Les fabricants canadiens de plastique ont établi leurs propres cibles pour cesser d'alimenter les dépotoirs.

Cette annonce de l'industrie survient à quelques jours de la tenue du sommet du G7 dans la région de Charlevoix, où Ottawa compte demander à ses alliés de s'engager en matière de réduction des déchets de plastique qui nuisent aux animaux marins et forment des continents dans les océans.

Isabelle Des Chênes, de l'Association canadienne de l'industrie de la chimie (ACIC), explique que les fabricants cherchent à devancer la réglementation gouvernementale, alors que la stratégie nationale de lutte contre la pollution par le plastique est toujours à l'étape des consultations.

La ministre de l'Environnement, Catherine McKenna, a déjà expliqué que l'élaboration d'une telle stratégie est une procédure complexe parce que les programmes de récupération sont habituellement gérés par les provinces et les municipalités.

De concert avec l'Association canadienne de l'industrie des plastiques, l'ACIC s'est fixé l'échéance de 2030 pour s'assurer que la totalité des emballages de plastique soit recyclable ou récupérable. Les deux organismes veulent que ces emballages soient également tous réutilisables d'ici 2040.

Les plastiques réutilisables peuvent être nettoyés et employés à nouveau dans leur fonction initiale. À l'heure actuelle, la plupart des bouteilles de plastique à usage unique ne peuvent pas être réutilisées puisqu'elles se décomposent facilement et les bactéries ne peuvent pas être correctement éliminées de leur surface.

Les plastiques recyclables peuvent pour leur part être fondus et mélangés à d'autres matériaux pour confectionner des vêtements, des sacs de couchage, de même que du matériel à tapis et à terrasse, entre autres.

Quant aux plastiques récupérables, ils peuvent être désagrégés puis utilisés comme matière première dans la production d'énergie.

Peu de plastique recyclé

Lundi, une quarantaine de groupes écologistes proposaient plutôt l'année 2025 comme cible pour faire du Canada une «zone de zéro déchet plastique».

La Fondation David Suzuki, Sierra Club Canada et Environmental Defence comptent parmi les organisations qui réclament l'interdiction des plastiques nocifs et non recyclables.

Les Canadiens ne recyclent présentement que 11 % de leurs déchets de plastique, déplore Ashley Wallis, d'Environmental Defence. La coalition veut porter cette statistique à 85 % d'ici sept ans. Elle demande aussi des mesures législatives obligeant les entreprises à payer pour la récupération et le recyclage du plastique qu'elles produisent.

S'il veut devenir un leader en matière de lutte contre le plastique, le Canada doit lui-même montrer l'exemple, fait valoir le regroupement environnemental.

Les 8 et 9 juin, le premier ministre Justin Trudeau tentera de persuader les chefs d'État et le gouvernement réunis à La Malbaie d'apposer leur signature à une charte internationale du plastique.

Cette charte s'articulerait autour de quatre éléments: des cibles de réduction de déchets dans les océans, des stratégies nationales pour atteindre ces cibles, une collaboration avec l'industrie pour fabriquer des produits pouvant remplacer ceux en plastique ou mieux les recycler, de même qu'une aide aux pays en développement pour une meilleure gestion de leurs ordures.

Diverses études laissent croire que de 6 à 10 millions de tonnes de déchets de plastique aboutissent dans les océans chaque année. Plus de la moitié de ces déchets viendraient d'un petit nombre de pays, principalement en Asie, où la collecte des déchets est au mieux médiocre.