L'ONG écologiste et militante Sea Shepherd a juré de continuer à harceler les baleiniers japonais dans l'Antarctique, malgré l'interdiction de s'en approcher d'eux formulée par un tribunal américain.    

Basée aux États unis, l'association Sea Shepherd et sa tête de proue, le Canadien Paul Watson, qui est recherché par Interpol, ont été interdits mardi par une cour d'appel fédérale «d'attaquer physiquement tout navire dirigé par les plaignants», dont l'Institut japonais de recherche sur les cétacés et plusieurs entreprises de pêche nippones.

La cour leur a aussi interdit de «naviguer d'une manière qui puisse mettre en danger la navigation en toute sécurité d'un tel navire». «En aucune circonstance les accusés ne doivent s'approcher à moins de 500 mètres des plaignants quand ils naviguent en pleine mer».

Sur son site internet, Sea Shepherd a cependant promis de continuer à protéger les baleines. Lorsque les pêcheurs nippons arriveront sur place, «ils verront que nous sommes toujours là pour garder le sanctuaire des baleines dans les mers du Sud, avec nos bateaux et nos vies».

Elle a en outre minimisé la portée du jugement, «rendu par un tribunal américain contre des navires néerlandais et australiens qui transportent des équipages internationaux et opèrent dans des eaux internationales depuis l'Australie et la Nouvelle-Zélande».

L'avocat de Sea Shepherd, Charles Moure, a assuré mardi dans un courriel à l'AFP avoir «l'intention de combattre» cette injonction.

Les autorités et baleiniers nippons ont salué pour leur part la décision judiciaire américaine.

«Nous espérons que cette injonction permettra à la mission de pêche baleinière et de recherche dans l'Antarctique de se dérouler de façon sereine et en toute sécurité», a expliqué à l'AFP Shigehito Numata, un responsable de l'Agence des pêches du Japon. «Sea Shepherd pratique le sabotage par la violence en mettant en danger la vie de l'équipage et les biens de la flotte de recherche».

La confrontation entre les baleiniers nippons et les défenseurs des cétacés s'est intensifiée ces dernières années, et la flotte japonaise est souvent revenue au port avec des prises moins élevées qu'espérées à cause du harcèlement qu'elle subit.

Le Japon pêche des baleines en vertu d'une tolérance de la Commission baleinière internationale (CBI) pour la chasse à des fins de recherche, bien que la chair des animaux finisse sur les étals nippons. L'organisme international proscrit toute pêche commerciale.

L'injonction américaine ne constitue toutefois pas la décision finale sur l'appel en cours, mais un ordre temporaire intervenant à la demande récente des plaignants nippons, à la suite de menaces proférées récemment par Paul Watson.

«Je foule à nouveau le pont du Steve Irwin», un des navires de la flotte de Sea Shepherd («Berger de la Mer») engagée dans le Pacifique Sud, s'était réjoui le «pirate écolo» sur le site de son ONG le 4 décembre.

Le Steve Irwin a quitté Melbourne le 5 novembre pour prendre la tête de la 9e campagne de l'association, la plus ambitieuse de son histoire, avec quatre navires - dont le Brigitte Bardot - un hélicoptère, trois drones et une centaine de personnes.

Recherché par le Costa Rica, où il est accusé d'avoir mis en danger un équipage lors d'une opération contre la chasse aux requins en 2002, Paul Watson, 61 ans, avait été arrêté à l'aéroport de Francfort le 13 mai. Il s'était enfui.

Watson a expliqué avoir mis quatre mois pour rejoindre l'Australie en traversant «deux océans et un nombre incalculable de rivières, franchissant trois chaînes de montagnes, un désert, des lacs et des dizaines de villes».