Pas besoin de survoler une ville comme Montréal pendant très longtemps pour réaliser que les toitures sont d'immenses espaces gaspillés. Au même moment, des terres agricoles parmi les plus fertiles disparaissent en banlieue, pourquoi ne pas contrer cette malheureuse érosion en cultivant les toits de notre ville? C'est un peu l'idée et le défi que se sont lancés le Santropol Roulant et Alternatives en lançant le projet Des jardins sur les toits.

Pas besoin de survoler une ville comme Montréal pendant très longtemps pour réaliser que les toitures sont d'immenses espaces gaspillés. Au même moment, des terres agricoles parmi les plus fertiles disparaissent en banlieue, pourquoi ne pas contrer cette malheureuse érosion en cultivant les toits de notre ville? C'est un peu l'idée et le défi que se sont lancés le Santropol Roulant et Alternatives en lançant le projet Des jardins sur les toits.

 Évidemment, les objectifs dépassent largement la planification urbaine, résume Jane Rabinowicz, de Santropol Roulant. «Au départ, le jardin sert à produire de la nourriture fraîche pour notre popote roulante intergénérationelle. Ce faisant, nous développons des techniques de jardinage léger, abordable et écologique en utilisant peu d'eau, des matières recyclables, et du compost ménager.» On pourrait qualifier la méthode de culture «hydroponique simplifiée», c'est-à-dire que les plants se nourrissent de nutriments organiques dilués dans l'eau. Cela permet une culture aussi efficace qu'en terre et, en fin de saison, il suffit de vider l'eau pour libérer le toit de sa surcharge: il sera prêt à supporter la neige. Aucun travail sur la charpente n'est nécessaire.

Un autre objectif est la sécurité alimentaire. «Pour bien des familles à faible revenu, le jardin de toit ou de balcon est un moyen abordable d'avoir accès à des légumes frais durant l'été. Nous sommes d'ailleurs en relation avec des groupes au Mexique, à Cuba, au Sénégal, au Maroc et au Népal. Nous échangeons de l'information, car en améliorant les techniques, il sera plus facile et économique de produire de la nourriture en ville.»

Cette initiative est bien différente des projets de toiture végétale, précise Jane Rabinowicz. «C'est certain que nos objectifs se recoupent, comme celui de verdir la ville, mais la toiture végétale représente un investissement beaucoup plus important, car le toit doit subir des modifications pour recevoir des végétaux.» Avec la technique de jardinage hors sol, des plants de haricots grimpants peuvent monter très rapidement sur le garde-fou d'un balcon. Les occupants bénéficieront d'un peu d'ombre et d'intimité, de la vue d'une belle plante grimpante et, naturellement, de délicieux haricots frais, produits à l'aide d'une méthode biologique.

Pour démontrer à quel point les techniques de jardinage hors sol fonctionnent bien dans les conditions climatiques particulières sur une toiture, Santropol Roulant et Alternatives ont installé, pour une deuxième année, un jardin de démonstration à grande échelle sur le toit d'un édifice de l'UQAM sur le Plateau. «Nous cultivons des fraises, des courges, des tomates, des concombres, de la laitue, des fines herbes, etc. Bref, n'importe quoi peut y être cultivé, du moins en principe.»

Ce jardin sert de laboratoire, d'outil de sensibilisation et même d'école, car les bénévoles qui mettent l'épaule à la roue apprennent rapidement les rudiments du jardinage hors sol. Cette année, l'organisme a donné trois ateliers et 40 trousses de démarrage, pour que des citoyens reproduisent l'aventure sur leur propre toit ou balcon. L'an prochain, ils souhaitent rejoindre encore plus de gens pour que leur expérience fleurisse et fasse des petits.

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Sur Internet :

Des jardins sur les toits: www.rooftopgardens.ca.