activité recule de 37 %, au sud, de 43 %.

Le marché de la revente représente un concurrent de plus en plus sérieux à la maison neuve, surtout pour les premiers acheteurs qui ont vu augmenter le loyer de l'argent en même temps que le prix des maisons neuves au cours de la dernière année.

Cela dit, quelques chantiers pourraient démarrer au cours des prochains mois. La SCHL a vent de deux projets de résidences pour retraités à Laval et d'un autre sur la Rive-Sud, dont l'excavation a commencé. Selon ses critères, il y a mise en chantier une fois faite la coulée de fondation.

Activité accrue au Canada

L'état de santé du secteur de la construction est bien différent ailleurs au pays. En juillet, on a dénombré 236 500 mises en chantier au Canada sur une base annualisée désaisonnalisée, soit autant qu'en juin et 10 000 de plus que ce que prévoyaient les analystes. L'activité a été des plus robustes en Colombie-Britannique et en Ontario.

«Même si le marché immobilier reste très animé, il n'a pas atteint les excès du marché américain, fait remarquer Marc Lévesque de valeurs mobilières TD. Par conséquent, le risque d'une correction sévère reste faible.»