La situation m'étonne toujours. Après de nombreuses visites de jardin, c'est le même constat. Des plantes pourtant faciles à faire pousser et vendues un peu partout restent encore absentes ou presque des platebandes. Les croscosmias sont de celles-là.

Leurs jolis chapelets de fleurs délicates ressemblent à s'y méprendre aux freesias qu'on achète chez les fleuristes mais ils sont dépourvus de parfum. Contrairement aux freesias, ils fleurissent sans peine dans nos platebandes et s'offrent en spectacle durant plusieurs semaines. Rouge vif, le cultivar «Lucifer» enflamme le jardin, apparaissant au milieu des vivaces.

Les crocosmias produisent aussi des fleurs dans des teintes d'orange et même de jaune comme le «George Davidson». Ils commencent à s'épanouir vers le début juillet, parfois un peu plus tard, et restent en beauté une bonne partie du mois d'août. Plus encore, les inflorescences forment des petits fruits délicats vert et rouge qui demeurent attrayants plusieurs semaines après la floraison. Ils sont rarement sujets aux maladies, les insectes les ignorent et n'ont aucune exigence particulière en matière de sol si ce n'est qu'il doit être bien drainé. Une position ensoleillée leur convient parfaitement, mais ils fleurissent assez abondamment à l'ombre légère.

Pourquoi alors une telle désaffection?

Probablement parce que cette plante bulbeuse est considérée comme non rustique chez nous. Il faut donc théoriquement déterrer les cormes (une forme particulière de bulbes) et les entreposer pour l'hiver. Pourtant, les crocosmias sont beaucoup plus résistants qu'on ne le croit. Chez moi, sur la Rive-Sud de Montréal (zone 5,) je les laisse en terre depuis au moins cinq ou six ans et ils refleurissent allègrement chaque année. Je ne parle pas seulement du cultivar «Lucifer» réputé plus rustique que les autres, mais aussi des autres variétés, notamment l'hybride à fleurs jaunes. Évoquant le feu éternel, «Lucifer» serait même rustique en zone 4 et 3 sous un bon couvert de neige. .

Il faut dire aussi que les crocosmias, trop difficiles à forcer, ne peuvent se vendre en fleurs au début de la saison, ce qui représente un handicap majeur par rapport aux espèces qui sont dans toute leur splendeur sur les étals en mai et juin. Toutefois certains centres de jardin font des efforts pour les vendre en plants. Il y a de bonnes chances pour vous puissiez en trouver encore et ils sont en fleur. N'hésitez pas.

Un feuillage élancé

De la famille des iridacées dont ils ont d'ailleurs conservé le feuillage fin et allongé, les crocosmias sont originaires d'Afrique du Sud. En français, on utilise aussi le terme crocosmie et parfois celui de monbrétie ou monbrétrias bien que ces derniers soient des calques de l'anglais. Feuilles et hampes florales atteignent autour de 60 cm. On en compte plusieurs dizaines de cultivars mais peu sont offerts au Québec. Vendus habituellement sous forme de cormes au printemps, les crocosmias sont peu coûteux. On conseille de les planter à 15 cm de profondeur et d'arroser la plante au cours de canicules. Les cormes se multiplient assez rapidement, ce qu'on peut constater si on les déterre en fin d'été. Si vous ne voulez prendre aucun risque, ils se conservent très facilement à la maison dans de la mousse de tourbe durant l'hiver.