«On croit à tort que les ruelles sont caractéristiques des quartiers ouvriers, dit Marie-Dominique Lahaise, recherchiste et animatrice à l'organisme L'Autre Montréal. En réalité, elles ont été créées vers 1850 dans les quartiers riches, par exemple dans le Golden Square Mile, notamment pour que les gens de la bonne société n'aient pas à croiser les domestiques dans la rue.»

«Ce n'est qu'au tournant du XIXe siècle qu'on voit apparaître la ruelle typiquement montréalaise dans les quartiers ouvriers comme Hochelaga, le Plateau ou Rosemont.»

Le phénomène du verdissement des ruelles est né vers le début des années 80, sous l'administration du maire Jean Drapeau. La Ville de Montréal avait mis sur pied deux programmes: l'Opération Tournesol, qui visait la démolition des remises, souvent vétustes et causes d'incendies, et l'Opération Place au soleil, qui permettait, après l'élimination des remises, d'améliorer l'aménagement des ruelles afin d'en faire un milieu de vie plus agréable.

Cinquante-huit ruelles ont été aménagées grâce à ce programme, abandonné en 1986 pour des raisons budgétaires.

Depuis 1995, des projets de ruelles vertes à saveur résolument écologiste et portés par les éco-quartiers, ont été réalisés notamment sur le Plateau-Mont-Royal, dans Rosemont-La Petite-Patrie (devenu le champion toutes catégories en la matière), Centre-Sud et Hochelaga-Maisonneuve. En tout, on en compte plus de 230 à ce jour.

Visiter les ruelles

L'organisme L'Autre Montréal offre depuis plusieurs années des visites commentées de la ville, avec un angle social et historique des plus intéressants. Au programme le 10 septembre prochain, une tournée des ruelles du quartier Saint-Henri avec Marie-Dominique Lahaise, qui connaît son sujet comme pas une. Selon elle, les ruelles vertes de Saint-Henri revêtent un intérêt tout particulier parce que plusieurs, nées d'initiatives citoyennes, ont été réalisées sans l'aide des programmes officiels.