À cause des frais, parfois cachés, reliés à la propriété: des taxes jusqu'à l'entretien en passant par les coûts d'aménagement, l'habillage, les assurances, le chauffage et le reste.

À cause des frais, parfois cachés, reliés à la propriété: des taxes jusqu'à l'entretien en passant par les coûts d'aménagement, l'habillage, les assurances, le chauffage et le reste.

Mais il y a une autre raison.

Elle se trouve dans l'inflation créée volontairement par beaucoup de propriétaires en devenir eux-mêmes, qui attendent maintenant énormément d'une maison. Qui exigent un niveau de confort parfois ahurissant. Qui évaluent avec une fascinante générosité l'espace leur apparaissant vital. Qui, en un mot, affichent en ce domaine le goût de cette sorte de luxe auquel seule la noblesse d'argent pouvait accéder il n'y a pas 50 ans.

En un demi-siècle, justement, la surface habitable moyenne des maisons canadiennes a augmenté de 50 %. La maison convoitée aujourd'hui compte sept pièces ou plus sur trois niveaux, deux salles de bain et... un garage double (pour 54 % des gens)!

Depuis deux ans, une nouvelle tendance s'affirme: celle des monster houses, c'est-à-dire ces demeures gigantesques au luxe tapageur, dont le coût minimal est de 450 000 $. Entre 2000 et 2003, dans la région métropolitaine, le nombre de résidences neuves de ce type a presque quintuplé; il s'en construit aujourd'hui entre 700 et 800 exemplaires par année.

Le coût moyen d'une maison unifamiliale sise à Montréal a atteint 320 000 $ en mars dernier, 9 % de plus qu'un an auparavant. Et 40 % des propriétaires envisagent d'effectuer en 2005 des rénovations dont le coût moyen excédera les 8000 $ (en 2003, on a investi au Québec 6,1 milliards $ dans la rénovation)...

Après le cinéma maison, les barbecues sophistiqués (à 3000 $ ou plus!) et les foyers, les accessoires domestiques sur lesquels on se rue aujourd'hui sont les baignoires sur pieds, les aspirateurs centraux, les gadgets de domotique, les ameublements saisonniers et les planchers chauffants- servant d'assises à des salles de bain luxuriantes. Des nécessités absolues, comme chacun sait...

Résultat des courses?

Un nouveau type de misère des riches se répand, la «pauvreté immobilière». Et ce, en particulier au sein d'une classe moyenne ayant de bons revenus, certes, mais qui a vu trop grand en matière de logement, d'ameublement et de décoration.

Ainsi, 16 % des nouveaux propriétaires découvrent rapidement qu'ils devront se serrer la ceinture et adopter un mode de vie frugal s'ils veulent conserver leur château. De sorte qu'ils rogneront sur tout ce qui compose le reste de leur vie. Et, par défaut, s'enfermeront chez eux, en fonction de ce qu'on appelle maintenant le «facteur latte»: le café régulier bu dans la cuisine- équipée de robinets design et de comptoirs en granit- remplace le latte siroté à la terrasse d'un café branché de la rue Laurier...

La maison est le prolongement de soi, bien sûr. Et il est normal de chercher à l'aménager à son image et à sa ressemblance. Elle sert aussi de vitrine dans laquelle on désire afficher autant sa personnalité que son statut social. De sorte qu'il est tentant d'en remettre au-delà de toute raison.

Il s'agit d'un véritable piège, auquel il n'est pas facile d'échapper.

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