Les petites bibittes ne mangent pas les grosses, dit-on. Pourtant, un minuscule coléoptère, nommé agrile du frêne, peut ruiner un colosse vert en une ou deux saisons: la femelle pond ses oeufs sous l'écorce, les larves se nourrissent de la sève et creusent des galeries, jusqu'à faire mourir le bel arbre.

«Il est important d'identifier cette essence sur nos terrains et d'agir le plus vite possible, explique Francis Boisvert, propriétaire de Service d'élagage Boisvert, à Boucherville. Car l'état de l'arbre peut se détériorer rapidement.»

Une zone infestée?

M. Boisvert conseille en tout premier lieu de s'informer si la zone où l'on demeure est envahie ou non par l'insecte. «L'agrile du frêne est un parasite venu d'Asie, contre lequel les frênes ne peuvent pas lutter, explique-t-il. À Boucherville, on sait que l'agrile a atteint quelques arbres. Dans l'île de Montréal, il fait des ravages depuis cinq ans. Ça vaut la peine de traiter les frênes préventivement, même s'ils ne montrent pas de signes de dépérissement.»

C'est aussi ce que recommande aux propriétaires la Ville de Montréal.

Si, par contre, le frêne a des branches qui s'étiolent, un expert (ingénieur forestier, arboriculteur, agronome) pourra vérifier si l'agrile est en cause et si l'arbre peut être sauvé. «Lorsque 30% ou plus de la ramure est affectée, il est trop tard», affirme M. Boisvert.

Le frêne doit alors être abattu sans tarder, entre le 1er octobre et le 15 mars, pour éviter la propagation des insectes.

À savoir: lorsque le diamètre du tronc est de 10 cm ou plus, à faible distance du sol, un permis d'abattage est requis dans la plupart des municipalités du Québec.

Le remède

On combat l'agrile du frêne en injectant, à la base du tronc, entre la mi-juin et la fin du mois d'août, un biopesticide nommé TreeAzin. Le frêne devra être traité tous les deux ans «pendant 10 ans», dit Francis Boisvert, ou encore tant que l'infestation n'a pas quitté la région.

L'entrepreneur qui administre le traitement doit détenir un certificat d'applicateur de pesticides (délivré par le ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs du Québec) et être accrédité par le fabricant du TreeAzin, Bioforest. On trouve les noms de tels spécialistes sur le site de Bioforest ou sur celui de la Société internationale d'arboriculture-Québec.

Le coût de traitement d'un gros arbre, qui peut osciller entre 200$ et 600$, voire jusqu'à 1000$, si sa localisation complique les manoeuvres, est souvent inférieur aux frais d'abattage et de remplacement, affirment les spécialistes. «Si l'arbre est encore de faible diamètre, disons entre 20 et 30 centimètres, je charge souvent moins de 200$, dit Odette Lambert, de ArboFolium à Saint-Lambert.  Si quatre voisins ont chacun un frêne de 25 cm, je peux les traiter pour un total de 550$ (avant taxes), et leur présenter des factures individuelles.»

Il est judicieux de demander plusieurs soumissions et d'envisager de se regrouper avec des voisins pour donner un contrat.

Si un arrondissement comme Saint-Laurent a négocié pour ses résidants des prix avantageux auprès d'une entreprise d'arboriculture, la plupart se contentent de donner de l'information. À la Ville de Montréal, le membre du comité exécutif Réal Ménard, également maire de l'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, affirme «qu'on ne veut pas dégager de fonds publics pour traiter les frênes des particuliers».

«Toutefois, ajoute-t-il, la Ville prépare un règlement, qui devrait être déposé dans les prochaines semaines, pour pouvoir intervenir par l'abattage, en cas d'infestation.»

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bioforest.ca

siaq.org

ville.montreal.qc.ca/agrile

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Vous désirez faire élaguer votre frêne? Évitez cette intervention entre le 15 mars et le 1er octobre. Les plaies de coupes peuvent attirer les femelles agriles.

Photo fournie par Service d'élagage Boisvert

Des seringues servent à injecter le biopesticide TreeAzin, contre l'agrile du frêne.