Deux semaines après avoir frappé ses principaux alliés de surtaxes sur leurs exportations de métaux, Donald Trump a plaidé samedi matin pour l'abolition éventuelle de tous les tarifs, affirmant du même coup que le Sommet du G7 qui s'achève samedi aura été un « succès formidable ».

Le président américain a livré un vibrant plaidoyer en faveur du libre-échange pendant une conférence de presse à La Malbaie, blâmant les anciens présidents américains pour les ententes commerciales « désastreuses » qu'ils ont ratifiées au cours des dernières décennies.

« Je ne les blâme pas [les autres pays], je blâme nos anciens leaders, en fait, je félicite les leaders des autres pays d'avoir réussi à faire de telles ententes qui étaient bonnes pour leurs pays mais désastreuses pour les États-Unis, a-t-il lancé. Cette époque est finie. »

Comme il le répète depuis les balbutiements de sa présidence, Donald Trump espère rééquilibrer la balance commerciale des États-Unis avec les autres pays de la planète. Il veut notamment revoir de fond en comble l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

Donald Trump a aussi accusé ses alliés de traiter les États-Unis comme une « tirelire » que « tout le monde essaie de dévaliser » depuis trop longtemps. 

Grand succès au G7

La question des « tarifs » a représenté - et de loin - la principale priorité des États-Unis au Sommet du G7 de Charlevoix, que Donald Trump quitte prématurément ce samedi pour mettre le cap sur Singapour où il rencontrera le leader nord-coréen Kim Jong-un.

Le président américain et ses homologues ont eu des discussions « en profondeur » sur le dossier du commerce et réalisé d'importants progrès, a affirmé Trump.

Il a plaidé pour l'abolition éventuelle de tous les tarifs entre les pays du G7 - une position à des années-lumière des surtaxes de 10 % à 25 % imposée récemment par Washington aux exportations d'aluminium et d'acier de ses alliés.

« Ultimement, c'est ce qu'on veut : pas de tarifs, pas de barrières [tarifaires] et pas de subventions », a lancé le président.

Donald Trump a cité en exemple des subventions jugées inacceptables du Canada envers ses producteurs laitiers, qui se traduiraient par une surtaxe de 278 % pour les exportateurs américains qui souhaitent accéder au marché canadien.

« Personne ne sait ça, a-t-il lancé. Pourquoi devrait-on payer ça ? »

« 10 sur 10 » à Justin

Comme la veille pendant un point de presse improvisé, Donald Trump a eu de très bons mots pour l'hôte du G7, Justin Trudeau, et pour les autres leaders des pays du G7 avec qui sa relation semblait pourtant tendue.

« Le niveau de la relation est à 10 sur 10, a soutenu le président. Angela [Merkel], Emmanuel [Macron], Justin [Trudeau]. Je ne les blâme pas, je blâme nos anciens dirigeants. Il n'y a pas de raisons pour lesquelles nous devrions avoir d'immenses déficits avec tous les pays du monde. »

Vendredi, Justin Trudeau et Donald Trump se sont rencontrés pendant une cinquantaine de minutes en tête-à-tête, une rencontre jugée très « productive ».

ALENA à deux ou trois

Le président américain a répété que plusieurs scénarios restaient dans l'air en vue du renouvellement de l'ALENA.

« Deux choses peuvent se produire : soit nous allons soit le garder tel quel comme une entente à trois, en le changeant substantiellement, de très gros changements, ou nous allons faire des ententes séparées avec le Canada et le Mexique », a-t-il avancé.

Il a évoqué la possibilité de mettre un terme à l'ALENA, ce qui serait « très mauvais » pour le Canada et le Mexique mais bon pour les États-Unis, selon lui.

La « clause crépusculaire » demandée par les États-Unis, qui entraînerait une expiration automatique de l'ALENA après cinq ans, constitue toujours une pierre d'achoppement. Deux écoles de pensée s'affrontent, a reconnu Donald Trump, qui affirme toutefois que les négociateurs sont près d'un règlement.

Pendant sa conférence de presse foisonnante, Trump a aussi abordé les enjeux de la Corée du Nord, de la Russie, en plus d'attaquer au moins un journaliste de CNN sur le sujet des « fake news ».

Moins de 24 heures

La visite de Donald Trump au Canada - sa première depuis son élection - aura duré un peu moins de 24 heures. Samedi matin, il s'est fait remarquer pour son arrivée tardive à une session de travail touchant l'égalité des genres.

Justin Trudeau, l'hôte du G7, fera une conférence de presse vers 16 h cet après-midi.