Dans le sud de l'Europe, c'est le «mimosa» (Acacia). Mais chez nous, les narcisses sont encore en dormance et les «mimosas» ne poussent même pas. Que peut-on choisir comme fleur de Pâques?

Dans le sud de l'Europe, c'est le «mimosa» (Acacia). Mais chez nous, les narcisses sont encore en dormance et les «mimosas» ne poussent même pas. Que peut-on choisir comme fleur de Pâques?

Des potées fleuries

Les pépiniéristes et les fleuristes nous ont trouvé une porte de sortie facile. S'il n'y a pas de fleurs dans le jardin, achetons des fleurs en pot! Ainsi, tous les ans, des centaines de milliers de potées fleuries de lis de Pâques, de bulbes printaniers, d'azalées, de «quatre-saisons» (Hydrangea macrophylla), d'anémones, de renoncules et beaucoup plus encore sont offertes pour égayer la période pascale. Et il n'y a aucune raison pour ne pas en profiter car il est vrai que ces «bouquets vivants» mettent beaucoup de vie dans nos demeures. Vous trouverez des dizaines de choix dans toutes les jardineries et même quelques variétés dans les supermarchés et les quincailleries (à Pâques, tous les marchands semblent tout d'un coup avoir le pouce vert !). Et tout ce que ces plantes demandent pour rester en fleurs durant la fin de semaine pascale, c'est un arrosage dès que le terreau est presque sec.

Une fleur de Pâques bien de chez nous

Mais n'y a-t-il vraiment aucune fleur indigène qui pourrait servir de décoration à Pâques ? Oui, il en existe une... et il existe même une tradition millénaire à son sujet.

Voyez-vous, les Russes vivent sous un climat aussi froid que le nôtre et ont donc un départ de végétation aussi tardif. Et ils ont depuis longtemps choisi comme fleur de Pâques la seule qui fleurisse tout naturellement à la bonne saison chez eux: le chaton de saule. Ainsi, dans les jours qui précèdent Pâques, la tradition est de se rendre à la campagne en famille pour couper des branches de saule afin d'en faire des bouquets. Eh bien, nous pouvons faire exactement la même chose, car nos saules sont présentement en fleurs.

En effet, les saules sont presque toujours les premières plantes à fleurir chez nous. Dès que la neige commence à fondre, leurs fleurs, de petits boutons gris-blanc, éclosent, généralement au moment où la plante est encore à moitié couverte de neige. Et la floraison est durable car entre la première apparence de petits poils gris, l'épanouissement complet de la fleur avec des étamines jaunes (chez les sujets mâles) et la fanaison finale, il peut se passer jusqu'à huit semaines. Donc, même si Pâques nous joue des tours en changeant de date tous les ans, les chatons de saule, dont l'ouverture débute vers la mi-mars, seront dans une phase ou une autre de leur floraison.

Où trouver des chatons de saule?

Il existe différents saules partout dans la province, notamment dans les zones dégagées, comme les champs abandonnés et humides ou en bordure de l'eau. Il est évident qu'il ne faut pas aller cueillir des chatons de saule dans un parc public (laissons le plaisir de leur découverte à tous les passants!), mais à la campagne, il suffit de demander la permission au fermier qui n'a aucune bonne raison pour la refuser, vu que les saules repoussent encore mieux après la récolte!

Vous pouvez aussi cultiver des saules à chatons chez vous. L'espèce la plus intéressante à cet effet est le saule discolore, un petit arbre ou grand arbuste qui produit des chatons particulièrement gros. Comme c'est une espèce indigène (zone 2), il ne craint pas nos hivers. Il se reproduit avec une telle facilité que cela relève presque du miracle. Il s'agit de couper une branche au printemps et de la repiquer dans une terre humide dans un emplacement ensoleillé. De nouvelles racines se formeront rapidement et vous voilà avec un saule à chatons bien à vous!

Le saule à chaton européen (S. caprea) produit des chatons encore plus gros, mais il est moins rustique (zone 4b, soit à peine assez rustique pour notre région). De plus, on ne le retrouve jamais à l'état sauvage; il faut acheter des plants. Il existe une forme pleureuse de ce saule (S. caprea «Kilmarnock» ou «Pendula») qui est très populaire.

De nombreuses autres espèces de saules produisent des chatons intéressants, même des espèces à chatons rouges (S. koriyanagi «Rubykins», zone 4b) ou noirs (S. gracistyla «Melanostachys»), mais ces dernières fleurissent plus tardivement et ne sont pas toujours en fleurs à Pâques. Par contre, si vous récoltez leurs branches une semaine avant Noël et que vous les placez dans un vase d'eau, leurs chatons s'ouvriront à temps.

Le traitement des branches de saule

Il y a deux façons de traiter les branches de saule à la maison. Si leurs chatons sont déjà complètement épanouis, vous pouvez tout simplement les placer, à sec, dans un vase et elles sécheront tel quel et pourront alors se conserver plusieurs années.

Si les chatons sont encore à peine ouverts, placez les branches coupées dans un vase d'eau et ils s'épanouiront complètement. Quand les chatons atteindront la grosseur désirée, sortez-les de l'eau si vous le désirez afin de les faire sécher pour l'an prochain. Ou laissez-les dans l'eau pour voir toute leur évolution. Si vous laissez vos chatons de saule dans l'eau, ils produiront éventuellement des feuilles... et prendront racine ! Vous pourrez alors les planter en pleine terre dès que le sol sera bien dégelé.

Suivons donc les Russes et faisons des chatons de saule un emblème de Pâques bien de chez nous!