Le Code, qui ne s'appliquait jusqu'ici qu'aux terrains publics, couvre à partir de cette année les terrains privés et commerciaux, et les propriétaires doivent s'attendre à payer plus cher sans avoir pour autant l'assurance des mêmes résultats.

Le Code, qui ne s'appliquait jusqu'ici qu'aux terrains publics, couvre à partir de cette année les terrains privés et commerciaux, et les propriétaires doivent s'attendre à payer plus cher sans avoir pour autant l'assurance des mêmes résultats.

«Il en reste, des produits, mais très peu, prévient Luce Daigneault, directrice générale de la Fédération interdisciplinaire de l'horticulture ornementale du Québec. Nous en avons fait l'inventaire dernièrement et il ne reste pas grand-chose pour le consommateur. Il faut qu'il en soit conscient parce que s'il s'attend aux mêmes résultats qu'avant, il va être malheureux.»

Pour lutter contre le ver blanc, par exemple, il ne reste que le nématode, qui ne peut être utilisé que dans des conditions très limitées. Il ne faut pas avoir les mêmes attentes que par les années passées, dit-elle.

«Les résultats ne seront pas aussi forts. La majorité des gens qui ont essayé le traitement environnemental ne l'ont pas renouvelé après un an. Sans pesticides, il est normal de voir apparaître des mauvaises herbes et le client qui était habitué à une pelouse verte et qui les voit tout d'un coup se multiplier risque d'être bien déçu.»

Selon elle, les hausses de prix pourront aller du simple au double pour un traitement écologique. Et si, en plus de l'application d'un produit comme le gluten de maïs, il faut procéder à de l'arrachage manuel, les hausses pourront même aller du simple au triple.

Patrice Laflamme, directeur de succursale pour le Service des espaces verts, croit pour sa part que la population de Québec n'est pas vraiment préparée à cette nouvelle réalité.

Trèfle

«À Québec, les gens ne réalisent pas encore ce que ça implique. À Montréal, où la Ville a devancé l'entrée en vigueur du Code, c'est ancré dans la mentalité des gens. Ils savent qu'ils doivent faire de la prévention», dit-il.

Si on commence à voir un peu de trèfle sur les parterres de Montréal, il n'en est pas encore question à Québec. «C'est très rare ici, les gens ont encore dans leur tête d'avoir une pelouse toute en herbe et ils ne veulent pas voir de trèfle. Ce sont des mentalités qu'on va devoir changer.»

Certaines entreprises d'horticulture ne seront par ailleurs pas intéressées à utiliser certains des produits qui sont encore disponibles, comme le dicamba, en raison des risques qu'il présente pour les arbres et les arbustes. La seule méthode qu'il leur restera alors est d'y aller avec l'arrachage manuel, et ça coûte évidemment plus cher en main-d'oeuvre.

Selon Maxime Boulay, des Artisans du paysage, le gluten de maïs, un fertilisant qui sert aussi d'herbicide, n'a pas la même efficacité que les autres pesticides. Elle peut n'être que de 50 % en comparaison.

Parmi les produits qui seront encore offerts aux consommateurs, le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs mentionne l'acide acétique, le borax ou le phosphate ferrique.

Enfin, il est encore possible de se procurer en Ontario et aux États-Unis les pesticides interdits au Québec, mais Patrice Laflamme met les consommateurs en garde. «Il y a peut-être des compagnies qui vont essayer de tricher en prônant des produits naturels mais en appliquant des pesticides sans le dire. C'est un risque pour le citoyen qui ne sera pas informé et ne pourra pas prendre les précautions qui s'imposent. Ça peut être dangereux pour les enfants qui vont jouer sur la pelouse.»

Les interdits

Le Code de gestion des pesticides est entré en vigueur le 3 avril 2003. Il interdisait au début d'appliquer les pesticides présentant le plus de risques pour la santé et l'environnement sur les pelouses des terrains publics, parapublics et municipaux. Ces règles s'appliquent désormais aux espaces verts privés et commerciaux.

Ce qui est interdit :

Vendre et appliquer les pesticides d'usage domestique les plus nocifs pour la santé, c'est-à-dire ceux qui présentent un potentiel de cancérogénicité.

Les pesticides interdits :

- Insecticides

Malathion, carbaryl, dicofol.

- Fongicides

Bénomyl, captane, chlorothalonil, iprodione, quintozène, thiophanate-méthyl.

- Herbicides

2,4-D sels de sodium, 2,4-D esters, 2,4-D formes acides, 2,4-D sels d'amine, chlorothal diméthyl, MCPA esters, MCPA sels d'amine, MCPA sels de potassium ou, de sodium, Mécoprop, formes acides Mécoprop, sels d'amine, Mécoprop, sels de potassium, ou de sodium.

Les produits qui ne figurent pas sur cette liste sont en théorie autorisés sauf dans certains cas, comme pour une garderie par exemple, où le Code limite l'utilisation à certains produits seulement.