Les principaux responsables québécois du recyclage se réunissent mercredi à Québec pour tenter de trouver une solution à la crise entraînée par les restrictions à l'importation imposées par la Chine. Deux redressements majeurs s'imposent, selon un groupe de recherche : imposer l'utilisation de matériaux recyclés aux entreprises et revoir la façon de faire le recyclage à la maison.

Principale importatrice de matières recyclées au monde, la Chine a imposé en janvier de sévères restrictions sur les produits qu'elle accepte désormais de recevoir, refusant tout ballot contaminé à plus de 0,5%.

L'industrie du recyclage en Amérique du Nord et en Europe a été durement touchée par ce virage. En janvier dernier, les États-Unis ont exporté 11 000 tonnes de papier vers la Chine, contre 209 000 tonnes en janvier 2017, une chute de 95%. Les données de février et mars montrent que la situation se maintient.

«Le déclin dans les exportations de matières recyclées est tout simplement incroyable», dit David Biderman, directeur du groupe de recherche Solid Waste Association of North America (SWANA).

Le Québec durement touché

La crise frappe particulièrement le Québec, qui exporte les deux tiers de ses matières recyclées, essentiellement en Chine. Les statistiques sur les exportations ne sont pas encore disponibles au Québec, mais le prix payé pour les ballots sortant des 29 centres de tri québécois a chuté de plus de moitié. Leur valeur est passée de 166 $ la tonne en janvier 2017 à 70 $ en janvier dernier, selon les données de Recyc-Québec. «Et c'est probablement rendu près de zéro», évalue David Biderman.

Le ministère de l'Environnement et Recyc-Québec mèneront mercredi à Québec une consultation sur la collecte sélective afin de trouver des solutions pour éviter que les matières ne finissent à l'enfouissement. Entre autres, on dit voir comme une «nécessité d'améliorer et de standardiser la qualité de la matière qui sort des centres de tri». On veut aussi trouver une façon de diversifier les débouchés pour ces matières.

Or, les solutions ne pleuvent pas, prévient David Biderman. Des décisions difficiles s'imposeront. Ainsi, celui-ci estime qu'il faudrait imposer - ou encourager par de fortes mesures incitatives - l'utilisation de matières recyclées aux entreprises locales. L'emballage des produits pourrait notamment inclure davantage de matériaux recyclés.

Peu de débouchés à l'étranger

Miser sur le marché intérieur s'impose puisque les débouchés à l'étranger ne sont pas légion. Des pays comme l'Indonésie ou l'Inde continuent à accepter les matières, mais d'autres ont déjà commencé à fermer leurs portes. C'est le cas du Viêtnam, qui vient d'imposer à son tour des restrictions alors que ses ports commençaient à déborder sous les ballots de matières recyclées arrivant d'Amérique du Nord et d'Europe.

Le Québec devra aussi mieux éduquer ses citoyens sur ce qui se recycle et ce qui nuit au contraire au recyclage. «Beaucoup de gens mettent des choses comme des boules de quilles ou des couches en se disant que ça se recycle peut-être, mais ils contaminent le recyclage. C'est le coeur du problème, avec ou sans la Chine», résume David Biderman. Il donne l'exemple d'une boîte de pizza dont la graisse peut contaminer un ballot complet de papier, lui faisant perdre toute valeur.