Greenpeace accuse le gouvernement Harper d'être sous l'influence de la multinationale pétrolière anglo-britannique Shell.

Dans un nouveau rapport qui repose à la fois sur des documents obtenus par l'entremise de la Loi sur l'accès à l'information et sur des déclarations publiques, Greenpeace constate que la diplomatie et les ministères canadiens se sont coordonnés avec Shell et d'autres entreprises étrangères «alliées» afin de combattre des «adversaires» au Canada et à l'étranger qui s'opposent à l'exploitation des sables bitumineux.

Greenpeace souligne au passage les contradictions de Shell, qui continue de se démarquer des autres entreprises pétrolières par son appui à l'objectif de Copenhague de stabiliser le réchauffement climatique à 2°C, tout en investissant massivement dans les sables bitumineux.

Greenpeace a ciblé Shell parce que, d'une part, la société demande actuellement des permis pour exploiter deux mines de sables bitumineux et que, d'autre part, sa production de pétrole pourrait à elle seule atteindre la capacité prévue du controversé pipeline Northern Gateway.

«Il nous apparaît que le gouvernement Harper croit que les intérêts de grandes compagnies pétrolières comme Shell coïncident avec ceux du Canada, affirme Keith Stewart, coordonnateur de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace Canada. On voit qu'ils travaillent étroitement pour affaiblir des lois environnementales en Europe et ailleurs, et on voit aussi que les lois environnementales sont affaiblies au Canada.»

La diplomatie contre les lois environnementales

M. Stewart cite en particulier une lettre du grand patron de Shell au Canada au greffier du Conseil privé - le ministère du premier ministre - dans laquelle «Shell dit au Canada de faire du lobby contre des lois aux États-Unis et en Europe».

«Le gouvernement canadien attaque les lois environnementales aux États-Unis et en Europe qui ont pour but de lutter contre les changements climatiques, dit M. Stewart. Je crois que les Canadiens ont le droit de le savoir.»

L'action de la diplomatie canadienne a été coordonnée avec celle de l'industrie au cours de l'année 2010, notamment au sein d'un groupe appelé «European Oils Sands Advocacy Team» (Équipe européenne de défense des sables bitumineux). La cible était un projet de l'Union européenne de traiter différemment les divers types de pétrole d'après leur impact sur le climat. Ce projet a été retardé d'un an.

L'action combinée de la diplomatie canadienne et du lobby des multinationales a aussi forcé le report d'une réglementation semblable en Californie, affirme Greenpeace.

Selon Megan Leslie, députée du NPD et porte-parole de l'opposition en matière d'environnement, Greenpeace démontre que la production des mines actuelles et prévues de sables bitumineux dépasse largement la demande si des mesures sont mises en place pour stabiliser le climat mondial.

«En fait, si on regarde les prévisions de l'Agence internationale de l'énergie, le Canada va produire deux fois plus que ce qui sera demandé, même en cas de dérèglement catastrophique du climat, avec un réchauffement de 6°C», dit-elle.

En réponse au rapport de Greenpeace, le porte-parole du ministre fédéral de l'Environnement, Peter Kent, a rappelé que «les sables bitumineux de l'Alberta sont un moteur clé de l'économie canadienne et qu'ils sont responsables de 400 000 emplois».