(Washington) Une promotion diplomatique et Barack Obama en invité surprise d’un dîner de gala : Joe  Biden a été aux petits soins jeudi pour le président kényan William Ruto, qu’il voit comme un allié privilégié face aux ambitions de la Russie et de la Chine en Afrique.

Dans un vaste pavillon dressé sur les pelouses de la Maison-Blanche, le président américain a vanté la « croyance en la liberté » et en la « démocratie » partagée avec son hôte, et porté un toast, d’inspiration irlandaise, en l’honneur de son invité : « Que Dieu vous tienne dans la paume de sa main jusqu’à nos retrouvailles. »

William Ruto a lui loué les « liens durables d’amitié, de partenariat et de solidarité entre le Kenya et les États-Unis », et levé son verre à la « bonne santé et la longue vie » au couple présidentiel américain.

Brève apparition d’Obama

PHOTO HAIYUN JIANG, NEW YORK TIMES

L’ex-président des États-Unis Barack Obama

Quelque 500 invités en robes longues et smokings étaient conviés à déguster du bœuf et du homard, en écoutant du gospel et de la country.

L’ancien président Barack Obama, d’origine kényane par son père, a fait une brève apparition surprise au début du dîner.

Sur une note plus officielle, le président américain avait annoncé plus tôt la promotion du Kenya au rang d’« allié majeur non-membre de l’OTAN » de l’Amérique.

« C’est l’aboutissement d’années de collaboration », a-t-il dit lors d’une conférence de presse commune à la Maison-Blanche.

Il s’agira du premier pays d’Afrique subsaharienne à recevoir ce titre qui confère aux États concernés – 18 jusqu’ici – des privilèges militaires et diplomatiques.

Les deux dirigeants ont été interrogés sur l’envoi d’une force kényane en Haïti, mais n’ont pas fait d’annonces concrètes sur le début de la mission internationale censée ramener un peu de stabilité et de sécurité dans le pays.

PHOTO JACQUELYN MARTIN, ASSOCIATED PRESS

La première dame des États-Unis, Jill Biden, et la première dame du Kenya, Rachel Ruto

La force emmenée par Nairobi, et fortement encouragée par les États-Unis, peut « briser » les gangs, a assuré William Ruto.

Partenariats

Il est le premier dirigeant africain depuis 2008 à avoir les honneurs d’une visite d’État, le plus haut degré de faveur diplomatique, à Washington.

Washington et Nairobi ont lancé de nouveaux partenariats dans la santé, notamment dans la lutte contre le paludisme et le sida, dans l’éducation, ou encore dans la transition énergétique.  

La Maison-Blanche a aussi fait état de « progrès importants » vers un accord bilatéral de partenariat commercial stratégique, avec pour objectif de le signer avant la fin de l’année.

Les deux gouvernements ont lancé un appel sur la dette souveraine, afin, selon le président américain, de permettre « aux pays étranglés par la dette » d’avoir accès à « des pratiques de prêt transparentes, durables et accessibles ».

Le premier créancier du Kenya est la Chine, qui a lancé sur tout le continent africain de grands projets d’investissement, assortis dans certains cas de créances très lourdes voire insurmontables pour les pays concernés.

William Ruto, qui s’était rendu à Pékin en octobre dernier, a estimé que les États-Unis avaient désormais l’occasion de « revoir complètement leur stratégie pour l’Afrique et de renforcer leur soutien » au continent.

L’administration Biden assure avoir de grandes ambitions en Afrique, que Washington a négligée ces dernières années.

Chine et Russie

Au contraire de son homologue chinois Xi Jinping, et bien qu’il l’ait promis, Joe Biden ne s’y est toutefois pas rendu en voyage officiel.

William Ruto a aussi appelé Washington à prolonger un accord qui ouvre le marché américain à plusieurs pays africains, le « African Growth and Opportunity Act », qui doit expirer en 2025.

Il a enfin plaidé pour soutenir les efforts du Kenya en matière de paix et de sécurité face aux crises dans la Corne de l’Afrique ainsi que dans la région des Grands Lacs.

En plus de la Chine, les États-Unis font aussi face en Afrique à la Russie, qui avance ses pions sur le plan militaire. Le Niger vient par exemple de réclamer le départ des troupes américaines sur son sol, tout en nouant une coopération militaire avec Moscou.