Alors quand celui-ci habite une propriété aux proportions généreuses, il est facile de sauter aux conclusions. Mais est-ce réellement l'affirmation d'un statut qui pousse les gens à déménager dans du grand, du très grand, voir même du trop grand?

Alors quand celui-ci habite une propriété aux proportions généreuses, il est facile de sauter aux conclusions. Mais est-ce réellement l'affirmation d'un statut qui pousse les gens à déménager dans du grand, du très grand, voir même du trop grand?

La lumière et l'espace transforment cet intérieur en château. (Photo: Context Développement)

Bien sûr, il y a toutes ces vedettes du sport ou du spectacle qui étalent leurs mille et une pièces dans les magazines à potins, preuve de leurs succès avec un ballon, une rondelle ou un micro. Bref, la vie des gens riches et célèbres!

Des exemples? Bien que comptant parmi les discrets de cet univers, on n'a qu'à penser à l'ancienne vedette de basket-ball Michael Jordan. Pour certains, sa résidence privée a des allures de centre d'achats. Avec ses 29 000 pieds carrés de superficie et sa construction en verre et en béton, elle ne laisse aucun visiteur indifférent.

Vert de pratique pour le golf et bien sûr un impressionnant court de basket ne sont que quelques-uns des attraits du domaine situé à Highland Park, dans l'Illinois. Simplement pour l'aménagement paysager, le célèbre numéro 23 aurait dépensé une petite fortune pour s'entourer d'une véritable forêt de pins matures, «importés» à un coût qui frôle les deux millions $. Ou que dire de l'ancienne propriété du boxeur Mike Tyson achetée récemment pour plus de quatre millions $ par la sensation de l'heure dans le monde du hip-hop, le rappeur 50 Cent. Les simples spécifications du manoir construit au Connecticut sont ahurissantes: 50 000 pieds carrés de superficie, 52 pièces, cinq jacuzzis, 25 baignoires, 18 chambres, un ascenseur et deux salles de billard! À ce qu'il paraît, le chanteur aime recevoir en grand.

Hollywood, P.Q.

Mais Québec, ce n'est pas Hollywood! N'empêche, il existe tout de même un certain nombre de résidences de prestige qui se démarquent par leur superficie ou encore leur construction unique. Courtier en immobilier chez Remax Fortin Delage à Sainte-Foy, Lorraine Demers assure les connaître en quasi-totalité. Et que sait-elle de leurs propriétaires?

La maison Kinsmen 2002, une demeure qui fait rêver... (Photo archives La Soleil)

«Ce sont des gens qui ont du goût et qui aiment les belles demeures raffinées.» Tout de suite lui vient en tête cette résidence dans Montcalm qu'elle considère comme une des plus belles à Québec. En vente pour 1,6 million $, elle serait même une aubaine pour un acheteur qui en aurait les moyens. Boiseries, vitraux, hall majestueux, tout respire la classe et la beauté sur les quatre niveaux qui la constitue.

Tout de même, est-ce vraiment raisonnable de payer des sommes pareilles pour se loger? «Ces maisons sont comme des bijoux ou encore des oeuvres d'art», illustre Mme Demers pour expliquer ces acquisitions de haut vol. «Mais au fond, qui a réellement besoin d'une Mercedes de 150 000 $? On pourrait se contenter d'une voiture qui roule ! Pourtant, certaines personne les achètent!»

S'il était facile de croire que les acheteurs de telles résidences le font pour impressionner la galerie, il semble qu'il n'en soit rien constate les spécialistes qui côtoient cette clientèle. «Ils ne font pas ça pour le tape-à-l'oeil. Ces gens-là sont discrets et ont du goût. De toute façon, ils ont passé cette étape-là (de vouloir impressionner) car pour la majorité, ils ont 40 ans et plus», raconte Mme Demers.

Même constat pour Yvan Drouin, également courtier immobilier, mais cette fois pour Remax 1er Choix à Sillery. «Les gens qui ont de l'argent sont discrets», répète-t-il. À son avis, il existe peu de «voisins gonflables» ici.

