Container City ressemble à un immense jeu de Lego. Comme des blocs empilés par les mains maladroites d'un enfant, les conteneurs forment un ensemble asymétrique coloré. Avec des loyers moins chers que la moyenne londonienne, il n'en fallait pas plus pour que des artistes s'approprient ces immeubles originaux.

Container City ressemble à un immense jeu de Lego. Comme des blocs empilés par les mains maladroites d'un enfant, les conteneurs forment un ensemble asymétrique coloré. Avec des loyers moins chers que la moyenne londonienne, il n'en fallait pas plus pour que des artistes s'approprient ces immeubles originaux.

Ouverts à leur extrémité, ces conteneurs empilés offrent une luminosité exceptionnelle aux résidants de l'immeuble.

Les 60 appartements, construits à partir de 123 conteneurs, sont empilés au bout d'un quai négligé dans Docklands, un secteur maritime encore très industriel de Londres. À un jet de pierre, les pinces du ferrailleur voisin ne feraient certainement qu'une bouchée du complexe métallique.

Même six ans après la construction de sa première phase, Container City intrigue encore les Londoniens. L'intérêt dépasse d'ailleurs largement les frontières de la ville. «Chaque jour, je reçois cinq demandes d'information en provenance de l'Amérique du Nord seulement, raconte Eric Reynolds, président d'Urban Space Management et concepteur de Container City. On va construire un projet semblable à New York et à Las Vegas, et des promoteurs de Montréal sont venus nous rencontrer récemment à Londres pour voir les conteneurs de plus près.»

L'idée est pourtant toute simple. En conservant l'enveloppe métallique des conteneurs, Eric Reynolds obtient le revêtement extérieur de ses immeubles. Ne reste alors plus qu'à isoler les conteneurs, à les empiler, à percer des fenêtres et à aménager l'intérieur comme n'importe quelle nouvelle construction.

Ce sont 30 années à recycler des édifices pour des clients au budget restreint qui ont amené tout naturellement l'homme d'affaires à utiliser ces boîtes métalliques comme matière première. «Je n'ai jamais travaillé avec des clients fortunés, raconte le promoteur. J'ai donc toujours fait plus avec moins.»

L'intérieur des studios est tout à fait banal. Qui pourrait dire que ce salon se trouve à l'intérieur d'un conteneur?

Les conteneurs qu'il utilise mesurent 40 pieds de long sur 8 de large et comptent un plafond à 8 pieds de hauteur. Amplement de quoi faire un petit studio. Urban Space Management a toutefois soudé quelques conteneurs les uns aux autres pour en faire des appartements plus vastes.

«Nous avons lancé ce projet pour le passage à l'an 2000, raconte M. Reynolds. Nous savions que l'apparence futuriste de Container City marquerait bien le coup.»

Futuriste, peut-être, mais hors du commun, certainement. Les bateaux ralentissent à la vue du développement et leurs occupants montrent du doigt les étranges conteneurs.

Pourtant, l'aménagement intérieur du bureau d'Eric Reynolds, en plein coeur du complexe, est tout ce qui il y a de plus banal. Murs en gypse, plancher de bois stratifié, stores verticaux: sans la vue exceptionnelle, on ne se croirait pas dans l'un des immeubles les plus convoités de la ville.

Modulables, les conteneurs permettent aux promoteurs de créer des immeubles originaux.

Au départ, le complexe ne devait comprendre que des ateliers pour les artistes londoniens, dont le budget est malmené par le coût exorbitant des loyers dans la capitale britannique. Puisque l'élan créatif ne se confine pas à un horaire de travail, plusieurs locataires y ont par contre élu domicile à temps complet.

«Environ 20 personnes vivent à Container City, précise le promoteur. C'est même devenu un des derniers endroits à la mode pour habiter. Nous avons une liste d'attente de personnes, artistes ou pas, qui veulent leur studio dans notre développement.»

Beau, bon, pas cher

Pour éviter que la popularité des studios ne fasse grimper les prix, Eric Reynolds tient à ce que son entreprise reste propriétaire du complexe et continue à louer les espaces. «C'est ma façon de préserver les immeubles contre la spéculation et les hausses de prix. Il faut que ça reste abordable.»

C'est donc d'abord le prix des loyers qui fait courir les artistes et les Londoniens branchés. Urban Space Management demande 965 par mois pour un studio de près de 700 pieds carrés.

Isolé au bout d'un quai, Container City est surtout peuplé d'artistes et de jeunes professionnels.

Un excellent prix pour vivre à deux pas du métro et à une vingtaine de minutes du centre de Londres. En comparaison, c'est comme trouver un studio de même dimension dans l'arrondissement de Lachine, à Montréal, pour environ 275 par mois.

L'idée de vivre dans un quartier unique a aussi séduit plusieurs habitants de Container City. «La rumeur voulait que le développement ressemble à des boîtes à biscuits, raconte David Myers, qui a eu sa place à Container City, il y a deux ans. Quand j'ai vu le complexe, j'ai trouvé ça très beau et très original. De plus, comme la plupart des résidants ici sont des artistes, l'ambiance est géniale.»

Enfin, les efforts environnementaux d'Urban Space Management plaisent aussi aux résidants du quai. Le promoteur affirme que 80% des matériaux utilisés pour construire Container City ont été recyclés. Même les conteneurs ont transporté des marchandises de la Chine à l'Angleterre avant d'être transformés.