Comment savoir? RBC Groupe Financier a créé un indice d'accessibilité, qui évalue quel effort doit faire un ménage moyen pour se procurer un bungalow standard. Cet indice donne la proportion du revenu après impôts qui doit être consacrée aux versements hypothécaires (capital et intérêts), aux impôts fonciers et aux services publics. L'indice est basé sur une mise de fonds de 25% et un amortissement de 25 ans, à un taux fixe sur cinq ans.

Comment savoir? RBC Groupe Financier a créé un indice d'accessibilité, qui évalue quel effort doit faire un ménage moyen pour se procurer un bungalow standard. Cet indice donne la proportion du revenu après impôts qui doit être consacrée aux versements hypothécaires (capital et intérêts), aux impôts fonciers et aux services publics. L'indice est basé sur une mise de fonds de 25% et un amortissement de 25 ans, à un taux fixe sur cinq ans.

Cet indice a été calculé rétrospectivement jusqu'à 1985. Fin 2004, il a atteint 31,2% - un sommet depuis 1996. Ce qui veut dire qu'en moyenne, un ménage propriétaire devait consacrer 31,2% de son revenu net au logement. Cet indice «reste parmi les plus élevés avec ceux d'Ontario (34,2%) et de Colombie-Britannique (43,7%), car les prix des maisons ont augmenté beaucoup plus rapidement que les revenus depuis quelques années», écrivent les auteurs du rapport de RBC Groupe Financier.

Et la situation ne s'améliorera pas cette année. «Ça devient de plus en plus difficile, déclare John Anania, des Services économiques RBC. Le prix des maisons a beaucoup augmenté en 2004 et la hausse va se poursuivre en 2005, quoiqu'on observe un ralentissement. Et les taux d'intérêt n'ont pas baissé pour compenser cette hausse.»

Une autre opinion? Elle n'est pas plus encourageante. «L'accès à la propriété a atteint son plafond, analyse Hélène Bégin, économiste au Mouvement Desjardins. Les maisons seront de moins en moins abordables. Au Québec, leur prix a crû de 47% depuis 2001. Seulement en 2004, la valeur de l'ensemble des propriétés a gagné 12,4%.»

La hausse se poursuivra, mais à un rythme beaucoup plus modéré, prévoit l'économiste. «On ne prévoit pas de baisse de prix d'ici 2009, assure-t-elle. Il faudrait un marché en net surplus, comme en 1989 après une vague de construction spéculative.» Éventuellement - quatre ou cinq ans? - , la hausse des prix devrait se stabiliser au niveau de l'inflation.

L'autre variable de l'équation: les taux d'intérêt, qui pourraient croître en 2005. «Le taux pour un terme de cinq ans est actuellement de 6,05 % et à la fin 2005, il devrait être à 6,8 %, entrevoit Hélène Bégin. Rien pour casser le marché, mais les premiers acheteurs y sont plus sensibles.»

En résumé, le prix des maisons va continuer à croître plus vite que l'inflation et les taux d'intérêt vont probablement se mettre de la partie pour faire augmenter les paiements mensuels. La conclusion de Mme Bégin coule de source: «L'accès à la propriété va être plus ardu au cours des prochains mois.» Voire au cours des prochaines années.

Donc, si vous êtes prêt à entrouvrir la porte d'une première propriété, pas la peine de retarder la décision. L'accès ne sera pas plus facile dans un an ou deux. Pas de précipitation, toutefois.

Mieux vaut acheter dans deux ans avec une situation financière bien établie que de se ruer dès maintenant avec un budget flageolant.

Et si vous décidez de franchir le seuil dès maintenant, il faut prendre vos précautions. «Acheter une maison est peut-être plus facile de nos jours, mais la garder est plus compliqué», ironise Marie-Hélène Legault, conseillère en questions immobilières à l'ACEF de l'est de Montréal.

Elle a rencontré des gens qui, à la fin du congé de taxes foncières que leur accordait leur municipalité, n'étaient pas en mesure d'affronter cette charge supplémentaire. «Il faut voir à plus longue échéance, prévient-elle. Les institutions laissent croire qu'on peut acheter une maison sans argent. C'est un très beau mirage.»

Rappelons les précautions d'usage. Il faut prévoir les coûts de la première année - frais de déménagement, d'installation et d'aménagement, droits de mutation, etc. Et surtout, il faut tenir compte de l'augmentation des dépenses connexes: assurances, chauffage, entretien annuel... Si un ménage locataire ne réussit pas à dégager une épargne, supportera-t-il l'inévitable hausse des frais associée à la propriété?

Les ménages au budget serré doivent également se prémunir contre d'éventuelles hausses de taux d'intérêt. Que choisir entre une succession de courts termes, à taux moins élevés mais fluctuants, et un terme de cinq ans à taux plus élevé, mais fixe? Selon Benoît P. Durocher, économiste au Mouvement Desjardins, le court terme devrait demeurer la meilleure stratégie. «Cinq ans est un terme relativement long et les taux d'intérêt sont cycliques, déclare-t-il. Il arrive régulièrement que le taux d'un an passe par-dessus celui de cinq ans, mais c'est temporaire. C'est à ce moment qu'il faut avoir une marge de manoeuvre dans le budget.» Il rappelle que la décision doit être prise en fonction des contraintes budgétaires et de la tolérance au risque.

Une stratégie mitoyenne: prendre des termes courts mais effectuer des versements équivalents à ceux d'un terme de cinq ans. Tant que le taux à court terme ne rattrape pas celui du terme de cinq ans, le supplément est affecté au remboursement du capital.

On peut rêver, mais il faut éviter les réveils cauchemardesques.