M. Drouin fait observer que s'il n'y a pas de châteaux au Québec comme en Europe, les raisons pour mettre la main sur de vastes résidences peuvent tout de même avoir une origine semblable, à la base. «Dans certains cas, l'achat se fait en fonction du mobilier. À Québec, il y a des propriétaires qui possèdent d'importantes collections de meubles.»

Puis, il y a ceux qui aiment recevoir, ajoute-t-il. Une situation encore plus vraie dans le cas des grosses familles. C'était peut-être le cas pour cette impressionnante maison de Sillery à vendre, un des bijoux actuellement dans le portefeuille de M. Drouin, qui contient 10 chambres, 4 salles de bain, un garage pour 5 voitures... au prix de 1,7 million$! Reste qu'à son avis, entre un «petit» condo ultra-luxueux dans le Vieux-Québec et un grand manoir à l'Île d'Orléans, tout est une question de goût personnel quand on a de l'argent. «C'est tout un, ou toute l'autre», observe-t-il au sujet des choix que font ses clients fortunés.

Le rêve accessible

S'il y a une maison qui fait rêver et que les curieux prennent plaisir à découvrir sous toutes ses coutures, c'est bien la maison Kinsmen. Léo Blanchette, représentant pour le Maître constructeur Saint-Jacques, dans la région de l'Amiante, en sait quelque chose. L'entreprise est celle qui a réalisé les trois dernières maisons du tirage.

Malgré un prix qui dépasse les 500 000 $ avec tous les extras, ce genre de maison est plus accessible qu'on ne le pense assure M. Blanchette. «À Québec, plusieurs quartiers peuvent avoir des constructions de 350 000 ou 375 000 $. Juste avec le terrassement et quelques accessoires, on arrive vite au demi-million!»

Des résidences qui seraient loin d'être destinées uniquement au gens riches et célèbres. «C'est possible pour des gens ordinaires, comme deux professionnels», note M. Blanchette. Une situation d'autant plus réaliste de nos jours, alors que les deux membres d'un couple travaillent habituellement.

Sobriété et bon goût dans cet immense séjour. (Photo: Jean-René Corbeil Architecte)

Puis comment est envisagé l'intérieur de ces châteaux modernes? «La démarche est comme celle d'un bungalow», décrit simplement Yvan Bédard, de chez Onirique Design. «Les propriétaires cherchent quelque chose qui leur ressemble. Du sur mesure! La démarche est toujours la même, sauf qu'on n'y va pas avec du Fortrel», rigole le designer qui à conçu l'intérieur de 9 des 10 dernières maison Kinsmen, en plus d'avoir complété des projets dans de véritables manoirs.

Lui aussi est d'avis que dans les grands espaces, les propriétaires ne cherchent pas nécessairement à impressionner, même s'ils espèrent se démarquer. «On se fait plaisir», résume-t-il, avec en mémoire le commentaire d'un client qui s'est fait construire un prestigieux domaine en Beauce. «Tout le monde trouvait un peu fou d'aller construire ça loin de tout, que ce serait impossible à vendre ensuite. "Ce n'est pas grave, a répondu son propriétaire. C'est ma dernière maison!"»

Évidemment, les taux d'intérêts actuels peu élevés favorisent la popularité de ces maisons d'exception. Serait-il normal de s'attendre à ce que l'engouement qu'elles provoquent tombe avec le vieillissement de la population? Peut-être pas...

Comme l'illustre Léo Blanchette, la fonction de la résidence de grande taille peut être appelé à évoluer. Il rappelle l'histoire récente de ce client qui voulait une maison inspirée par l'intérieur d'une des maisons Kinsmen. «Il voulait en faire une maison générationnelle et l'habiter avec ses parents.» Résultats? Il a fallu agrandir encore un peu les plans!

Pas d'inquiétudes non plus pour Lorraine Demers, surtout du côté de ces «demeures oeuvre-d'art». «Pour ce genre de résidences-là, il y aura toujours preneur.» Quand il est possible de se le permettre, il serait dommage de ne pas profiter d'aussi fabuleuses maisons, suggère-t-elle. Car après tout, comme elle le dit si bien: «quand on peut tout s'offrir, pourquoi ne pas se gâter!»