Se loger est un véritable casse-tête. «Leur maison les rendent carrément malades. Certains doivent parfois même dormir dans leur auto», explique Michel Gaudet, porte-parole de l'Association pour la santé environnementale, les hypersensibilités et les allergies du Québec (AEHAQ), un organisme qui défend les droits des personnes handicapées par la pollution dans les édifices et autres endroits contaminés.

Se loger est un véritable casse-tête. «Leur maison les rendent carrément malades. Certains doivent parfois même dormir dans leur auto», explique Michel Gaudet, porte-parole de l'Association pour la santé environnementale, les hypersensibilités et les allergies du Québec (AEHAQ), un organisme qui défend les droits des personnes handicapées par la pollution dans les édifices et autres endroits contaminés.

Selon diverses études canadiennes et américaines, 12 % de la population souffrent à divers degrés d'hypersensibilité environnementale. Cette maladie chronique se déclare à la suite d'une exposition continue à un polluant- un travailleur manipulant des produits toxiques par exemple- ou à la suite d'une surexposition. Plusieurs de ces personnes perdent leur emploi et ne peuvent plus fonctionner normalement dans la société.

En plus des traitements médicaux, une autre solution s'offre à eux pour améliorer leur état de santé: vivre dans une maison exempte de poussière, de moisissures, de pollen et de vapeurs toxiques. C'est ce que démontrent des recherches menées par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) et des études cliniques.

L'AEHAQ travaille de concert avec un architecte et un groupe technique afin d'offrir des logements sains à prix modique à ces personnes hypersensibles. L'élément primordial d'une telle maison est la qualité de l'air intérieur. «Il faut travailler à la source afin de réduire au maximum les contaminants», explique l'architecte Bernard Olivier, de l'OEUF, une firme qui se spécialise dans les projets de développement durable.

Dans une maison saine, les matériaux, les meubles et les peintures sans COV (composés organiques volatiles) sont de mise, tandis que les tapis et les foyers sont à proscrire. Mais cela ne suffit pas. «Chaque détail de la construction revêt aussi une grande importance. Par exemple, il faut nettoyer les vis et les conduits de ventilation avant de les installer, afin d'enlever toute trace possible de produits chimiques», explique l'architecte.

Sus à la poussière

On doit également éliminer tous les espaces où pourrait s'accumuler de la poussière. La chambre mécanique et tous les conduits de ventilation doivent donc être facilement accessibles pour le nettoyage. Dans la maison, l'utilisation de produits chimiques et de vaporisateurs aromatiques est interdite. L'AEHAQ évalue le coût supplémentaire d'une telle construction à 25 %. Un complexe résidentiel de ce type existe déjà à Ottawa depuis une dizaine d'années.

«Un grand nombre de personnes hypersensibles sont considérées comme inaptes au travail. Sans emploi, elles ne peuvent payer les coûts de construction d'une maison adaptée à leurs besoins. D'où l'importance d'offrir des logements à la fois sains et abordables», dit M. Gaudet, dont la femme souffre de cette maladie.

L'Association aimerait ériger les premiers logements sains du Québec dans l'ouest de l'île de Montréal, où l'air est moins pollué en raison des vents dominants ouest-est.

L'AEHAQ tente actuellement d'obtenir le financement nécessaire à ce projet. L'organisme comptant plus de 200 membres entend déposer ce printemps une pétition à l'Assemblée nationale. «Aucune aide médicale pour les personnes hypersensibles n'existe actuellement au Québec, alors qu'il en existe en Ontario et en Nouvelle-Écosse», déplore M. Gaudet.

_______________

Sur Internet: L'AEHAQ: www.aeha-quebec.ca