Le principal négociateur du Japon à la Commission baleinière internationale (CBI) a confirmé lundi l'intention de son pays de poursuivre son programme de chasse à la baleine dans l'Antarctique, priant l'instance de juger sur des critères scientifiques et non politiques.

Les 200 experts de la CBI, qui se sont retrouvés pendant deux semaines à San Diego en Californie entre le 22 mai et le 3 juin, ne sont pas parvenus à tomber d'accord sur la réponse à apporter au programme japonais de chasse «scientifique» à la baleine en Antarctique, selon le rapport de leur réunion annuelle publié vendredi dernier.

«Il n'y a aucune conclusion définitive dans le rapport lui-même, ce qui n'est pas si surprenant puisque nous savons très bien que la CBI est une organisation divisée», a déclaré lundi Joji Morishita, qui défend la cause du Japon à la CBI, lors d'une conférence de presse à Tokyo.

«En raison de cette division, même le comité scientifique a toujours des difficultés à aboutir à une sorte de conclusion», a-t-il critiqué.

M. Morishita avait déclaré vendredi que le Japon entendait toujours conduire son nouveau programme qui prévoit de capturer 3996 petits rorquals (ou baleines de Minke) en Antarctique dans les 12 prochaines années.

Toutefois, «il n'est pas opportun de dire à ce stade si nous reprendrons nos activités de pêche à partir de cet hiver ou non», a-t-il tempéré lundi, Tokyo voulant afficher une attitude de bon élève, se conformant aux règles internationales.

«Nous allons essayer de fournir le plus d'éléments scientifiques possible afin d'obtenir le feu vert de ce comité», a réaffirmé le négociateur japonais en déplorant que «cela soit une histoire sans fin».

Contraint de renoncer à chasser la baleine en Antarctique pour la saison 2014-2015 suite à un arrêt de la Cour internationale de Justice (CIJ), le Japon a présenté fin 2014 à la CBI un nouveau plan de chasse aux cétacés à des fins scientifiques.

Tokyo affirme que ce plan révisé permettra une meilleure compréhension des écosystèmes marins de l'Antarctique et a promis de limiter la période de recherche à 12 années à partir de l'exercice 2015-2016.

Interrogé sur la position des experts occidentaux, M. Morishita a souligné qu'on pouvait en trouver «un ou deux» favorables aux recherches du Japon en Antarctique.

Le haut fonctionnaire nippon considère que la logique à l'oeuvre dans le cas de la pêche à la baleine est dangereuse pour la conduite des politiques environnementales dans le monde.

«Si on continue comme ça, je crains qu'un pays doté d'un pouvoir politique international puisse imposer ses normes et son éthique aux autres», ce qui s'apparenterait à un «impérialisme de l'environnement», s'est-il inquiété.

«Par exemple, si l'Inde devenait la première puissance mondiale et commençait à dire "il ne faut pas manger de boeuf", que ferions-nous?», a argué M. Morishita.

Dans son arrêt de mars 2014, la CIJ a estimé que les Japonais détournaient à des fins commerciales une activité présentée comme étant destinée à la recherche animale.