Un jeune couple construit actuellement la première maison individuelle qui pourrait être certifiée LEED au Canada. Les fondations ne sont pas encore coulées que déjà, la nature force les futurs propriétaires à modifier leurs plans. La Presse suivra l'évolution des travaux étape par étape jusqu'à ce que la maison soit habitable, à l'automne prochain.
Un jeune couple construit actuellement la première maison individuelle qui pourrait être certifiée LEED au Canada. Les fondations ne sont pas encore coulées que déjà, la nature force les futurs propriétaires à modifier leurs plans. <i>La Presse </i>suivra l'évolution des travaux étape par étape jusqu'à ce que la maison soit habitable, à l'automne prochain.
«Les chambres des enfants seront là, et juste au-dessus, nous aurons nos quartiers, Marie-Ève et moi, avec un accès à deux terrasses. De partout, on pourra voir les chevreuils qui reviendront sûrement sur notre terrain après la construction de la maison.»
Les yeux pétillants, Alexandre Thibodeau parle de son futur cottage comme n'importe quel futur propriétaire. À la différence qu'il en gère lui-même la construction, et qu'il pourrait s'agir de la première maison certifiée LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) au Canada.
Le système d'évaluation des bâtiments écologiques reconnu internationalement gagne en popularité au pays, presque exclusivement auprès des gestionnaires d'édifices institutionnels et commerciaux. Quelques complexes résidentiels ont aussi emboîté le pas, mais aucun propriétaire de maison détachée n'avait jusqu'ici tenté l'expérience.
Pour une bonne raison: ne construit pas LEED qui veut. L'organisation demande que le propriétaire suive le plus fidèlement possible une charte de construction exhaustive. Chaque critère considéré donne des points, et le total déterminera si le projet obtient une certification ou pas. Le projet doit aussi être chapeauté par l'organisme et les propriétaires recevront deux fois la visite d'un inspecteur sur le chantier.
Ces contraintes n'effraient pas le jeune bachelier en architecture et sa compagne, Marie-Ève Cloutier. Parents de deux enfants de 2 ans et de presque 3 mois, ils feront bientôt couler les fondations de leur maison verte.
Système de récupération des eaux de pluie, foyer de masse pour le chauffage, toit vert, appareils à faible consommation énergétique et recyclage de matériaux pour la construction : ces initiatives leur permettront notamment d'obtenir leur certification LEED.
«Je pense à ce projet-là depuis le début de mes études en architecture, et encore plus depuis que j'ai compris à quel point les déchets de construction encombraient les dépotoirs, raconte le jeune homme. Je n'ai rien contre les projets de maisons vertes marginales, mais je pense qu'avec les critères LEED, on peut prouver à la masse qu'un investissement mineur au départ peut rapporter beaucoup plus à long terme. C'est la seule façon d'éviter que les maisons construites aujourd'hui se retrouvent aux poubelles dans 40 ans.»
Pendant deux ans, le couple a donc arpenté les campagnes de la grande région métropolitaine, les Laurentides, Lanaudière et les Cantons-de-l'Est. C'est dans cette dernière région, à Bolton-Ouest, qu'il a trouvé l'endroit où il élèverait ses garçons et mènerait son projet à bien.
Depuis la fin de l'hiver, Alexandre dessine et redessine les plans de leur future maison. «En creusant, on a découvert d'immenses blocs de roc sous la terre, explique le futur architecte. Comme je n'aime pas l'idée ni les coûts du dynamitage, je suis retourné à mes plans. Finalement, on construira sur la roche et là où elle monte, ce sera un vide sanitaire et un espace de rangement.»
Au bout du compte, la famille profitera d'une maison d'environ 1800 pieds carrés en pleine forêt. Le jeune Léopol, 2 ans, né à Montréal a déjà commencé à prendre des couleurs à force de trotter sur le terrain de 5 acres, constate sa mère. Si tout va bien, il dormira dans sa nouvelle maison au mois d'octobre, novembre au plus tard. «C'est vraiment un projet emballant, s'enthousiaste la mère de famille. J'ai hâte de voir la maison et de profiter des avantages d'une telle construction.»