Daniel Gill, professeur d'urbanisme à l'Université de Montréal, met un bémol à ces affirmations. Selon lui, il est difficile à long terme de changer le profil des quartiers. «Montréal demeure une ville pauvre qui attire surtout des célibataires et des ménages sans enfants. Les familles plus riches quittent encore majoritairement la ville pour la banlieue», fait-il remarquer.

Daniel Gill, professeur d'urbanisme à l'Université de Montréal, met un bémol à ces affirmations. Selon lui, il est difficile à long terme de changer le profil des quartiers. «Montréal demeure une ville pauvre qui attire surtout des célibataires et des ménages sans enfants. Les familles plus riches quittent encore majoritairement la ville pour la banlieue», fait-il remarquer.

La pauvreté de certains secteurs nuit à leur renaissance. Les gens les associent à la violence, à la drogue et aux gangs de rue. De plus, les écoles de Montréal ont mauvaise réputation. Pour les adeptes de la mixité sociale, l'arrivée de gens plus instruits et plus en moyens dans les quartiers défavorisés aura un effet bénéfique. Les pauvres vont adopter les comportements des nantis. Cependant, les riches craignent le phénomène inverse. C'est pour cette raison que beaucoup de familles quittent leur quartier quand leurs enfants atteignent l'âge scolaire.

L'autre problème empêchant une revitalisation rapide, c'est que l'écart de prix entre quartiers riches et pauvres n'est pas encore assez grand. «Personne n'est obligé de déménager, par exemple de Rosemont à Saint-Henri, faute d'argent. La plupart des gens peuvent demeurer où ils sont en se serrant la ceinture», affirme M. Gill.

L'urbaniste américain Neil Smith a d'ailleurs développé une théorie (contestée) à ce sujet. Il émet l'idée que cet écart doit être important pour sortir les quartiers défavorisés de leur état. «Selon lui, les interventions municipales, comme les subventions à la rénovation, nuisent à la revitalisation des quartiers en réduisant cet écart. Dans son esprit, il faudrait les laisser se dépérir pour qu'un jour, l'écart des prix soit tellement grand que les promoteurs flairent les aubaines et envahissent le secteur», explique M. Gill.

Autre obstacle à la revitalisation: les nouveaux venus font face à la résistance de la population locale qui craint d'être expulsée. Dans l'arrondissement du Sud-Ouest, on a d'ailleurs organisé au début de l'année un forum de l'habitation soulevant la problématique de l'intégration des nouveaux arrivants. «On voulait ainsi échapper aux idéologies radicales, comme l'opposition systématique à la construction de nouveaux condos», affirme Normand Proulx, directeur du Service de l'aménagement urbain de cet arrondissement. Comme quoi la revitalisation d'un quartier n'est pas une mince affaire!