La célèbre station balnéaire de Cancun, première destination touristique du Mexique, est «saturée» par la prolifération des hôtels, qui «met en danger ses écosystèmes», a averti le ministère mexicain de l'Environnement.

La zone hôtelière de Cancun, qui reçoit quelque 12 millions de touristes étrangers chaque année, «a une croissance rapide mais désordonnée et tout ce qui grandit sans ordre est voué à l'échec», a expliqué à l'AFP Raciel Villegas, spécialiste de l'impact environnemental au ministère.

Cette langue de terre lagunaire sur la mer des Caraïbes «est saturée en termes de constructions», selon lui: l'opération «Combien de chambres?» menée par le ministère a compté «36 800 chambres dans la zone hôtelière, pour un total autorisé de 30 900».

Les constructions sauvages ne constituent pas les seules menaces pour l'environnement, explique-t-il, mentionnant la fermeture récente d'un hôtel dont le propriétaire avait rempli «sa» plage de sable artificiel. Un avantage commercial qu'il annonçait dans ses publicités, dans une zone où les plages ont été réduites à peu de chose par l'ouragan Wilma, en 2005.

En l'occurrence, l'hôtelier avait accumulé du sable calcaire, de très faible densité, que les vagues emportent facilement et qui s'en va étouffer, à une centaine de mètres de là, le corail de la deuxième plus grande «barrière» au monde après celle de l'Australie.

A Cancun, il est temps de «ne plus autoriser de constructions nouvelles», tranche M. Villegas.

Les mêmes dangers menacent, un peu plus au sud, la zone côtière de la «Riviera Maya», théâtre d'un «développement énorme», souligne-t-il, où Playa del Carmen promet de concurrencer Cancun, à quelques dizaines de kilomètres des ruines Mayas de Tulum.

La «Riviera Maya» était quasi-déserte jusqu'aux années 90, et elle compte aujourd'hui «autant ou davantage de chambres d'hôtel que Cancun», remarque l'expert.

Là aussi, les dépassements des limites des permis de construire et la création de plages artificielles sont monnaie courante, avec les mêmes effets néfastes sur les écosystèmes, selon lui.

L'effet conjugué au Mexique de la crise économique et de la grippe porcine sera peut-être le meilleur allié des défenseurs de l'environnement dans la région, où l'activité touristique est nettement ralentie cette année: les hôtels, occupés à 78,1% et 84,1% en juin et juillet 2008, l'ont été cette année à 54,8% en juin et 69,8% en juillet, selon l'Association des hôtels de Cancun.

La reprise semble là en ce début août, avec un taux de 71,1% proche des 71,8 d'août 2008, mais un seul hôtel, de 240 chambres, est actuellement en construction à Cancun, sur les cinq prévus d'ici fin 2011, précise l'association.