(Washington) Dans la foulée des excuses faites par le pape François aux peuples autochtones du Canada, ceux des États-Unis attendent avec impatience un rapport national sur les pensionnats, qui alimente l’espoir d’atteindre une reconnaissance similaire.

Deb Haaland a lancé l’Indian Boarding School Initiative en juin, peu de temps après être devenue la première secrétaire de l’Intérieur autochtone de l’histoire des États-Unis.

Les résultats de cette enquête, qui devrait détailler l’ampleur et la portée du phénomène aux États-Unis, sont attendus d’un jour à l’autre.

Le moment cathartique des excuses papales et la publication imminente du rapport de la secrétaire Haaland ont lancé un message aux dirigeants de l’Église aux États-Unis, qui se préparent pour ce qu’ils espèrent être une période de réconciliation.

« Nous avons reconnu que nous devons aborder l’histoire qui est mise en lumière avec sensibilité et humilité. Nous espérons que ce soit des étapes sur ce chemin vers la guérison et une prise de conscience accrue afin que cette histoire ne se répète jamais », a déclaré Chieko Noguchi, de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis.

L’enquête de Mme Haaland vise à identifier toutes les écoles qui faisaient partie du programme de pensionnats pour Autochtones, en mettant particulièrement l’accent sur « tout dossier relatif à des cimetières ou à des lieux de sépulture potentiels qui pourraient ultérieurement être utilisés pour aider à localiser des restes humains non identifiés ».

Un dialogue devrait alors être établi avec les communautés autochtones à travers les États-Unis sur la meilleure façon de gérer ces dépouilles.

Le rapport devrait servir de point de départ pour une multitude d’efforts de réconciliation, a affirmé le porte-parole du département de l’Intérieur, Tyler Cherry, dans un communiqué.

Pas comme au Canada

Ce qui est peu probable, cependant, est une odyssée similaire à celle qui a eu lieu au Canada, et qui a culminé plus tôt ce mois-ci avec les excuses tant attendues du pape, a nuancé Joseph Gone, psychologue et professeur d’anthropologie à Harvard, spécialisé dans la santé mentale des Autochtones.

Non seulement l’histoire est radicalement différente dans les deux pays, mais la portée et l’ampleur de la saga des pensionnats pour Autochtones ont également été différentes, a déclaré le professeur Gone en entrevue. Et bien que les questions autochtones aient longtemps été une force motrice de la politique raciale canadienne, ces mêmes questions ont été largement éclipsées aux États-Unis par la dynamique entre les communautés noires et blanches.

[Les Autochtones] sont souvent complètement invisibles aux États-Unis, ce qui n’est tout simplement pas le cas au Canada, de sorte que nos problèmes ne reçoivent pas le même type d’attention.

Joseph Gone, psychologue et professeur d’anthropologie à Harvard, spécialisé dans la santé mentale des Autochtones

En effet, toute prise de conscience américaine de traumatismes comme ceux des pensionnats ou des femmes et filles autochtones disparues et assassinées est en grande partie le résultat des longues et ardues conversations et controverses qui ont évolué au nord de la frontière depuis au moins les années 1990, a-t-il indiqué.

En conséquence, le professeur Gone s’attend à ce que le rapport mette sous les projecteurs ces pans de l’histoire autochtone et conscientise la population, tout en permettant aux Autochtones de faire entendre leurs voix.

« Mais je ne pense pas que cela se traduira par une grande vérité et une réconciliation comme celles que l’on voit au Canada. »