À l'issue d'un débat télévisé sans précédent sur les moyens de résoudre les problèmes du système de santé américain, Barack Obama est arrivé à une conclusion pessimiste qui n'a surpris personne, hier: un accord entre républicains et démocrates n'est peut-être pas possible.

Aussi le président a-t-il laissé entendre que les démocrates tenteraient d'adopter une réforme sans l'appui des républicains au moyen d'un vote à la majorité simple au Sénat. Il reviendra aux électeurs de rendre leur verdict sur cette démarche controversée aux élections de mi-mandat, au mois de novembre, a-t-il soutenu.

 

«Nous ne pouvons pas avoir un autre débat d'un an sur cette question», a-t-il dit après sept heures et demie d'échanges.

Le président avait convoqué plus de 40 démocrates et républicains à un sommet sur la santé dont l'objectif officiel était de dégager un consensus sur un projet de réforme. D'entrée de jeu, il a encouragé les élus à mettre l'accent sur leurs points de convergence plutôt que sur leurs divergences.

«C'est une question qui concerne tout le monde, qui touche non seulement ceux qui n'ont pas d'assurance maladie, mais également ceux qui en ont. Je pense que ce problème dépasse les positions partisanes», a-t-il déclaré.

Mais le premier républicain à prendre la parole, le sénateur du Tennessee, Lamar Alexander, a entonné ce qui allait devenir le refrain de son camp la journée durant.

«Recommençons», a-t-il déclaré en demandant au président d'abandonner sa version de réforme.

«Je pense qu'il est presque impossible d'imaginer un scénario à partir duquel nous pourrions nous mettre d'accord», a pour sa part déclaré le chef de la minorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell.

Majorité simple

Plusieurs républicains, dont John McCain, ont prié le président Obama de s'opposer à ce que les démocrates du Sénat recourent à une mesure législative exceptionnelle appelée «réconciliation» qui leur permettrait de passer outre aux manoeuvres d'obstruction dont la minorité peut se prévaloir.

«Je pense que cela pourrait nuire à l'avenir du pays», a déclaré le sénateur McCain.

«Je pense que les Américains ne sont pas vraiment intéressés aux questions de procédure au Sénat, a répliqué le président. La plupart des Américains pensent qu'un vote à la majorité simple tombe sous le sens.»

Plus tôt dans la journée, le président Obama et le sénateur McCain avaient eu un des échanges les plus vifs du sommet. Après que l'ex-candidat républicain à la Maison-Blanche eut dénoncé la façon dont la réforme du système de santé avait été négociée au Sénat, son ancien adversaire a rétorqué: «Nous ne faisons plus campagne. L'élection est finie.»

Le président n'a pas complètement fermé la porte à un accord avec les républicains qui permettrait aux démocrates de se rapprocher de leur objectif. Ils voudraient notamment étendre la couverture médicale à 31 millions d'Américains supplémentaires et interdire aux assureurs de refuser de couvrir des malades au motif de conditions préexistantes, notamment.

«Y a-t-il suffisamment d'efforts pour que dans un mois, dans quelques semaines, dans six semaines, nous puissions effectivement résoudre quelque chose?» a demandé le président à ses interlocuteurs républicains.

«Si nous ne le pouvons pas, alors je pense qu'il nous faudra aller de l'avant et prendre certaines décisions, et c'est à cela que servent les élections», a-t-il ajouté.

Ils ont dit...

Les Américains veulent que nous détruisions ce projet. Ils le disent fort et clairement.»

- John Boehner, leader de la minorité républicaine à la Chambre des représentants

Les parents d'enfants malades et les autres Américains «ne veulent pas que nous attendions. Ils ne peuvent se permettre d'attendre encore cinq décennies.»

- Barack Obama

«L'industrie de l'assurance maladie est un requin qui nage près de la surface. On ne voit pas le requin jusqu'à ce que l'on sente ses dents.»

- Jay Rockefeller, sénateur démocrate de la Virginie occidentale