La sécheresse qui a sévi une grande partie de l'été un peu partout au Québec a affaibli plusieurs de nos arbres, même si les récentes pluies leur ont donné un répit.

Certains sont morts de soif, d'autres ont été affectés par la maladie ou les insectes en raison de leur grande faiblesse, plusieurs ont perdu une partie de leurs feuilles plus tôt que prévu, parfois même en août, et tous ont connu une croissance moins importante qu'en temps normal. Par contre, si l'automne est pluvieux et l'hiver passablement enneigé, la plupart devraient renaître au printemps sans trop de séquelles. On n'efface pas des millénaires d'évolution en une saison.

Près de chez moi, dans un petit bois, plusieurs jeunes arbres sont morts, probablement à cause de la compétition implacable que se livrent les plantes en milieu naturel pour la quête d'eau et de lumière, estime l'agronome Guy Laliberté, professeur à l'Institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe, qui a constaté le même phénomène ailleurs.

Selon lui, les arbres restent les plantes les plus négligées dans une propriété. Heureusement, il est toujours temps d'améliorer leur sort, surtout après une période difficile. M. Laliberté rappelle que la quasi-totalité des racines, environ 80%, sont situées dans les 15 premiers centimètre du sol et sur une distance qui représente de deux à quatre fois le diamètre du feuillage. Les grosses racines, celles qui assurent le soutien du végétal, peuvent s'étendre beaucoup plus loin, parfois de deux à trois fois la longueur totale de l'arbre, nous disent par ailleurs plusieurs ouvrages scientifiques sur le sujet.

Éliminer le gazon

Si les feuillus sont actuellement en dormance, ce n'est pas le cas des conifères, dont le métabolisme reste actif tout l'hiver. L'automne, il faut donc les abreuver abondamment à quelques reprises, en leur laissant quelques jours de repos entre chaque arrosage, histoire de ne pas les noyer et permettre au sol d'absorber l'eau.

Mais selon M. Laliberté, l'un des premiers gestes à faire pour favoriser la santé de nos arbres, même au cours des prochains jours, est d'éliminer le gazon qui entoure leur tronc. «On oublie souvent que si les feuilles ont besoin d'eau pour faire leur travail, les racines, elles, exigent avant tout de l'oxygène pour bien accomplir leur tâche. Situées en surface, elles sont en compétition directe avec les graminées de nos pelouses. Avez-vous déjà vu des arbres en forêt entourés de gazon?»

Il préconise donc d'éliminer le gazon autour des arbres, particulièrement les jeunes, puisque les végétaux déjà matures se sont déjà adaptés à la situation. Idéalement, on recouvre le sol dénudé d'un paillis, notamment celui de couleur noire qui se marie bien avec l'environnement. La surface dégagée devrait être la plus grande possible, soit au moins l'équivalent du diamètre du feuillage. L'expert mentionne que le gazon entre en compétition avec les racines de nombreuses façons: il intercepte une bonne partie de l'eau de pluie, il favorise le ruissellement et le chaume limite l'aération du sol. De plus, le fait de dégager le tronc empêche la tondeuse ou le coupe-bordure de briser l'écorce du tronc des feuillus ou l'extrémité des branches chez les conifères, des blessures qui entraînent souvent un lent mais inéluctable dépérissement. Autre avantage d'éliminer la pelouse autour du tronc: l'esthétisme. L'arbre étant dégagé, le coup d'oeil est plus beau.

Guy Laliberté insiste aussi sur le fait que pour être en bonne santé, un arbre n'a pas besoin d'être fertilisé, un point de vue qui n'est pas partagé par tous les agronomes. Le professeur vient tout juste de rédiger un long article sur ce sujet dans le magazine Québec-Vert, à l'intention des horticulteurs professionnels. «La ressource principale de l'arbre, c'est l'air, explique-t-il. Pas moins de 90% des apports nutritifs proviennent du CO2 de l'air et le reste, du sol. En échange de ce CO2, il nous donne de l'oxygène. Si vous traitez votre arbre comme un légume de votre potager, vous réduirez sa longévité. Les arbres millénaires vivent toujours dans des milieux extrêmement austères. Et les arbres de nos forêts n'ont jamais été fertilisés.»

Un cadeau de l'Action de grâce

Les champignons sauvages étaient abondants la fin de semaine dernière, tout un contraste avec l'été. Dieu sait que je suis revenu souvent bredouille. Mais les choses ont changé, et tant que le gel ne se mettra pas de la partie, il y aura de belles récoltes à faire. Dans la mesure où les cueilleurs commerciaux n'afflueront pas. Il y a eu des heurts cet été, même de l'intimidation, dans certains coins du Québec de la part des «commerciaux».

Parmi les espèces découvertes, notons les premiers coprins chevelus, les armillaires communs, quelques pleurotes, marasmes, bolets à pied creux, psalliotes, un gros polypore soufré ou «poulet des bois» et plusieurs autres moins connus que je n'ai pas encore identifiés.

Un ouvrage exceptionnel

Les mycologues amateurs aimeront cet ouvrage exceptionnel, L'univers des champignons, rédigé par un collectif d'experts sous la direction de Jean Després, qui nous avait donné en 2008 le guide Champignons comestibles (éd. Michel Quintin). Comme son titre l'indique, le nouveau volume traite de tous les aspects des champignons: la place considérable qu'ils occupent dans la nature ou même dans la littérature, leurs qualités nutritives, leur toxicité, leur apport médical, leur intérêt commercial, etc. Un ouvrage fascinant et fort bien illustré, rédigé par plusieurs sommités québécoises dans le domaine. Mais ce n'est pas un guide d'identification. Publié aux Presses de l'Université de Montréal. Offert aussi en version numérique.

Laitue d'octobre

Elles ont été ensemencées au début du mois d'août. La cueillette a commencé à la mi-septembre et se poursuit toujours. Il s'agit des variétés de laitue dont je vous ai parlé cet été, des hybrides qui résistent bien aux grandes chaleurs d'août et du début de septembre. Elles portent le nom de «Skyphos», un type de petite romaine rouge, de «Jericho», une autre variété de romaine, vert tendre, et de «Panisse», aux feuilles rondes et rougeâtres. Un délice!

Un bon moment pour la taille

Octobre est une bonne période pour la taille des feuillus, notamment des bouleaux, frênes, érables, ormes, tilleuls et autres. Trop tard toutefois pour les conifères et les espèces qui sont à leur limite de rusticité. On ne taille pas non plus les arbres à floraison printanière comme les lilas ou encore les azalées, car les bourgeons floraux sont déjà présents dans les branches. Il faudra attendre mars ou avril, après les grands gels, pour donner une coupe aux arbres fruitiers.