Article publié le 13 juin 2005Il y a 15 ans, Normand Harvey et Denise Barrette se méritaient les honneurs de la première opération oePatrimoine populaire montréalaisoe, maintenant désigné sous le vocable oePatrimoine architectural de Montréaloe, dans la catégorie des édifices à logements multiples, pour avoir réalisé avec succès la restauration et la rénovation de l'immeuble Purcell, du nom de son premier propriétaire.

Construit en 1895, le bâtiment en pierre grise et en brique, situé au 1270-1280, rue Beaudry dans le Village, se démarque des autres constructions voisines par ses influences néo-romanes inspirées de l'architecte américain Henry Hobson Richardson (1838-1886).

Selon une étude effectuée par l'historien en art, Robert Poirier, Andrew Purcell devait être un ouvrier à l'aise pour avoir fait construire ce type de maison dans un quartier ouvrier où les bâtiments étaient surtout en bois à la fin du XIXe siècle. Selon les recherches, il travaillait pour la brasserie Dawe du Sault-au-Récollet comme embouteilleur et distributeur de bière puisqu'il disposait d'une écurie à l'arrière de la maison.

Lorsqu'on examine la façade, on s'aperçoit que la maison de six logements a du caractère. La maçonnerie est en pierres bosselées, les fenêtres sont cintrées, quatre jolis balcons avec garde-corps en fer forgé, un toit en mansarde recouvert d'ardoise et une grande porte cochère menant à la cour arrière forment un ensemble harmonieux.

C'est en 1984 que les travaux de restauration de la façade ont été entrepris. Fils d'entrepreneur en construction du Lac-Saint-Jean, Normand Harvey a dirigé les travaux, mais ce ne fut pas une mince tâche car les spécialistes de la restauration étaient plutôt rares à Montréal à cette époque. N'empêche, lui et sa conjointe ont sonné à la porte d'Héritage Montréal et un stagiaire du nom de Dinu Bumbaru a bien voulu leur prodiguer quelques conseils.

Les travaux d'intérieur qui consistaient à démolir les anciens murs et à réaménager les pièces ont été échelonnés sur 11 ans, au fur et à mesure que les logements se libéraient. Tous disposent d'une terrasse ou ont un accès au jardin à l'arrière qui, soit dit en passant, a déjà reçu des prix Fleurir Montréal pour la qualité de son aménagement.

Depuis les travaux majeurs, Normand Harvey, maintenant retraité, et Denise Barrette s'acharnent à conserver en état leur patrimoine. À tous les ans, une nouvelle couche de peinture est apposée sur les marches extérieures de l'escalier et on repeint à tous les deux ou trois ans les fenêtres et les portes en bois.

«J'aime toujours autant le quartier qu'au moment où on est devenu propriétaires, confie Mme Barrette. C'est tellement près de tout, du Vieux-Montréal comme du centre-ville. C'est vrai qu'il y a plus de pauvres qu'avant et qu'on voit beaucoup de mendiants rue Sainte-Catherine. Mais même si plusieurs s'adonnent à la drogue, ils ne sont pas agressifs.»

Bien que les copropriétaires aient obtenu leur bâtiment à bon prix en 1983, soit 70 000$, ils n'en ont pas moins investi 350 000$ pour lui redonner son apparence d'origine et le rendre confortable. Ils en sont d'ailleurs très fiers.

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La Ville de Montréal célèbre cette année les 15 ans de l'Opération du patrimoine architectural de Montréal. Durant ces années de nombreux propriétaires ont été honorés pour avoir fait des rénovations avec le souci de préserver le cachet d'origine de leur maison. La Presse a revisité quelques bâtiments primés par la Ville afin de constater leur état.