Discrète une grande partie de l'été, la verge d'or commence à manifester son esprit de domination vers la mi-août. Au début septembre, les champs de banlieue, de campagne et même de l'arrière-pays se couvrent d'or, comme si elle mettait le feu à la végétation. C'est ainsi que commence l'automne chez nous.

Discrète une grande partie de l'été, la verge d'or commence à manifester son esprit de domination vers la mi-août. Au début septembre, les champs de banlieue, de campagne et même de l'arrière-pays se couvrent d'or, comme si elle mettait le feu à la végétation. C'est ainsi que commence l'automne chez nous.

 À vrai dire, les solidages, comme on les appelle aussi, occupent tellement de place dans nos paysages de fin d'été que ceux qui songeraient à leur faire une place dans leurs platebandes pourraient passer pour farfelus. Je suis du nombre, évidemment.

 Il existe une centaine d'espèces de verge d'or dans le monde, la plupart originaires de l'Amérique du Nord. Bon nombre sont envahissantes et dans mon cas, plusieurs se sont installées autour de mon petit étang sans invitation aucune. Je dois dire toutefois qu'elles s'intègrent bien à l'environnement qui se veut le plus naturel possible, mais leur hauteur de 1,5 mètre, et parfois un peu plus, fait ombrage, dans tous les sens du terme, à plusieurs autres plantes.

 Même si, à une lointaine époque, elles servaient à guérir tous les maux possibles et imaginables (c'est un peu ce que signifie d'ailleurs la racine latine du mot solidage), de nos jours, les verges d'or sont souvent considérées comme des mauvaises herbes, du moins au Québec. Ce qui n'est pas le cas outre-mer. Il y a plusieurs décennies, Solidago canadensis, une des 18 ou 20 espèces qu'on retrouve ici, a soulevé un tel enthousiasme en Europe, qu'elle fut introduite dans de nombreux jardins. Elle est même naturalisée en terre française où elle porte le joli nom de «gerbe d'or».

 C'est d'ailleurs en France, dans les années 1910, qu'une pépinière de Lyon a croisé pour la premières fois une solidage avec un aster. C'est que les deux plantes possèdent plusieurs affinités génétiques. Le résultat a été spectaculaire. Ce fut la naissance du Solidaster luteus, une plante qui a surtout retenu les caractéristiques de l'aster car ses fleurs ont la forme de petites marguerites. Elle est toujours utilisée en floristerie et serait rustique en zone 4. Mais en dépit de mes recherches, je n'ai pu savoir si elle est en vente au Québec.

C'est d'ailleurs chez les fleuristes que j'ai découvert mes premiers cultivars de verges d'or, des fleurs fort jolies, délicates, habituellement jaune vif et non dorées comme les espèces d'origine. Au point que je les ai cherchées durant des années afin de les introduire au jardin. Le hic, c'est qu'il est habituellement impossible de savoir quels sont les hybrides utilisés en floristerie, des plantes d'ailleurs souvent cultivées uniquement à cette fin.

 Mais au cours des années, un certain nombre de cultivars destinés aux platebandes sont apparus sur le marché québécois même si, il faut le dire, ils n'ont jamais gagné de concours de popularité. Par rapport aux solidages sauvages, ils sont beaucoup plus buissonnants et de plus petite taille. L'un d'eux, Solidago «Goldenmosa», pousse au jardin depuis deux ans en compagnie d'un groupe d'échinacées «Double Decker», un mariage assez bien réussi. Les feuilles sont étroites, les tiges atteignent un mètre (et non 50 ou 75 cm comme l'indiquent souvent les catalogues), les panicules vaporeuses sont bien garnies et se colorent de jaune vif. La floraison dure plusieurs semaines, du début d'août jusqu'à la mi-septembre. Non envahissante, la plante exige le plein soleil et pousse dans un sol ordinaire mais bien drainé. «Goldenmosa» a déjà mérité un grand prix de la Royal Horticultural Society d'Angleterre

 Pas de fièvre des foins

 Il en existe plusieurs autres variétés, toutes de petite taille, autour de 30 à 60 cm, mais elles sont souvent difficiles à trouver. Il est d'ailleurs rare de pouvoir obtenir plusieurs cultivars au même endroit. Par exemple dans mon patelin de la Rive-Sud, on peut acheter «Goldenmosa» à la pépinière Scardera, à Longueuil; «Golden Fleece» à la pépinière Jardin 2000, à Sainte-Julie et «Golfden Dwarf», au Centre de Jardin Brossard.

On pourra aussi trouver ailleurs le cultivar «Laurin» (30 à 40 cm de hauteur; jaune vif, floraison tardive), «Baby Golden» ou «Golden Baby» (30 à 60 cm, jaune or, floraison août et septembre) ou encore «Little Lemon» (25 cm, panicules très denses, fleur jaune citron, floraison août et septembre). Ces hybrides sont tous rustiques en zone 4, à l'exception de «Little Lemon» qui le serait seulement dans la grande région métropolitaine (zone 5).

 Attention! Contrairement à certaines croyances populaires, les verges d'or ne causent pas la fièvre des foins.

 Par ailleurs, les variétés «domestiques» sont rarement affectées par la gale comme c'est le cas de plusieurs espèces sauvages, notamment Solidago canadensis. Il s'agit d'un renflement de la tige, semblable à une petite boule que l'on découvre habituellement à la fin de l'automne quand la plante est dénudée. Si on prête attention, on aperçoit un petit trou sur le renflement. Cette excroissance est une réaction de la plante à la présence de la larve d'un insecte, la tige formant du tissu végétal pour isoler l'intrus. L'été, le trou est inexistant parce que l'occupant n'est pas encore sorti de son abri. L'insecte ne nuit cependant pas à la plante et les tiges entrent souvent dans la composition de bouquets secs.

 Un dernier mot: on peut parfois trouver certaines verges d'or sauvages dans le commerce au rayon des plantes indigènes. Quelques-unes méritent probablement une place au jardin Le grossiste Horticulture Indigo en produit cinq espèces dont Solidago numeralis, une espèce dressée qui ne dépasse guère les 50 cm.

 Un automne sans verge d'or serait comme un automne sans lumière. Aux côtés des asters, elle illumine tout sur son passage.

 

En dépit de son nom, le solidage «Baby Golden» atteint 60 cm.